La réparation automobile recrute et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle
L'INFO DU JOUR - 20 000 postes sont à pourvoir, essentiellement pour réparer nos voitures. Une bonne nouvelle pour les mécanos qui est aussi le signe d'un vieillissement du parc et donc d'une crise de l'industrie. Car la tendance est à la conservation des vieilles autos (qui tombent en panne) plutôt qu'à l'achat d'une voiture neuve.
On ne devrait pas faire la fine bouche alors que, de Nissan, à Ford à Volkswagen, les suppressions de postes se multiplient. Et pourtant, les 20 000 offres d’emploi non pourvues dans la distribution et réparation automobile, s’ils sont réjouissants pour les jeunes qui sont formés et n’auront aucun mal à décrocher un job, le sont beaucoup moins pour l’industrie.
Guillaume Faurie l’assure : « le secteur recrute, notamment dans la réparation ». En clair : les garagistes ont du boulot et leurs mécanos sont tous très occupés. Du coup, le délégué général de l'Association nationale pour la formation automobile (Anfa) a mis en place un site d’offres d’emploi, JobToMove et une campagne de com pour proposer aux recruteurs de rencontrer les candidats.
Les vieilles autos ont besoin de mécanos
Pourtant, ce succès pour les uns, est aussi un signe du désarroi des autres. Si la réparation recrute, et que les garagistes ont beaucoup de travail, c’est principalement parce que les autos vieillissent, que leurs propriétaires les conservent plus longtemps et qu’en vieillissant, elles passent plus souvent par la case garage que les voitures récentes. Ce que le délégué général ne nie pas. "Ce vieillissement entraîne une activité plus soutenue".
Car un parc qui vieillit est avant tout le signe d’une réticence des automobilistes à acheter des autos neuves. Une réticence ou plutôt une difficulté financière dont on constate les résultats dans la chute des ventes au fil des derniers mois.
Au début de l’année, l’âge moyen du parc a frôlé les 12 ans et nul doute que lors du prochain comptage, début 2025, il dépassera largement ce millésime, avec toutes les conséquences que cela implique, à commencer par des arrêts plus fréquents au stand. D'autant que 62 % de ce parc est encore en motorisation diesel, plus nécessiteux en entretien.
Bon baromètre de ce phénomène, le contrôle technique est formel : lors du premier passage, à l’âge de 4 ans, les autos vérifiées ont un taux de contre-visite de 4,2 %. Mais le chiffre s’emballe lorsqu’elles dépassent dix ans, un âge à partir duquel le rejet en première visite atteint 25 %. Un quart des autos qui ne passent pas l’examen et qui, souvent, atterrissent sur le pont des mécanos. D’où les besoins en main-d’œuvre d’un secteur. Et plus l’industrie automobile s’enfoncera dans la crise, plus il devra recruter.
Un métier non délocalisable
Mais cette profession profite également d’une autre crise : celle de la voiture électrique. Car si elle nécessite moins de réparations lourdes que la voiture thermique, les 2 % de VE actuellement sur la route ne chamboulent pas vraiment le secteur qui a tout le temps de se préparer au changement.
Et puis, ce métier, exercé aujourd’hui par 500 000 personnes en France (un chiffre en croissance) échappe à un autre phénomène redouté par les constructeurs et les équipementiers : la Chine, car l’on ne risque pas d’aller faire réparer nos autos à Pékin. Zéro risque de délocalisation et un avenir à court terme radieux. Parfois la crise des uns fait le bonheur des autres.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération