La voiture, c'est la liberté, sauf pour ceux qui en sont exclus
La voiture ? Une habitude quotidienne et un plaisir, mais pour 18 % des Français seulement. Les autres en sont privés totalement, ou ou s'en privent occasionnellement, pour de multiples raisons, pas toujours d'ordre légales ou financières, selon une étude.

On le répète sans cesse, ici comme ailleurs : les Français ont besoin de leur voiture, ils l’aiment et ont un vrai sentiment de liberté lorsqu’ils sont à son volant. Mais ils ne constituent pas toute la population.
Alors, pour la première fois, le Credoc (Centre de recherches pour l’étude et l’observation des conditions de vie) s’est allié au Forum Vie Mobiles pour se pencher sur les exclus de la bagnole, en commençant par ceux qui le sont totalement, et représentent près d'un tiers de la population.
Qu’ils soient trop jeunes pour détenir un carton rose (20%), qu’ils ne l’aient jamais obtenu (9%), ou qu’ils soient incapables de conduire pour des raisons de santé, leur incapacité à profiter de cette liberté est somme toute logique.
3 millions de Français ont peur de conduire la nuit
En revanche, l’étude met en avant d’autres freins, plus sporadiques et plus diffuses, parmi ceux qui ont légalement le droit de conduire et sont en capacité de le faire. Elle souligne ainsi que seuls 18 % des Français ne sont jamais empêchés, ou ne s’empêchent jamais, de prendre leur auto. On tombe de la chaise en songeant que 82 % de nos compatriotes ne peuvent pas conduire tous les jours et sans problème.
Et pourtant, en décortiquant cette enquête, on découvre que la conduite nocturne est, en premier lieu, un véritable frein. 43 % des interrogés sont gênés dès la nuit tombée, et 7 % ne prennent carrément plus le volant quand le soleil se couche et s’imposent un couvre-feu. Ces nyctophobes constituent tout de même un bataillon de 3 millions de Français.

Mais une autre raison amène 10 % conducteurs à renoncer à leur auto : la peur de la ville, la frousse du trafic et la terreur du stationnement. À l’inverse, le même nombre redoute plus que tout la campagne et la montagne. Leurs phobies : les petites routes étroites, les virages serrés et l’obscurité.
Reste un frein beaucoup moins phobique à la conduite, et beaucoup plus logique, puisqu’il est d’ordre économique. Ainsi, le prix de l’essence, du péage et des stationnements freinent les ardeurs des conducteurs. 13 % renoncent une fois par mois à prendre leur auto pour ces raisons, et 25 % d’entre eux lâchent l’affaire une fois par an.
Les problèmes administratifs, qui découlent souvent d'un manque de moyens, sont encore d’autres raisons qui font que la voiture reste au garage. Un contrôle technique qui n’est pas à jour ? 12 % des conducteurs de l’hexagone évitent de rouler pour cette raison. Un défaut d’assurance ? Ils sont 10 % dans ce cas. Quant aux 9 % qui ne conduisent pas pour un permis suspendu, leur arrêt forcé n’est évidemment pas d’ordre financier.
Des transports en commun plutôt qu'une meilleure formation et des infrastructures améliorées
Tous ces exclus de l’automobile, s’ils sont aujourd’hui nombreux, devraient l’être encore plus demain, comme le souligne Sylvie Landriève, directrice du Forum Vies Mobiles, expliquant que la hausse inévitable pourrait être liée « au vieillissement de la population et au durcissement de la réglementation sur le permis ».
Comment résoudre le problème ? En facilitant et en améliorant l’apprentissage à la conduite ? En investissant dans de meilleures infrastructures routières ? Pas vraiment. Pour la responsable du forum, « il est urgent de repenser notre système de mobilité dans son ensemble, et de développer des alternatives accessibles à tous, sur tous les territoires. » Les exclus de l’auto du fin fond des campagnes peuvent prendre leur mal en patience.
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