Le monospace le plus chic du monde est français : le De La Chapelle Parcours
Extrêmement luxueux, nanti de mécaniques prestigieuses et très rapide, le De La Chapelle Parcours relevait d'un concept inédit, celui du monospace de grand luxe. Il n'a pas malheureusement pas atteint le stade de la mise en production...

En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. Des idées qui ont besoin de beaucoup de pétrole. Et quand on dirige une société qui génère des immenses revenus grâce à l’or noir, ça n’est pas un problème. C’est exactement le cas pour Didier Primat, héritier de la famille Schlumberger, et dirigeant de la société Primwest chargée d’investir les sommes colossales issues des services pétroliers.
Passionné d’automobiles, Primat a de grandes ambitions en la matière, au creux des années 80. Comme d’autres avant lui, dont Jean Tastevin créateur de la Monica, il a envie de belles marques de luxe françaises. Et pourquoi pas dans un groupe ? Alors, il va s’atteler à le constituer, en rachetant en 1988 la société De La Chapelle, qui produit déjà une jolie réplique de Bugatti 55, la Stimula, ainsi que MVS en 1989. Le premier produira des voitures de luxe, le second, des GT, à l’image de son excellente Venturi.

A l’époque, la folie du monospace commence à déferler, et beaucoup, dont Primart, imaginent que c’est là l’avenir de la voiture. Son idée ? En créer un de très haut de gamme, qui sera badgée De La Chapelle : il s’agit d’arriver avec une idée nouvelle, et personne ne produit de monocorps de grand luxe. Le dessin du véhicule est confié à Barré Design, qui imagine un immense salon roulant, au dessin plutôt élégant et musclé qui intègre des éléments de grande série, comme des projecteurs de Mazda 626 Coupé et des feux arrière d’Audi 80. De plus, le Cx, à 0.28, est incroyablement bas !

Techniquement, on s’inspire de la compétition auto, avec un châssis tubulaire agrémenté d’un plancher en nid d’abeille équipé de trains roulants à double triangulation avant/arrière. Mieux, la suspension est pneumatique, mais comporte tout de même des amortisseurs hydrauliques. Primat a déjà un acheteur au moment de réaliser celui qui se dénomme Parcours et dont le premier proto est animé par un V12 5,3 l Jaguar. Non roulant, il ouvre tout de même la voie à un second qui l’est, lui, grâce à son V8 5,0 l 32 soupapes (326 ch) de Mercedes 500 SL R129. Ce Parcours sera exposé au salon de Genève 1992.

Son habitacle, doté de superbes sièges individuels et modulables, exhale autant le luxe que la fonctionnalité, tout en se voulant hi-tech avec son téléphone intégré, et son circuit vidéo… Cet exemplaire n’est pourtant pas homologué, au contraire du troisième.
Présenté comme capable de 240 km/h, le Parcours n’a aucun rival, mais voilà, l’argent manque pour le finaliser. Les activités en F1 de Venturi sont un gouffre financier, et bien vite, Primart est contraint d’abandonner son projet de groupe automobile de luxe. MVS est revendu, tout comme De La Chapelle. Le parcours du Parcours s’arrête donc net.

Aurait-il pu connaître le succès ? Voulu par un PDG pour des PDG, cet engin ne se destinait pas au grand nombre. Pire, aucun constructeur prestigieux n’a jamais produit de monospace aussi huppé : ils n’y croyaient certainement pas. En revanche, les SUV de luxe, dix ans plus tard, ont trouvé un public invraisemblable. Aussi adroitement dessiné soit-il, un monospace ne séduira jamais autant le plus grand nombre qu’un faux 4x4, à cause de sa silhouette de camionnette. C’est désormais acquis…
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