Les nouveaux métiers de l'auto - Christian Wolffsried, ingénieur châssis Porsche électrique
Il a grandi dans le giron de la voiture thermique, mais a rapidement basculé vers l'électrique ou sa spécialité, le châssis, lui permet de mieux s'exprimer. Portrait d'un jeune ingénieur allemand qui invente en s'amusant et s'est vu salué par ses pairs pour ses découvertes.
L'automobile change et les hommes qui la conçoivent aujourd'hui exercent un métier qui souvent, n'existait pas encore il y a dix ans à peine. Qui sont-ils ? Quel est leur parcours ? Qu'ils soient ingénieurs motoristes, spécialistes des trains roulants, de l'informatique embarquée, de la recharge ou experts en marketing et distribution appliquée à la voiture électrique, nous sommes allés à leur rencontre.
Lorsqu'un un petit garçon allemand de Stuttgart rêve d'automobile, il n'a pas besoin d'aller au bout du monde, car huit petits kilomètres lui suffisent pour se rendre à Zuffenhausen, le siège de Porsche. Ce trajet, Christian Wolffrsied, aujourd'hui responsable du programme châssis électrique du constructeur l'a fait, mais avec quelques détours à la clé. "En fait, enfant, je faisais du karting, et je voulais travailler dans le sport auto". Mais en grandissant, il découvre que "l'autre côté de la table" comme il dit, les voitures de série, sont elles aussi très intéressantes. Surtout lorsque l'on peut les concevoir. Une idée fixe chez lui.
Formé chez Mercedes sous le soleil californien
Alors il se forme et passe une maîtrise en ingénierie automobile dans son fief de Stuttgart. Mais c'est une autre étoile de l'automobile qui va veiller sur lui dans cette même ville durant cette même période puisque, comme la grande majorité des étudiants allemands, son cursus de formation se déroule en alternance. Cette étoile, c'est celle de Mercedes. Il passera même deux ans au saint des saints de la marque : AMG. Mais cet apprentissage ne se déroule pas seulement à Stuttgart. Christian s'envole pour le bureau de développement californien du constructeur. Tesla n'est pas très loin et il découvre la voiture électrique sur la côte ouest "et l'énorme potentiel de ces autos à deux moteurs. En termes de vectorisation du couple, la liberté est énorme".
C'est fort de ces nouvelles convictions qu'il rentre en Allemagne. Que faire ? Rester chez Mercedes ? C'est alors que Porsche lui propose d'intégrer l'équipe de conception dynamique de la nouvelle Panamera. Il n'a même pas 30 ans et n'en revient toujours pas. "Avoir la chance de développer l'âme d'une Porsche est encore surréaliste pour moi". Mais il ronge encore son frein. Pas longtemps. Lorsque le programme Taycan est lancé, pas question de louper le coche. Il se voit propulsé responsable de toute la partie châssis. Sa spécialité en matière de train roulant et son goût, comme ses compétences en matière de propulsion électrique ont fait la différence avec ses collègues. "C'était un défi, mais c'est très amusant et c'est exactement ce que j'ai toujours voulu faire". Et il va s'éclater dans son nouveau rôle.
"Une Taycan ? C'est comme si on avait quatre pédales d'accélérateur"
"Sur une voiture traditionnelle, si la puissance à l'avant est trop importante, c'est le sous-virage assuré. Si l'arrière est trop puissant, c'est l'inverse. Alors, avec la Taycan et ses deux moteurs, j'ai cherché à régler ce problème". Il y parvient en travaillant avec les motoristes, "ce qu'on ne fait jamais avec les voitures thermiques". Avec son équipe, ils partent plusieurs mois dans le grand nord finlandais pour développer leur projet, "là ou la glisse est à portée de main". C'est sur la glace polaire qu'il conçoit un système de renvoi automatique de la puissance de l'avant vers à l'arrière, et de droite vers la gauche, en fonction de l'adhérence et de la position de la voiture. "C'est comme si on avait quatre pédales d'accélérateur" L'invention est une première mondiale. Et le jeune homme se voit récompensé, en compagnie de ses collègues, de l'une des plus hautes distinctions mondiales en termes d'ingénierie automobile.
Et maintenant que la Taycan est sur la route ? Christian Wolffsried continue de chercher et de s'amuser. Il vient de mettre au point un système intelligent qui soulève automatiquement la voiture en fonction de la route, d'un dos-d'âne ou d'une entrée de garage et travaille sur le développement de nouveaux pneus, de roues plus aérodynamiques et de systèmes de freinage à récupération d'énergie plus importants qu'aujourd'hui. À quelles futures autos les appliquera-t-il ? À la Taycan 2, à une hypothétique 911 électrique ou à d'autres Porsche à watts ? Il n'en parle évidemment pas et suggère de nous retrouver dans dix ans pour découvrir, et tester, ses futures inventions.
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