Les voitures d'occasion ont-elles perdu de la valeur pendant le confinement ?
La sortie de confinement est effective depuis lundi dernier 11 mai. C'est l'heure des bilans. Comment a-t-on vécu cette période ? Certains ont perdu une partie de leur salaire... Il ne manquerait plus que nos voitures, pour certaines immobilisées malgré elles depuis 2 mois, aient perdu de la valeur, sans avoir pu rouler ! Les choses ne sont pas simples. Caradisiac vous explique.
Cela fait presque une semaine maintenant que l'on a à nouveau le droit de vendre ou d'acheter une voiture d'occasion. Une activité qui ne faisait pas partie de celles qui permettaient de sortir de façon dérogatoire. Mais depuis lundi, vous pourriez être tentés de jeter un œil au marché de l'occasion.
Un marché qui, selon les analystes, pourrait bénéficier d'un gros boom, ou pas...
De votre côté, il se peut que votre voiture, durant les 55 jours de confinement, soit restée parfaitement immobile. Du coup, une question se pose : a-t-elle perdu de la valeur, alors même qu'elle n'a pas ajouté ne serait-ce qu'un kilomètre à son compteur ? Alors même que vous étiez contraints de ne pas vous en servir ? Ce serait rageant. Et pourtant, théoriquement, c'est le cas. Mais c'est plus compliqué que cela.
En effet, quand on parle de valeur d'un véhicule, de décote, il y a d'un côté la théorie, et de l'autre la pratique. Ce qui fait que... ce n'est jamais évident.
Une perte de valeur de 2/12e de la décote annuelle prévue
Vous le savez certainement, une auto perd de la valeur dès qu'elle pose une roue en dehors de la concession. Selon les modèles, qu'ils soient d'une marque généraliste, ou premium, la décote est cependant plus ou moins rapide. Pour un modèle généraliste, c'est en général - 25 % la première année, - 18 % la 2e, - 15 % la troisième et - 12 % la quatrième, puis 10 % par an ensuite.
Pour les modèles premium, on parle, en moyenne toujours, de - 18 % la première année, - 15 % la deuxième, - 12 % la troisième puis, comme pour les généralistes, - 10 % par an.
Le confinement ayant duré presque 2 mois, votre auto a donc perdu, même sans rouler un seul kilomètre, 2/12e de sa décote annuelle.
Théoriquement, votre voiture à perdu de la valeur, même sans rouler, soit 2/12e de sa décote annuelle. Mais ce n'est pas si simple en réalité.
Exemple :
Prenons une compacte généraliste type Renault Mégane, qui est dans sa deuxième année, et qui valait neuve 20 000 €.
À la fin de sa première année, elle cote théoriquement 15 000 €. Et à la fin de la deuxième année, théoriquement toujours, 12 300 €.
Pour connaître combien elle a perdu de valeur en deux mois lors de sa deuxième année, il suffit de faire le calcul suivant : valeur à un an moins valeur à deux ans divisé par 12 et multiplié par deux mois, soit (15 000 - 12 300)/12 x 2 = 450 €
Pour un modèle entre 3 et 4 ans : (9 200,40 - 8 280,36)/12 x 2 = 153,34 € de décote pendant les deux mois de confinement.
Vous pouvez ainsi calculer la perte de valeur de votre auto sur deux mois. Mais tout cela est très théorique, car d'autres facteurs, qui appartiennent aux lois du marché entrent en ligne de compte.
D'autres facteurs entrent en ligne de compte
En effet, la période de confinement, inédite dans l'histoire, pourrait ne pas "fonctionner" comme une période habituelle. Ainsi, certains pensent qu'elle ne sera qu'une "parenthèse", et que les décotes de cette période n'auront en réalité pas lieu. Une théorie que la décision de nos confrères L'argus, qui ont décidé de geler les décotes pendant 2 mois, semble accréditer. Une décision prise pour que les stocks de voitures des professionnels ne perdent pas de valeur (une perte estimée à 180 millions d'euros pour le parc immobilisé).
Autre argument en faveur d'une absence de décote : une plus forte attractivité du marché de l'occasion avec le déconfinement. Nous avons déjà eu l'occasion d'en parler dans nos colonnes, le marché de l'occasion pourrait subir un regain d'intérêt des consommateurs, pour différentes raisons (moins de pouvoir d'achat, acquisition d'une voiture pour ne pas avoir à prendre les transports en commun, etc...). Cela pourrait donc au contraire augmenter la demande, et faire monter les prix, plutôt que les descendre.
Il existe aussi un risque inverse : que les acquéreurs se détournent de la voiture, du moins pour le moment. Une étude de Nova Consulting a révélé que les acheteurs souhaitaient reporter leur achat de près d'un an en moyenne. Mais c'est contrebalancé par le fait que le marché de l'occasion aurait plus d'intérêt, pour ceux qui ne reportent pas.
Difficile à savoir donc.
Notre position, nous à Caradisiac, c'est que les arguments vont globalement se contrebalancer les uns les autres. Mais que cette période aura été une parenthèse, sans conséquence sur la perte de valeur des autos pendant le confinement.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de bonnes affaires à réaliser, car certains vendeurs, qui voulaient vendre avant le confinement et en ont été empêchés, voudront maintenant vendre rapidement, et vont donc baisser leur prix. De même pour certains professionnels dont les stocks débordent et coûtent cher. Ce sont ceux-là qu'il faudra dénicher dans les colonnes des sites de petites annonces !
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