Mafia japonaise : les Yakuzas, leurs trafics, leurs tatouages et leur passion pour le Tuning VIP
Alors que le principal clan des Yakuzas appelle à une trêve des armes, intéressons-nous à la passion des mafieux nippons pour les supercars et autres voitures de luxe, des modèles qu'ils tunent en style VIP pour mieux parader sur les routes et entretenir leur mythe.

Un bolide s'avance dans la nuit de Kabukicho, à faire rougir une geisha, faisant entendre à plusieurs centaines de mètres à la ronde son puissant V12 de 575 chevaux. Les noctambules de ce quartier chaud de Tokyo affluent pour admirer la bête.
Coup de projecteur sur une Lamborghini Diablo de collection dans une livrée presque volontairement méconnaissable, habillée dans un rose flashy, avec des jantes délirantes, un bas de caisse et un aileron illuminés par une noria de néons et des canules d'échappement aux contours diamantés...
Cette supercar, comme tout droit sortie de l'univers extravagant de la pop-culture nippone, c'est celle de Morohoshi-San. Ce Yakuza en apparence rangé des voitures, qui se présente dorénavant comme un "simple businessman" préparateur en carrosserie, est tombé fan absolu de l'écurie Lamborghini il y a une petite vingtaine d'années.
Fada de Lambos en mode VIP

Lui qui n'avait jamais eu la chance de voir ses parents se payer la moindre voiture a signé là comme une revanche sur son enfance. Après avoir gagné de l'oseille dans des affaires pas toujours recommandables, le bad boy repenti à choisi de se racheter une conduite en customisant sa Diablo puis quelques autres de ses acquisitions en mode sélect et ultra personnalisé.
Un tuning jamais vu sur Lamborghini, qui lui a valu d'abord les critiques de puristes, puis les honneurs d'une nouvelle star mondiale. A Tokyo, il a fondé un club qui réunit désormais régulièrement des passionnés fortunés au volant d'Aventador, de Huracán et autres Diablo revues et corrigées, aux couleurs piquantes et floquées pour certaines de héros de mangas, dans la veine du VIP et du Bosozoku, deux variantes de tuning nées au pays du Soleil Levant.
Ces Lambos hors-normes taillées pour figurer dans la licence gaming " Need for Speed " (c'est d'ailleurs le cas pour celle de Morohoshi) avalent le bitume avec boulimie, comme on descend un bol de ramen ou un verre de saké, se tirant la bourre sans foi ni loi jusqu'à l'aube sur les autoroutes urbaines qui s'enchevêtrent de bas en haut de la capitale.
Les Yakuzas lèvent le pied ?

Fuir la banalité et jouer un rôle de premier plan en toutes circonstances, susciter une forme d'admiration auprès du peuple (quitte à financer l'aide humanitaire lors de catastrophes naturelles), infiltrer les entreprises et les arcanes du pouvoir, à coups de rassemblements officieux ou non, d'outrance, de pressions diverses et d'investissements en millions ou milliards de yens, c'est dans l'ADN des Yakuzas. Ces modes opératoires entretiennent leur mythe, qu'ils opèrent en costard-cravate de fonctionnaire ministériel, en "survêt" premium un peu lisse ou qu'ils s'exposent au contraire sciemment à découvert, des pieds à la tête, le corps tatoué de figures et messages guerriers.
Cette organisation mafieuse japonaise née il y a plusieurs siècles, passée maître dans l'extorsion de fonds, la prostitution, le narcotrafic et la guerre des gangs, a connu son apogée dans les années 60. Des décennies plus tard, alors que les politiques qui les toléraient hier commencent à leur barrer la route par des ripostes policières et judiciaires sans précédent, les différents clans des Yakuzas commenceraient à battre de l'aile...
Pour réagir et éviter de sortir de scène prématurément, il se murmure qu'ils pourraient s'accorder a minima sur une trêve des armes. C'est en tout cas le souhait récemment exprimé (dans un courrier adressé à la police en avril) par le leader des Yamaguchi-Gumi, mouvement fondé à Kobé il y a 110 ans qui représente toujours la plus vaste de leurs castes avec plusieurs milliers de membres pour le servir.
Toujours est-il qu'on imagine mal la communauté mafieuse de l'archipel, si destabilisée, si faussement assagie soit-elle et si grisonnants soient devenus ses parrains, faire table rase de tout son univers, et notamment de sa folle passion pour l'automobile, qui reste la face la plus visible et la plus respectée de son bagad à la sauce samouraï.
Toyota, BMW et Mercedes

Ainsi, si certaines factions paraissent aujourd'hui plus ou moins promptes à faire la paix et à se faire plus discrètes, la grande famille des Yakuzas ne laissera à coup sûr jamais derrière elle son penchant pour les voitures de course et autres véhicules bling-bling de luxe qui la rendent malgré tout fascinante auprès des Japonais.
Dans la liste des marques qui, outre Lamborghini, ont permis aux Yakuzas de se bâtir une réputation sulfureuse au coeur de la circulation, parmi les Kei Cars et autres voitures de série propres à " Monsieur Tout-le-Monde ", il y a entre autres quelques légendes nationales. On peut citer les Toyota Century et Crown, la Nissan President et les Lexus GS et LS 400, mais aussi beaucoup d'autres grandes berlines et limousines étrangères hautes performances, allemandes en particulier, siglées BMW, Porsche ou encore Mercedes (sur la base de modèles Classe S).
Des badges et des montures d'exception que les pilotes se font généralement un malin plaisir de tuner à l'envi, remaniant depuis leurs ateliers de l'ombre l'apparence extérieure, les jantes, les blocs moteur, la sportivité du châssis et l'aérodynamisme de leurs compagnes de trafics en tout genre...
Notez qu'il y a quelques années, en 2016, les Yakuzas avaient agi totalement à contre-courant de leur extravagance automobile habituelle. Ils avaient en effet créé la sensation en intégrant à leurs flottes de " banales " Toyota Prius IV, curieusement sans trop les modifier, non pas pour jouer la carte écolo, mais pour passer incognito, histoire de se fondre dans la masse lors de réglements de comptes sanglants à la portière...
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