Opel Signum V6 CDTI vs Renault Vel Satis 3.0 DCI, pour des voyages dans l’espace, dès 3 000 €
Recourant à une architecture similaire et décalée, tout en utilisant le même moteur Isuzu, ces Opel et Renault n’ont pas trouvé leur public, malgré un une fort belle habitabilité, une puissance généreuse et un équipement complet. Ces machines de voyage se dénichent pout trois rien.
Les forces en présence
Opel Signum 3.0 CDTI (2003-2009) : berline 5 portes, 5 places, 6 cylindres, 3,0 l turbo diesel, 177 - 184 ch, 1 495 kg, 221 - 224 km/h, à partir de 3 000 €.
Renault Vel Satis 3.0 DCI (2002-2009) : berline 5 portes, 5 places, 6 cylindres, 3,0 l turbo diesel, 180 ch, 1 735 kg, 212 km/h, à partir de 2 500 €.
A la fin des années 90, Opel joue, comme Renault, la carte de la modularité. Avec succès sur le monospace Zafira, doté de sièges escamotables. A tel point que le constructeur au blitz décide de poursuivre dans cette veine pour son futur haut de gamme. Car il comprend bien que pour attaquer les premiums tels que Audi, BMW et Mercedes, il faudra non pas le faire frontalement mais en se démarquant. Comment ? Avec une auto à l’architecture décalée, misant sur la hauteur pour dégager de l’espace à bord, espace qu’on va utiliser astucieusement. Cela donne la Signum, une berline de haut de gamme bicorps apparue en 2003, pour prendre le relais de la conventionnelle Omega.
Chez Renault, on a suivi un raisonnement très similaire avec un peu d’avance, puisque la Vel Satis a succédé à la Safrane dès la fin 2001. Le losange a complété la recette d’un look très radical, celui de l’Opel demeurant rassurant. Autre point commun : les deux rivales utilisent en haut de gamme un V6 3,0 l Isuzu brûlant du gasoil, le carburant en vogue au début du 21e siècle. Hélas, ni l’Opel ni la Renault n’ont connu le succès ! Pas plus que les Citroën C6 et Lancia Thesis, elles aussi très décalées. Avantage, on trouve ces grandes autos, puissantes, confortables et pas trop gourmandes pour relativement peu d’argent.
Présentation : deux bicorps XXL à l’équipement pléthorique
Chez Opel, on réfléchit dès la deuxième moitié des années 90 à son futur haut de gamme. Cela donne dès 1997 le Signum Concept, une intéressante auto à deux volumes travaillée pour donner un maximum d’espace et de confort à ses passagers. Le langage esthétique demeurant un peu sage, le public n’est pas impressionné. Un deuxième concept, le Signum 2 apparaît en 2001, plus original et doté d’un tableau de bord futuriste. On est donc un peu déçu quand le modèle de série est présenté en 2003. Pourquoi ? Parce que, outre la plateforme (à l’empattement étiré), il récupère la face avant et la planche de bord, très conventionnelles, de la berline Vectra, lancée un an auparavant.
A l’arrière, tout de même, les passagers jouissent d’un espace royal grâce à une banquette coulissant sur 13 cm et dotée, sur certaines versions, dit système Flexspace, où les dossiers sont inclinables indépendamment de chaque côté. On peut même s’offrir une console centrale multifonction servant d’accoudoir, de glacière, de tablette à ordinateur… La banquette rabattue dégage un plancher plat et un volume de 1 410 l. Mieux, en option, le siège avant droit se replie, ce qui dégage une longueur de chargement de 2,5 m. En somme, on a la modularité d’un monospace dans une grande berline.
En haut de gamme, on trouve des V6, dont un 3,0 l turbo-diesel à rampe commune. D’une cylindrée de 3,0 l, ce beau bloc à quatre arbres à cames en tête développe 177 ch : de quoi emmener la Signum à 221 km/h.
Trois finitions sont proposées. L’Elegance est déjà bien dotée à 32 070 € (42 600 € actuels selon l'Insee) puisqu’elle offre les jantes en alliage, la clim auto bizone, l’ordinateur de bord, la radio CD, le régulateur de vitesse, l’ESP ainsi que les sièges arrière indépendants et coulissants. La Sport (32 910 €) ajoute la suspension affermie et les sièges cuir-tissu plus enveloppants. Enfin, la Cosmo, à 37 020 €, complète le tout du cuir, des xénons, du GPS voire des sièges électriques et chauffants.
Malheureusement pour elle, la Signum ne réalise que la moitié de ses objectifs, étant sans doute considérée comme trop proche de la Vectra, plus spacieuse quand elle se décline en break ! Restylée en 2005, la Signum reçoit un museau redessiné… celui de la Vectra, encore ! La poupe ne change guère, non plus que l’habitacle, mais le diesel 3,0 l grimpe à 184 ch. La sauce ne prendra toujours pas. La Signum est retirée en 2009, après avoir été produite à près de 100 000 unités : pas si mal.
Chez Renault, on a l’habitude de ne pas fabriquer de grandes berlines comme les autres. Les R16, R20/30 et R25 sont des bicorps quand la concurrence propose plutôt des tricorps. On s’est aussi fait une spécialité, depuis l’arrivée de Patrick Le Quément à la tête du design en 1987 : chaque nouveau modèle sortant sera un évènement esthétique. Et ça fonctionne très bien, surtout que le développement tous azimuts des monospaces est couronné de succès. Mais, à la fin des années 90, la machine s’enraye. Le Quément, à qui on a aussi confié la direction de la qualité, ne peut plus chapeauter le design d'aussi près qu’avant.
Cela dit, après les très réussis concepts Initiale (1995) et Vel Satis (1998), on s’attend à quelque chose de génial pour remplacer la Safrane, au look trop sage. Et on est déçu quand le nouvel haut de gamme au losange est dévoilé en 2001. Dénommé Vel Satis, il reprend bien des éléments des deux concepts mais le tout a l’air d’avoir été dessiné par trois équipes qui ne s’entendent pas. C’est presque ce qu’il s’est passé ! Heureusement, l’habitacle se révèle somptueux, par son dessin, sa réalisation et son espace. Car on a joué sur la hauteur pour maximiser ce dernier. Quant au coffre, il bénéficie d’un hayon, la voiture étant une bicorps.
Celle-ci récupère la plate-forme, allongée, de la Laguna II, mais se pare d’un train arrière spécifique, de type multibras. Sous le capot, en haut de gamme, on trouve un gros V6 3,0 l common-rail Isuzu offrant 180 ch, emmenant la Vel Satis à 210 km/h. Ce bloc s’associe aux deux finitions supérieures, Privilège et Initiale. Toutes bénéficient de la clim bizone, de l’allumage automatique des feux, du radar de recul, des xénons, de la synthèse vocale, des sièges électriques chauffants, et la hifi.
L’Initiale se singularise par ses jantes de 18, la sellerie cuir, les parements en bois, ou encore le GPS. Proposée à respectivement 43 550 € (57 800 € actuels selon l'Insee) et 48 600 € (64 500 € actuels selon l'Insee) en 2003, la Renault est chère. Pourtant, malgré son look bizarre, elle se vend correctement. Mais de gros ennuis de fiabilité plomberont sa carrière, même si un énorme rappel a lieu en 2003. En 2005, la Vel Satis se voit légèrement restylée mais cela ne change rien ni au V6 diesel ni aux ventes. Elle se retire fin 2009, produite à un plus de 62 000 unités. Un échec qui signera la fin de Renault dans la catégorie des très grandes routières.
Fiabilité : pas si mauvaise qu’on le dit
Le moteur étant pratiquement identique sur les deux autos, il souffre des mêmes maux : injecteurs ayant tendance à gripper passé 100 000 km, refroidissement insuffisant induisant quelques casses, vannes EGR bouchées… Ajoutons qu’il faut changer régulièrement la courroie de distribution. Cela dit, ce bloc a été assez vite fiabilisé. Sur la Signum, on relève toutefois moins de soucis électroniques que sur les Vel Satis de première série.
Sur celles-ci, la carte de démarrage, le frein de parking, les vitres électriques et la clim se sont révélés capricieux. Cela a été largement résolu à partir du restylage de 2005. Sur les deux modèles, l’habitacle et la tôlerie vieillissent bien. Les transmissions (boîte 6 manuelle ou 5 automatique sur l’Opel, et uniquement 5 automatique sur la Renault) sont fiables à conditions d’être vidangées régulièrement.
Avantage : Opel. Moins sujette aux caprices électroniques, la Signum prend le pas sur la Vel Satis, même si les ennuis se sont raréfiés avec les années.
Vie à bord : la France, pays du chic
Dans l’Opel, à l’avant, on a l’impression de se trouver aux commandes d’une Vectra. Ce n’est pas désagréable en soi, la finition s’avérant plutôt bonne, mais l’ambiance n’est pas chic. Heureusement, l’équipement se révèle riche. A l’arrière, on apprécie le confort offert par les deux sièges individuels, dans lesquels on peut se relaxer en inclinant les dossiers.
Très agréable, surtout que l’espace aux jambes s’avère considérable. Toutefois, le Travel Assistant, si sympathique soit-il, prend de place centrale, donc on a vite envie de l’ôter, et on déplore l’absence de bacs de portières. Le coffre se révèle spacieux et pratique.
La Renault propose une atmosphère toute autre. Très belle finition, matériaux bien choisis, tableau de bord élégant, sièges amples et profonds : cet habitacle est un havre de paix. Les passagers profitent d’un confort supérieur à celui de l’Opel, surtout à l’avant où même les ceintures sont conçues pour qu’on ne les sente pas. Cela dit, la modularité demeure basique.
La Renault propose néanmoins une habitabilité supérieure à celle de l’Allemande, surtout en largeur et en hauteur, alors que l’équipement apparaît, là aussi, complet. Le coffre, certes plus spacieux que celui de la Signum, demeure moins pratique à cause son seuil irrégulier et des formes peu régulières.
Avantage : Renault. Plus spacieuse, dotée d’une sellerie autrement confortable, et mieux finie, la Vel Satis l’emporte sur une Signum qui ne peut contrer que par une modularité supérieure et un coffre plus pratique.
Sur la route : Vel Satis, reine de confort
Au volant de l’Opel, réglable dans les deux plans, on profite d’une excellente position de conduite. Le siège maintient très convenablement, et l’ergonomie apparaît bien pensée. Le moteur flatte les oreilles par sa sonorité riche et agréable. Surtout, il régale par sa souplesse et son punch à mi-régime, même si la boîte auto, au demeurant douce, manque de rapidité au moment de rétrograder.
La suspension convainc moins : trop ferme, elle trépide sur les aspérités, et pourtant n’empêche pas des mouvements de caisse parfois inopportuns. Elle ne compromet en aucune manière la tenue de route, extrêmement sûre, qui n’exclut pas une certaine agilité. Par ailleurs, le freinage se révèle fort efficace. Le domaine de prédilection de l’Opel sera l’autoroute, où sa très bonne insonorisation préserve la sérénité des passagers.
Dans la Renault, on est subjugué par le confort des sièges, et la position un peu surélevée dont au profite face aux autres berlines. Bien installé, on n’en goûte que mieux la souplesse et l’onctuosité du V6 qui, s’il semble moins vif que dans l’Opel, ne s’en révèle pas moins mélodieux et efficace en reprise. La boîte auto lui convient ici parfaitement.
La Vel Satis enterre la Signum côté confort de suspension. Elle filtre tout sans prendre de roulis outre-mesure, un vrai plaisir. La Renault étant par ailleurs encore mieux insonorisée que sa rivale, elle propose une ambiance plus sereine.
Si sa tenue de route est tout aussi sécurisante, voire agile, la Renault se faufile moins aisément que l’allemande, plus compacte, et demande plus d’attention en ville. Et elle freine un peu moins fort.
Avantage : Renault. La Vel Satis offre un comportement routier un peu meilleur que celui de l’Opel, une suspension autrement confortable et une insonorisation plus poussée. De quoi compenser ses moindres performances.
Budget : vraiment pas chères
L’Opel Signum se déniche dès 3 000 € en bon état, sans nécessiter de frais immédiat, malgré un kilométrage dépassant les 250 000 km. A 4 000 €, on accède à des exemplaires de moins de 200 000 km, alors que les autos avoisinant les 100 000 km atteignent déjà les 7 500 €. Côté consommation, tablez sur 7,8 l/100 km en mixte.
Pour sa part, la Renault est globalement un peu moins chère que l’Opel, car plus abondante sur le marché français. En règle générale, retranchez 500 € aux tarifs de l’allemande à état et kilométrage équivalents. En revanche, effet de son poids supérieur, la Vel Satis consomme un peu plus : comptez 8,6 l/100 km en mixte.
Avantage : égalité. Un peu plus chère que la Renault, l’Opel consomme en revanche moins, de sorte qu’on ne peut départager les deux rivales.
Verdict : la Renault, plus douillette et moins chère
L’Opel Signum a pour elle une fiabilité électronique meilleure que celle de la Renault, un coffre plus pratique, des places arrière modulables, des performances légèrement plus élevées, une consommation moindre et un freinage plus efficace. Mais la Vel Satis réplique par son superbe habitacle, son espace supérieur, son comportement routier plus rigoureux et surtout son confort exceptionnel. Comme, de surcroît, elle coûte un chouia moins cher, elle remporte ce match.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Opel |
Vie à bord | Renault |
Sur la route | Renault |
Budget | Egalité |
Avantage | Renault |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Opel Signum, Renault Vel Satis.
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