Pollution aux particules : le diesel a bon dos

"Aux masques citoyens, fermez vos fenestrons, filtrons, filtrons, qu'un air bien pur, emplisse nos poumons !" Tsoin, tsoin.

C'est ma petite contribution à la réactualisation de la Marseillaise. Car l'ennemi n'est plus à nos frontières ! Il est parmi nous, tout autour de nous, dans l'air ambiant, celui que nous respirons, même à la campagne !

En France, d'après l'étude que vient de publier Santé publique France (ex-Institut de veille sanitaire), la pollution serait responsable de 9 % des décès annuels, soit 48 000 morts, juste derrière l'alcool (49 000) et le tabac (78 000). Elle abaisserait de 15 mois en moyenne notre espérance de vie à 30 ans ; et de presque deux ans dans nos villes les plus polluées.

C'est fou comme l'air du temps est sale. Sali par quoi ? Cette fois, il est question de particules.

Ah, les particules, on les avait un peu oubliées avec le feuilleton des NOx du Volkswagen Gate. Vous croyez sans doute qu'il s'agit de ces cochonneries carbonées que rejettent les diesels. Eh bien, pas seulement. Une étude de l'équipementier Bosch nous apprend que les émissions de particules des moteurs pèsent presque autant (7 kilotonnes) que celles des cigarettes (6 kilotonnes) et trois fois moins que celles provenant de l'usure des freins et des pneus (21 kilotonnes). Sans compter celle du bitume… Mention spéciale pour les freins qui rejettent des poussières chargées de métaux particulièrement toxiques.

Poussières, poussières, tout retournera à la poussière…

Comment peuvent-ils faire ce calcul ? En répondant à la devinette "combien pèse la fumée d'une cigarette ?" Très simple, c'est la différence de masse entre, d'une part la cigarette, et d’autre part la cendre et le mégot. S'il est impossible de différencier dans l'air ambiant les particules carbonées émises par les échappements de celles issues des pneus, du bitume et bien d'autres encore, on connaît parfaitement le tonnage de pneus et plaquettes de frein vendues en France et en Europe. Tout comme l'écart de masse entre une plaquette de frein ou un pneu neuf et les mêmes usés. Cette différence, c'est ce qui est parti en poussière, celle que pour l'heure on cache sous le tapis.

Bref, le transport ne pollue pas seulement par ses moteurs. Surtout il n'est pas l'activité humaine la plus polluante en termes de particules : le chauffage, notamment au bois, l'industrie et l'agriculture font bien pire et le BTP n'est pas loin derrière. Toute activité humaine a toujours produit de la fumée, des cendres et des poussières, mais aujourd'hui cela s'appelle des particules et on découvre qu'elles nous empêchent de devenir centenaires.

Débarrasser le parc roulant des voitures les plus anciennes, les interdire de circulation, durcir les normes de pollution, c'est l'histoire de l'obèse qui se met au régime en mettant des sucrettes dans son café sans renoncer à ses rillettes ni à ses tartelettes.

Haro sur le diesel ? Il serait plus utile de promouvoir ce prometteur système d'aspiration-filtration des particules de frein développé par une jeune entreprise française. Et aussi interdire de fumer à l'air libre, obliger les agriculteurs à ne travailler que quand il pleut, réhabiliter les semelles de cuir qui s'usent moins vite que celles en gomme (le métro parisien est en bonne partie pollué par l'usure des godasses) et interdire de secouer sa couette à la fenêtre. Ah, et aussi de balayer : aspirateur obligatoire, même pour les feuilles mortes. Je plaisante, mais à moitié…

A propos de plaisanterie, si l'on en croit Bosch, le diesel ne serait pas le problème, mais plutôt le remède : lors d'un test mené à la Garennes-Colombes, en banlieue de Paris, l'équipementier a découvert que ce qui sort du FAP d'un diesel Euro 6 est moins chargé en particules que l'air ambiant qui entre dans son filtre à air. En d'autres termes Anne Hidalgo et Ségolène Royal ont tout faux : il faut plus de diesel pour assainir l'air des villes !

Vous y croyez ? Moi non plus, Volkswagen nous a déjà fait la blague…