Votre navigateur ne supporte pas le code JavaScript.
Logo Caradisiac    
Publi info

Quand l’Europe se protégeait des voitures… japonaises

Jusqu’en 2000, les voitures japonaises ont vu leurs importations limitées dans plusieurs pays d’Europe, dont la France qui leur a longtemps accordé… 3 % du marché, pas plus.

Quand l’Europe se protégeait des voitures… japonaises

C’est bien connu, on n’apprend pas de l’histoire. Ou peu. Dans les années 50 et 60, l’industrie automobile japonaise a connu une expansion formidable, partant de presque rien pour arriver plusieurs millions d’exemplaires produits annuellement. Aujourd'hui, Toyota est, de loin, le premier constructeur mondial.

Les Nippons se sont largement inspirés des autos occidentales pour développer les leurs, mais ont ajouté une certaine tradition de perfectionnisme dans la fabrication, une organisation innovante (on pense au « just in time » de Toyota), des salaires bas et... une responsabilisation de chaque employé.

En France, la Honda S800 a connu son petit succès grâce à son moteur ultra-performant dès 1966.
En France, la Honda S800 a connu son petit succès grâce à son moteur ultra-performant dès 1966.

Résultat, une productivité exceptionnelle, synonyme de prix agressifs, et des voitures extrêmement fiables. Bien des spécialistes se gaussaient de leur technologie simple, voire simpliste, mais d’autres, au regard plus aiguisé, notaient les rendements hors norme de certains moteurs dès les années 60. On pense aux blocs Honda, notamment dans la S800, mais aussi au fantastique 6-en-ligne de la  Nissan Skyline GT-R, le premier moteur de série doté de culasses à quatre soupapes par cylindre. De son côté,  Mazda devenait pionnier du moteur Wankel, même si c’était une impasse, avec ses modèles badgés RX.

En 1969, la Nissan Skyline GT-R montrait la vitesse à laquelle les Japonais progressaient en matière de technologie : elle reçoit le premier moteur "multisoupapes" produit en série, 2,0 l de 160 ch.
En 1969, la Nissan Skyline GT-R montrait la vitesse à laquelle les Japonais progressaient en matière de technologie : elle reçoit le premier moteur "multisoupapes" produit en série, 2,0 l de 160 ch.

Conséquence de tout ceci, les ventes de voitures japonaises ont crû de façon constante en occident. D’abord aux USA, où elles ont fait des ravages, auxquels les constructeurs locaux n’ont pas su réagir, pas plus d’ailleurs que  Volkswagen dont la Coccinelle y rencontrait un immense succès.

En Europe, on a regardé cette expansion avec un certain réalisme, en constatant que les Nippons commençaient à obtenir chez nous des parts de marché non négligeables. Ils ont eu plus de mal à s’installer car le vieux continent était très performant en matière de voitures compactes, économiques et peu chères, contrairement aux USA.

Lancé en 1973, le 4x4 Toyota Land-Cruiser a vite été apprécié en Europe et aux USA. Preuve de la capacité d'adaptation des Japonais. Un exemplaire en parfait coûte aujourd'hui une fortune.
Lancé en 1973, le 4x4 Toyota Land-Cruiser a vite été apprécié en Europe et aux USA. Preuve de la capacité d'adaptation des Japonais. Un exemplaire en parfait coûte aujourd'hui une fortune.

Mais la fiabilité nippone était très appréciée dans une Grande-Bretagne, aux productions souvent douteuses de ce point de vue. Décision a été prise de limiter les japonaises à 10 % de ce marché. En Italie,  Fiat a aussi flairé le danger, et le Gouvernement italien, très perméable aux exigences du géant turinois, a lui, carrément obtenu que le Japon ne vende pas plus de 1 000 voitures par an dans la Botte.

Tout ceci s’est fait avec l’accord de la CEE, qui notait les fortes entraves posées par le Japon à l’entrée des européennes sur son propre marché. Et la France ? Les nippones ont mis du temps à se faire une place sur le marché. Toutefois, elles ont commencé à croître rapidement dans les années 70, passant de 0.74 % des ventes en 1973 à 2,74 % en 1976. On se rappellera l’échec de  Renault au pays du soleil levant avec sa 4CV produite par Hino dans les années 50 : les Français ne manifesteront alors plus aucun intérêt pour l’archipel d’extrême orient.

Heureusement que la Mazda 323 FF, lancée en 1980, a été limitée en France par le quota à 3 % car elle aurait pu faire un ravage grâce à sa modernité et sa fiabilité.
Heureusement que la Mazda 323 FF, lancée en 1980, a été limitée en France par le quota à 3 % car elle aurait pu faire un ravage grâce à sa modernité et sa fiabilité.

En résulte un déséquilibre, qui poussera nos dirigeants à demander des quotas d’importation à l’Europe. Ils obtiennent 3 % en 1977. Ouf ! En 1991, l’Europe conclut avec Tokyo un accord d’auto-limitation des ventes de ses voitures sur vieux continent, suivi d’une ouverture graduelle du marché, via des quotas européens ont : 997 000 voitures en 1993, 1 105 000 en 1995 et ainsi de suite. Des chiffres que le yen, alors très fort, a empêché d’atteindre.

La Triumph Acclaim, une Honda Ballade rebadgée et fabriquée en Angleterre, est une première tentative nippone de contourner les quotas en 1981.
La Triumph Acclaim, une Honda Ballade rebadgée et fabriquée en Angleterre, est une première tentative nippone de contourner les quotas en 1981.

Seulement, Nissan a astucieusement contourné la question en construisant une usine à Sunderland, en Angleterre, en 1986. Les modèles qui en sortaient, considérés comme européens, échappaient aux quotas. La berline Bluebird, pas au niveau, n’a guère représenté de dangers, mais avec les excellentes Primera (1989) et Micra II (1992), il en allait tout autrement ! Cette dernière a même été élue Voiture de l'année.

Et n’oublions pas la British Leyland, dont la Triumph Acclaim de 1981 n’était rien d’autre qu’une Honda rebadgée. Rover allait poursuivre sur une tendance similaire, en rhabillant des autos de conception largement nippone (comme la Rover 825, grosso modo une Honda Legend dotée d’une carrosserie 100 % anglaise).

Très belle auto que la Rover 825, apparue fin 1986. Mais, techniquement, c'est une Honda Legend : le Japon s'installait en Europe avec un cheval de Troie, malheureusement (ou heureusement !) mal fabriqué.
Très belle auto que la Rover 825, apparue fin 1986. Mais, techniquement, c'est une Honda Legend : le Japon s'installait en Europe avec un cheval de Troie, malheureusement (ou heureusement !) mal fabriqué.

Les quotas montraient clairement leurs limites ! Ils ont définitivement sauté en 2001, d’autant que  Toyota avait annoncé construire une usine à Onnaing pour y produire sa Yaris. Contrairement aux Américains, les Européens ont, en tout cas, réussi à protéger leur industrie des très performants japonais.

De sorte qu’on a énormément de mal à comprendre pourquoi elle ne parvient pas à faire de même avec les voitures chinoises. Au contraire, elle se jette dans la gueule du loup de l’Empire du milieu en décidant d’interdire la commercialisation des moteurs thermiques dès 2035. Elle a certes réagi (mollement et lentement) en levant des taxes d’importation, mais le mal est fait.

Fabriquée en France peu de temps après son lancement en 1998, la Yaris a entériné la fin des quotas des japonaises en Europe. Depuis, Toyota ne cesse de progresser sur notre marché.
Fabriquée en France peu de temps après son lancement en 1998, la Yaris a entériné la fin des quotas des japonaises en Europe. Depuis, Toyota ne cesse de progresser sur notre marché.

Pourquoi ? Parce que la Chine, considérée avec un certain mépris occidental comme l’atelier du monde, a pris une avance décisive en matière de technologie électrique. Tant dans le domaine de la fabrication que des voitures elles-mêmes, alors qu’elle ne parvenait pas à rivaliser sur les blocs thermiques.

La faillite de Northvolt, qui devait fabriquer en grande quantité des batteries en Suède, les grandes difficultés d’ACC, à Douvrin, pour en produire suffisamment avec un niveau de qualité satisfaisant, montrent à quel point nous sommes largués par les Chinois, qui acceptent de nous refiler leurs vieilles technologies mais se gardent jalousement les plus avancées. Le tout, en exigeant que nous leur transférions le meilleur de nos avancées pour nous autoriser à pénétrer leur marché… ce que nous avons accepté !

La MG4 est la première chinoise à connaître un grand succès en Europe et en France, grâce à son prix canon et ses excellentes prestations électriques. Le pire, c'est que nous en avons subventionné l'achat !
La MG4 est la première chinoise à connaître un grand succès en Europe et en France, grâce à son prix canon et ses excellentes prestations électriques. Le pire, c'est que nous en avons subventionné l'achat !

On voit le résultat, accéléré par des normes anti-CO2 européennes toujours plus draconiennes qui font bien peu de cas du temps industriel, obligeant les constructeurs à dépenser milliards d’euros (complétés de milliards d'euros supplémentaires d'aides à l'achat gouvernementales) pour précipiter la mise sur le marché de modèles électrifiés, dotés de batteries… chinoises. Pendant ce temps, les fournisseurs traditionnels tirent la langue, voire disparaissent.

Quant aux USA, ils affrontent désormais sans vergogne la Chine pour protéger leurs usines ! On a perdu notre industrie textile au profit de l’Asie, pourquoi faudrait-il qu’il en aille de même pour nos automobiles ? Voire notre aéronautique ? Car si Airbus reste le numéro 1 mondial des avions de ligne, il n’arrive pas à satisfaire la demande, au moment où le chinois Comac commercialise un concurrent à la famille A320, déjà âgée de plus de 40 ans…

Mots clés :

SPONSORISE

Actualité

Toute l'actualité

Commentaires ()

Déposer un commentaire

Abonnez-vous à la newsletter de Caradisiac

Recevez toute l’actualité automobile

L’adresse email, renseignée dans ce formulaire, est traitée par GROUPE LA CENTRALE en qualité de responsable de traitement.

Cette donnée est utilisée pour vous adresser des informations sur nos offres, actualités et évènements (newsletters, alertes, invitations et autres publications).

Si vous l’avez accepté, cette donnée sera transmise à nos partenaires, en tant que responsables de traitement, pour vous permettre de recevoir leur communication par voie électronique.

Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement de ces données, d’un droit de limitation du traitement, d’un droit d’opposition, du droit à la portabilité de vos données et du droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle (en France, la CNIL). Vous pouvez également retirer à tout moment votre consentement au traitement de vos données. Pour en savoir plus sur le traitement de vos données : www.caradisiac.com/general/confidentialite/