Renault exploite-t-il le travail des enfants malgré lui ?
L'ONG Amnesty international épingle (entre autres) Renault. Pourquoi ? Parce que la marque performe sur le marché de l'électrique. Et que pour fabriquer des batteries, il faut du cobalt, dont l'extraction se fait trop souvent par des enfants, dans des conditions dangereuses. Et le losange semble en faire peu de cas...
Renault serait-il un mauvais exemple en termes de respect des droits de l'Homme (et de l'enfant) ? Il semblerait, indirectement en tout cas. En effet, l'organisation non gouvernementale Amnesty International, suite à une enquête sur la transparence des plus grandes entreprises mondiales concernant leurs approvisionnements en cobalt, épingle Renault en tant que mauvais élève.
Mais d'abord, quel est le lien entre notre constructeur national et le cobalt ? Tout simplement, Renault est un constructeur de voitures électriques, la Zoe en premier lieu. Et de surcroît, il vend beaucoup, même si cela reste relatif. Or, les batteries Lithium-ion qui équipent ses modèles contiennent de ce minerai rare. Et c'est son origine et son modèle d'extraction qui pose souci.
Suite à son enquête, Amnesty International a pisté la provenance du cobalt utilisé dans l'industrie. Pas seulement l'industrie automobile, mais toute l'industrie des batteries rechargeables. Il s'avère que la moitié du cobalt utilisé est extrait du sol en RDC (République démocratique du Congo). Et 20 % de cette extraction se fait manuellement, dans des tunnels creusés à main nue, par une main-d’œuvre trop souvent composée d'enfants, qui prennent des risques pour leur vie et leur santé dans ces excavations (affections pulmonaires).
Un manque de transparence pointé du doigt
Or les normes internationales sont claires : toute entreprise a obligation de mener des vérifications, et à un "devoir de vigilance" sur sa chaîne d'approvisionnement, et une obligation de transparence au sujet des risques qui y sont associés en matière de droit humain.
Donc théoriquement, les entreprises consommatrices devraient, après avoir mené leur enquête auprès des fournisseurs (en l'occurrence LG Chem pour Renault, qui fournit les cellules des batteries), communiquer de façon transparente sur ce risque en matière de droit de l'Homme.
Or, aucune des 28 grandes entreprises internationales sur lesquelles Amnesty s'est penché ne fait d'efforts suffisants pour se conformer entièrement à cette norme. Si Apple ou Dell, ou BMW et Tesla dans le secteur automobile vont dans le bon sens, Microsoft, Volkswagen, Mercedes et donc Renault ont des résultats "particulièrement mauvais", selon l'ONG, en ayant mené des investigations "minimales". Sur les 28 entreprises, 26 ne communiquent même pas le nom de leurs fournisseurs en cobalt.
Renault en fait partie mais affirme faire des efforts, après avoir mis en place un groupe de travail avec ses fournisseurs. Ils ont partagé à ce jour leurs systèmes de contrôle, leurs règles d'approvisionnement et le détail des audits réalisés.
Notoirement insuffisant pour Amnesty, qui a envoyé une lettre ouverte à Carlos Ghosn, PDG de Renault, et fait circuler une pétition pour exhorter la marque à "mener une enquête rigoureuse sur sa chaîne d'approvisionnement en cobalt et montrer qu'[elle] lutte contre les violations des droits humains".
Les choses vont donc avancer dans le bon sens, mais on a encore et toujours l'impression que les marques, et Renault comme les autres, ferment les yeux sur les conditions de travail de ceux qui leur fournissent les matières premières, lorsque c'est un business qui marche et qui rapporte, surtout lorsque cela se passe dans les pays les plus pauvres de la planète...
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