Renault: "un utilitaire est plus difficile à mettre au point qu’un véhicule particulier"
Pour la première fois en 60 ans, Renault a ouvert à quelques médias les portes de son centre de R&D de véhicules utilitaires situé dans les Yvelines. Caradisiac y était.

Sans les VU, point de salut ? Les véhicules utilitaires constituent un relais de croissance fondamental pour les constructeurs français en général, et pour Renault en particulier. Sur les 8 premiers mois de l’année, le Losange a ainsi immatriculé en France presque autant d’exemplaires du Trafic que du SUV Symbioz ! Renault a aussi écoulé 310 500 véhicules utilitaires en Europe l’an dernier, chiffre qui en fait le leader du secteur.
C’est dans ce contexte que Caradisiac, ainsi qu’une poignée d’autres médias, a été invité à découvrir les coulisses du centre de Recherche & Développement de Villiers Saint Frédéric, dans les Yvelines, qui lundi a ouvert ses portes aux médias pour la première fois depuis sa création en 1965. Ici sont mis au point, au terme de sévères phases d’études, les utilitaires qui sillonnent nos routes, du Kangoo au Master format XXL. Bancs de mises au point des moteurs, tests de trains roulants, étude acoustique, travail sur l’électrique et l’électronique, et on en passe : "un véhicule utilitaire est plus difficile à mettre au point qu’un véhicule particulier", clame un représentant de la marque, qui évoque l’exemple du nouveau Master, disponible sous 450 configurations (!), pour lequel il a fallu mener à bien 3 fois plus d’essais que pour la R5 électrique, et qui a réclamé 5 fois plus de validations.

L’architecture modulaire, l’adaptation aux différents besoins des clients et le caractère multi-énergies des motorisations alourdit considérablement le travail en amont de la commercialisation. A cela s’ajoute l’utilisation généralement très sévère des clients, notamment des chauffeurs-livreurs. Et Renault de rappeler que l’on peut compter jusqu’à 270 000 ouvertures de portes en 3 ans sur un utilitaire, contre 40 000 pour un véhicule particulier. "On fait souvent des « vis ma vie » avec les clients », explique un des responsables du site. « On embarque une journée entière avec un employé et on note tout : combien de fois il ouvre la porte, coupe et rallume le moteur, enclenche les warnings, etc. Et à partir de là on fait évoluer le produit. Et c’est ainsi que grâce au système Delivery routine, on va gagner 46 secondes par livraison sur la nouvelle Estafette par rapport aux autres modèles de la gamme. Et 46 secondes par livraison, c’est presque 1h30 par jour, ou 35 heures par mois.»

"Un utilitaire est un outil de travail, qui doit répondre précisément aux besoins des clients. Il doit être fiable en toute situation, et ne pas faire perdre de temps, car le temps c’est de l’argent", explique un cadre. Et le temps, Renault le gagne aussi à travers différents instruments de torture réservés aux 300 prototypes qui passent à Villiers chaque année. 80 ingénieurs et techniciens se consacrent à des moyens d’essais dimensionnés au format de véhicules souvent imposants. Parmi ceux-ci une chambre climatique (de -20 à +40°), une chambre semi-anéchoïque destinée à traquer les horripilants gri-gris qui pourraient naître à l’usage, ainsi que les éventuelles nuisances sonores dues au moteur ou au systèmes de ventilation. A cela s’ajoute notamment un banc à 4 vérins permettant de valider la résistance aux sollicitations verticales et horizontales de la structure du véhicule, un banc simulant des chocs de roues contre un trottoir (sauf que là, c’est le trottoir qui vient cogner la roue !), ou bien encore des essais d’arrimage de sièges et de ceintures de sécurité, avec force sangles tirant les différentes pièces dans tous les sens possibles. Il s’agit pour Renault de simuler jusqu’à 400 000 km, ou 20 ans d’utilisation, en 18 mois, en ayant ce mantra à l’esprit : "un utilitaire doit être comme neuf après 5 ans d’usage."

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