Subaru BRZ/Toyota GT86, les délicates reines des passionnés
Conçue avant tout pour les fans de conduite, la Subaru BRZ (et son alter ego Toyota GT86) use d’une recette inenvisageable aujourd’hui pour une sportive : légèreté et puissance raisonnable. Une joyeuse propulsion à préserver, mais aussi à acheter avec prudence…

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
La course à la puissance, c'est has-been. Du moins le croyait-on chez Toyota et Subaru, au moment de développer le duo GT86/BRZ vers la fin des années 2000. Déjà à l'époque, il est totalement à contre-courant des pratiques de l'industrie automobile. Voulu léger, raisonnablement musclé et surtout très amusant dynamiquement, il s'adresse aux gens qui aiment avant tout raffiner leurs compétences de conduite, voire de pilotage, sans jouer au kéké. De vraies autos de connaisseur ! Décalées au possible, les Subaru et Toyota connaîtront une carrière honorable grâce aussi à leur prix raisonnable. Hélas, les émissions de CO2 auront raison de leur carrière en France, où l'écotaxe les a rendues bien trop chères. Toyota a bien tenté de continuer l'aventure avec sa GR86, remplaçant la Gt86 en 2021, mais son malus de 70 000 € (pour un prix neuf de 34 900 € en 2025) l'a poussée dehors... Vous avez dit absurde ? Raison de plus pour collection dès aujourd'hui les BRZ/GT86, car des sportives légères, pures, simples et sans chichis comme celles-ci, il n'y en aura plus jamais !

Initialement, c’est Toyota qui, au creux des années 2000, a voulu se doter à nouveau d’un petit coupé sportif, évocateur de la mythique AE86. Une propulsion légère et pas trop chère. Malgré son fabuleux trésor de guerre financier, pour la développer, le géant japonais s’est associé à un autre constructeur nippon, dont il deviendra actionnaire : Subaru. Et c’est celui-ci qui va diriger la conception de cette sportive, pensée d’abord pour séduire les puristes de la conduite.

Pas de surpuissance, un moteur atmo, un châssis aux petits oignons, des masses savamment réparties, et un différentiel à glissement limité. Subaru récupère la plate-forme de son Impreza, la modifie la largement et y installe son flat-four 2,0 l, lui aussi largement retravaillé. Toyota fournit l’injection directe de ce moteur, et s’occupe de toute la logistique liée à la fabrication de l’auto, qui aura pourtant lieu chez Subaru. Un premier concept annonce le modèle final, le FT-86 révélé en 2009, suivi du FT-86 II en 2011, puis du BRZ concept STI de Subaru, quasi-identique.

De façon prévisible, les modèles finaux sont révélés au salon de Tokyo fin 2011 : ce sont les Toyota GT-86 et Subaru BRZ. Commercialisés courant 2012, ils jouent une partition unique sur le marché, conforme à ce qui avait été annoncé : un petit coupé 2+2 doté d’un flat-four atmo, de roues arrière motrices et d’un différentiel Torsen. Le centre de gravité très bas se combine à une belle répartition des masses (53 % AV/47 % AR) pour achever de séduire les passionnés. Mais voilà, la puissance ne dépasse pas 200 ch, et surtout le couple s’en tient à 205 Nm, une valeur faiblarde obtenue au régime très élevé de… 6 000 tr/min ! Tout ceci ne serait pas un souci si le poids ne s'établissait pas à 1 240 kg.

Après tout, la course à la puissance n’a pas de sens dans un monde où les radars se multiplient, aussi un maxi de 226 km/h et un 0 à 100 km/h expédié en 7,6 s suffisent bien ! Surtout que le duo reste assez peu onéreux : 29 900 € pour la Toyota (36 400 € actuels selon l’Insee) contre 29 800 € à la Subaru. Ces tarifs incluent la clim auto, les xénons, le régulateur de vitesse, la radio CD, les capteurs de pluie et de luminosité ainsi que les jantes alliage de 17. La BRZ existe aussi en Club, ajoutant notamment la sellerie cuir-Alcantara et le démarrage sans clé. Les deux s’équipent de série d’une boîte 6 manuelle, une unité automatique Aisin étant proposée en option.

Identiques, elles ne le sont pas, se distinguant par des détails de présentation et les réglages de suspension, la Toyota, plus souple, jouant la carte du survirage fun, la Subaru se concentrant sur l’efficacité. C’est la première qui se vend le mieux, réseau de distribution plus dense oblige, même si elle récupère les tarages de suspension de la seconde pour 2014.

Fin 2016, le duo est légèrement restylé (projecteurs, capot et jantes sont revus), bénéficiant de nouveaux réglages des trains roulants, accompagnés d’un mode Track de l’ESP (plus permissif). Sans oublier un nouveau système multimédia. Mais la puissance demeure à 200 ch, tandis que les émissions de CO2 de 180 g/km lui valent un malus de plus de 7 000 €. Autant dire que les ventes françaises ne s’améliorent pas ! En août 2020, Subaru annonce l’arrêt de la fabrication de ces modèles, remplacés par les GR-86 et BRZ 2e génération (non vendue en France), animées par un 2,5 l de 234 ch.

Combien ça coûte ?
Si on trouve des imports plus ou moins louches dès 15 000 €, comptez plutôt un minimum de 19 000 € pour un exemplaire de 150 000 km. On tablera sur 22 000 € pour tomber sous les 100 000 km, alors qu’à 25 000 €, le kilométrage se rapproche de 60 000. Les phases II coûtent de 2 000 € à 3 000 € supplémentaires et se trouvent presqu’uniquement en boîte auto, car celle-ci faisait drastiquement le montant de l’Ecotaxe… Les très rares manuelles sont à plus de 30 000 €. On ne relève pas différence de prix entre Subaru et Toyota.

Quelle version choisir ?
Pour une expérience de conduite vraiment pure, on pourra préférer la boîte manuelle. Dans tous les cas, privilégiez les exemplaires dûment suivis.

Les versions collector
Toutes, si elles sont en parfait état. Les phases II manuelles, rarissimes, seront les plus recherchées.

Que surveiller ?
On pense – le plus souvent à raison – qu’une Toyota est une auto sans faiblesse. Seulement, ici, c’est Subaru qui a développé la voiture, et la fiabilité n’est pas irréprochable. En effet, les modèles 2012-2013 ont connu une faiblesse des ressorts de soupapes, ce qui a occasionné un rappel. Attention, le remède s’est parfois révélé pire que le mal, certains garages n’ayant pas travaillé dans les règles de l’art.
Autre souci, une tendance à déjauger en virage, avec pour conséquence une usure prématurée des coussinets de bielle : la pose d’un carter cloisonné est recommandée pour ceux qui roulent souvent fort. Par ailleurs, ce moteur consomme naturellement un peu d’huile, donc demande une vérification régulière du niveau. Sans oublier des vidanges régulières avec du lubrifiant de qualité. A ce compte-là, le bloc est très costaud. Si la présence d’une chaîne de distribution simplifie la maintenance, la piètre accessibilité complique le changement des bougies et bobines… Pas de souci notable côté transmission, hormis un embrayage d’origine faiblard, alors que les silentblocs des trains roulants, un peu légers, gagnent à être remplacés par des éléments en silicone plus durables.
Enfin, méfiez-vous des exemplaires importés depuis des pays où l’on sale beaucoup les routes l’hiver : la corrosion peut attaquer les éléments de suspension, voire la soudure sous le joint de la traverse avant, sous le capot… En clair, la maintenance est plus que jamais la clé pour avoir une voiture endurante.

Sur la route
Dans la Subaru BRZ 2012, on jouit d’une position de conduite parfaite, où on est assis très bas, ce qui permet de fermer les yeux sur des matériaux banals. Au démarrage, le moteur émet un son tout à fait quelconque, mais dès qu’on roule, on est séduit par la belle consistance de la direction ainsi que la commande de boîte douce et rapide. Cela dit, malgré une jolie souplesse, le moteur devient étrangement creux de 3 000 tr/min à 4 500 tr/min environ. Honnêtement, à ce moment, la voiture manque réellement de vigueur en reprises, où elle se fera déposer par une Clio dCi. Heureusement que le pont est court !

Ensuite, le moteur se réveille, et marche vraiment fort vers 6 500 tr/min (dans un joli bruit), le rupteur intervenant vers 7 500 tr/min. C’est dans cette zone qu’on exploite efficacement les trains roulants remarquablement guidés. La Subaru ignore le sous-virage, et sa poupe verrouillée au sol acceptera de survirer sous application de la puissance uniquement à ce type de régime. Le châssis, merveilleusement équilibré et précis, permet de jouer en toute aisance avec la poupe, sur circuit bien entendu, à condition de faire preuve d’un minimum de finesse. Les pneus, d’une largeur raisonnable (205 mm), favorisent les petites acrobaties, bref, on prend un vif plaisir au volant de ce coupé.

Cela dit, on aimerait bien 50 ch de plus pour un faire un vrai drifteur et ne pas avoir à cravacher le moteur sur route pour suivre une petite sportive suralimentée (sans même parler d'une Renault Mégane III RS). Enfin, la Sub’ freine fort, longtemps et sa pédale favorise une application dégressive. Notons qu’on conduite courante, la BRZ se contente de 8,5 l/100 km : vraiment raisonnable !
L’alternative youngtimer
Toyota Corolla GT AE86 (1984 – 1985)

L’inspiratrice de la GT86, c’est elle, la Corolla GT AE86. Ce petit coupé bicorps, importé chez nous en 1984 et 1985, conjugue un brillant 1,6 l à 16 soupapes offrant 124 ch à une transmission aux roues arrière. Certes, l’essieu reste rigide mais il est bien guidé et comporte un différentiel à glissement limité. En ressort une petite sportive performante (elle pèse 920 kg), rapide (195 km/h) et grisante par côté très joueur de la poupe.
Evidemment, la japonaise demande du doigté et n’a pas l’efficacité impressionnante d’une Peugeot 205 GTI, mais elle est plus fun encore et très fiable, même si elle rouille. Peu vendue chez nous à l’époque à cause des quotas et de son côté un peu démodé, elle est quasi-introuvable. Dès 20 000 €.
Subaru BRZ/Toyota GT86 (2012), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres à plat, 1 998 cm3
- Alimentation : injection directe
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle ou auto, propulsion
- Puissance : 200 ch à 7 000 tr/min
- Couple : 205 Nm à 6 500 tr/min
- Poids : 1 240 kg
- Vitesse maxi : 226 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,6 secondes (donnée constructeur)
> Pour essayer de trouver des annonces de Subaru BRZ et de Toyota GT86, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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