Voitures d'occasion : les prix vont-ils enfin baisser ?
Cela n'a pas pu vous échapper, les prix des véhicules d'occasion (VO) ont littéralement explosé depuis le début de la crise Covid. Avec à la clé des difficultés croissantes pour les ménages de se racheter une voiture, même ancienne. Mais depuis le début de l'année 2023, les prix se stabilisent. Vont-ils désormais baisser ? Caradisiac analyse la situation.
Si vous avez cherché à acheter une voiture d'occasion ces 2 ou 3 dernières années, vous l'avez forcément remarqué. Les véhicules en vente sont affichés à des prix stratosphériques. Et la montée des prix a commencé dès 2020, première année de pandémie mondiale de Covid-19. Elle s'est poursuivie jusqu'en début d'année 2023, avant une "relative" stabilisation. Mais dans l'intervalle, les tarifs avaient pris entre 30 et 43 % d'augmentation dans la vue ! Énorme. (Sources La Centrale, le bon coin et AS24)
Et ce n'est qu'une moyenne. Certaines secondes mains, pas trop chères il y a 4 ans, un peu âgées mais encore Crit'Air 2 voire 1, ont pu voir leur cote faire x2...
Bref, les acheteurs qui ont pu trouver un modèle l'ont payé bien plus cher, et ceux qui ne pouvaient augmenter leur budget ont dû acheter des autos âgées de 3 ans de plus en moyenne, et affichant 45 000 km en plus, toujours en moyenne. Rageant.
Cependant, le phénomène s'est stabilisé en 2023. Selon les chiffres de l'Observatoire des prix de La Centrale, le site spécialisé en petites annonces (et partenaire de Caradisiac, on le rappelle), les occasions ont beaucoup moins augmenté en 2023, voire baissé pour certaines d'entre elles, en l'occurrence les électriques et les hybrides (- 13,3 % entre le 3e trimestre 2022 et le 3e trimestre 2023). Les autres énergies augmentant entre 1 et 4 % seulement, après des inflations ayant atteint plus de 20 % par an précédemment.
Le bon coin annonce même de son côté des baisses de prix moyens en 2023, sur les véhicules d'occasion (VO) de 2 à 8 ans (-6,3 %). Leur panel de modèles en vente est cependant plus ancien que sur La Centrale.
La tendance est donc manifestement à la stabilisation, voire, à un léger infléchissement.
Les prix des VO vont-ils baisser en 2024 ?
Des prix qui se stabilisent, oui. Mais ils se stabilisent à un niveau très élevé. Avec des décotes très faibles. Ceux qui suivent nos articles "occasion" le savent. Nombreuses sont les occasions récentes à s'afficher presque au prix du neuf. Et il n'est plus question de décotes à - 25 % la première année, - 18 % la 2e et - 15 % la 3e... Si on modèle décote de 25 % en 2 ans, c'est déjà bien.
Et pour savoir si les prix des VO vont baisser, il faut s'intéresser au(x) mécanisme(s) qui les ont fait monter !
Et ces mécanismes sont, pour schématiser, au nombre de deux, essentiellement : la loi de l'offre et de la demande, et l'inflation.
Pour le second, c'est clair, notre pays, comme ses petits copains européens (et même moins d'ailleurs), subit depuis la fin de la pandémie, mais aussi et surtout à cause de la guerre en Ukraine, une inflation conjoncturelle. Pour rappel elle était en 2019 de + 1,1 %, en 2020 + 0,5 %, + 1,6 % en 2021, mais + 5,2 % en 2022 et + 4,5 % depuis le début de l'année 2023 (source Statista). Voilà qui déjà explique une partie de la hausse.
Pour cette cause, les pouvoirs publics se montrent plutôt rassurants pour l'avenir. Selon la Direction Générale du Trésor, l'inflation devrait légèrement ralentir en 2023, à 4,9 %, et les prévisions pour 2024 sont de + 2,6 %. Mais cela reste une inflation supérieure à ce que nous connaissions "avant".
Cependant, le problème majeur est la loi de l'offre et de la demande. De façon simple, avec la pandémie, les usines du monde ont été à l'arrêt pendant un moment, surtout en Asie, et la production automobile a fléchi de manière spectaculaire (- 16 % en 2020 avec 76 millions de voitures produites, contre 90 millions en 2019, source IFPEN). Même tendance en Europe.
Il y a donc eu une pénurie de voitures neuves sur le marché. Les acheteurs se sont logiquement reportés sur les voitures d'occasion, ce qui a créé une forte demande. Or, en économie, forte demande et offre stable = hausse des prix. Pire, le marché de la seconde main n'étant plus alimenté par des voitures récentes, et les stocks des professionnels ayant fondu, il a lui aussi subit une pénurie de modèles. Du coup, forte demande + offre moindre = hausse des prix encore plus importante !
Qu'en est-il aujourd'hui ? La production est-elle repartie à la hausse ? Le marché de la seconde main est-il à nouveau alimenté ? En d'autres termes, l'offre est-elle à nouveau en phase avec la demande ?
La réponse est oui, mais pas pour tout. Oui la production mondiale est repartie. On devrait atteindre 88 millions de voitures produites en 2023, mais on n'est pas encore au niveau de 2019. Cela dit, on retrouve donc des couleurs.
Gros doute sur la baisse des prix des VO en France
En France, cependant, les choses sont plus compliquées. C'est pourtant bien le marché qui nous intéresse. En 2019, il s'est vendu dans notre pays 2,21 millions de voitures neuves. Mais en 2020, seulement 1,65 million, et en 2021 1,66 million. 2022 a même été une année noire avec seulement 1,53 million de voitures vendues.
En 2023, le marché reprend des couleurs, avec + 16,5 % de ventes de voitures neuves, ce qui laisse espérer un marché à 1,78 million d'exemplaires vendus. Mais vous le voyez, on est encore loin des 2,2 M de 2019.
Et comme le marché de l'occasion a mécaniquement et logiquement quelques années de retard sur le marché du neuf, ce n'est pas de sitôt qu'il sera correctement alimenté en voiture de seconde main. Pire, le déficit de contrats de LOA et LLD contractés en 2020, 2021 et 2022 joue aussi sur le nombre de VO qui arrivent sur le marché. On va donc manquer de VO de 2/3/4 ans jusqu'en 2026 ! Ce qui va continuer à maintenir des prix élevés, pour les occasions de tout âge, les acheteurs se reportant sur plus ancien.
Les professionnels de la vente ont tout fait pour diversifier leurs approvisionnements, allant même jusqu'à importer des voitures, ou reprendre "cash" à des prix bien plus élevés des voitures de particulier (ce qui joue sur les prix à la hausse, en plus), le niveau des stocks n'est pas celui connu en 2019.
Il y a donc fort à parier que le prix des VO va rester à un niveau très élevé pendant encore un bon moment. Par contre, il ne va certainement plus augmenter comme cela a été le cas depuis 2020. Ce n'est de toute façon plus tenable pour les acheteurs. On arrive à un point ou afficher des prix encore plus élevés ferait complètement fuir ces derniers.
Et carrément baisser, non. En tout cas pas dans de grandes proportions. La demande est toujours forte, portée par des prix élevés sur le marché du neuf, par une hésitation à passer à des modèles électriques toujours plus chers que les thermiques aujourd'hui.
Il va certainement par contre y avoir un tassement du prix des modèles hybrides et électriques d'occasion. Les chiffres concordants de La Centrale et du bon coin le disent. Avec une baisse des prix neufs des Tesla, des modèles Dacia et MG moins chers qui arrivent en occasion, une réticence des acheteurs face à cette technologie, les prix moyens vont continuer à se tasser. Mais cela ne veut pas dire non plus que les "décotes" sont plus importantes...
LE BILAN
Malheureusement donc, le prix des voitures d'occasion va se maintenir à des niveaux élevés pendant au moins l'année 2024 et l'année 2025. Nous le disons sans certitude évidemment, on n'a pas de boule de cristal infaillible. Mais les indicateurs qui permettent de dire que ça pourrait baisser ne sont pas encore là. Le marché est encore tendu, encore peu alimenté par des voitures provenant du marché du neuf. La demande est toujours forte en face, avec un marché de l'occasion qui se porte bien. Il baisse dans les chiffres, mais c'est surtout par manque de voitures ! Car les prix restent, on l'a vu, élevé, preuve que l'offre est encore insuffisante face à la demande, et les modèles ne s'éternisent pas non plus sur les parcs des vendeurs (avec une exception pour les voitures électriques, ce qui explique aussi la baisse de leurs prix).
Alors, que dire, sinon que ceux qui espéraient faire de meilleures affaires en attendant 2024, voire 2025, en seront pour leurs frais. Il y a très peu de chance que le marché se retourne de manière spectaculaire. Et les véhicules d'occasion ne retrouveront probablement d'ailleurs jamais leurs prix d'avant Covid. Un petit virus qui nous aura sacrément chamboulé la vie, même en tant qu'automobiliste.
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