190 000 emplois pourraient être perdus dans l'automobile allemande d’ici 2035
L'INFO DU JOUR - Selon le dernier rapport du VDA, l'organisme allemand qui regroupe les industriels de la filière auto, le nombre de suppressions d'emplois du pays devrait être explosif d'ici onze ans. Une catastrophe qui pourrait toucher les autres pays européens.
Un oiseau de mauvais augure se pose sur l'automobile allemande et européenne. Crédit photo : Boris Roessler/dpa/picture-alliance/Newscom/MaxPPP
Ce n’est pas vraiment une surprise, au vu des récents déboires de l’industrie auto allemande. Mais le simple fait de voir les chiffres s’aligner dans le rapport du VDA (Verband der Automobilindustrie), équivalent de notre PFA, a de quoi miner un peu plus le moral de la filière Outre-Rhin.
Selon cette étude, 190 000 emplois pourraient être supprimés au pays de Volkswagen d’ici 2035. Un chiffre qui, en plus, n’a rien de spectaculaire puisque depuis 2019, sur le vieux continent et dans le même secteur, 124 500 jobs ont été perdus. En l’espace de quinze ans c’est donc une hécatombe à laquelle l’Europe, et en particulier l’Allemagne, a assisté et assistera encore.
La faute à l'électricité, mais pas que
Évidemment, tout le monde va s’en prendre à la fée électricité, devenue sorcière, et à la transition vers cette énergie. Mais elle n’est l'unique responsable de la baisse des ventes de 20 % en Europe qui englobe le thermique dont les prix ont explosé. Elle n’est pas responsable non plus de la prépondérance du marché chinois, vers lequel les constructeurs germaniques se sont jetés à corps perdu, et qui, depuis plus d’un an, ne veut plus d’eux. En témoignent les déboires du groupe Volkswagen, qui vont entraîner la fermeture de trois usines Outre-Rhin, et celle de l’unité de production Audi en Belgique.
Mais le VDA tente de se montrer rassurant, expliquant dans son rapport que le passage vers l’électrique génère de nouveaux emplois. Ce qui est exact. Selon son enquête baptisée « Perspectives d’emplois dans l’industrie automobile ». Les nouveaux métiers de l’automobile ont permis de créer 10 700 postes. Mais le compte n’y est pas. La métallurgie à elle seule, et sa matière première essentielle à l’automobile, a déjà perdu près de 9 000 emplois. Et les prochaines annonces attendues chez VW ne risquent pas de faire pencher la balance vers le positif.
Une tempête allemande et des répercussions européennes
D’autant que les autres marques allemandes pourraient elles aussi annoncer des restructurations. Mercedes est en train de dévisser, avec des ventes en baisse de 12 % ces six derniers mois et un chiffre d’affaires divisé par deux. Chez Opel c’est pire : au mois de septembre, la marque de Rüsselsheim a chuté de 24%.
Cette tempête allemande, telle le nuage de Tchernobyl, ne devrait évidemment pas s’arrêter aux frontières. Elle risque d'avoir des répercussions à travers tout le continent. Des pays comme la France et l’Italie comptaient bien compenser les pertes d’emploi probables dans l’automobile locale en accueillant des Chinois a priori ravis de contourner les taxes à l’importation et le refus d’octroi du bonus hexagonal. Mais c’est peut-être peine perdue.
Le 10 octobre dernier en effet, selon l’agence Reuters, une importante réunion s’est tenue à Pékin au ministère du commerce. Autour de la table, du beau linge, en la personne des boss de Geely, SAIC, Chery, Dongfeng et Byd. Au cours de cette rencontre, Wang Wentao, le ministre a tout simplement « invité » ces constructeurs à stopper tout investissement en Europe, une façon d’exercer des représailles sur l’Union qui s’apprêtait, ce qu’elle a fait quelques jours plus tard, à tripler les taxes sur les voitures importées de Chine.
Une « invitation », quand elle est demandée par un officiel chinois à un industriel de son pays, ressemble plutôt à un ordre et l’on pourrait donc assister à une marche arrière de MG (SAIC) en France, qui devait installer un centre de pièces détachées dans l'hexagone, tout comme cette "invitation" pourrait stopper net le projet de construction d’une usine Chery en Italie.
D’autres projets chinois sur le vieux continent pourraient aussi être tués dans l’œuf, et même si la décision de Pékin n’est pas l’idée du siècle - puisque c’est une manière pour la Chine de se priver de ventes en Europe - elle risque de plomber un peu plus encore les chiffres de l’emploi dans l’automobile sur le vieux continent dans une conjoncture qui n’en demandait pas tant.
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