Toyota a lancé son programme TS030 (Toyota Sport 030) en septembre dernier en profitant des acquis techniques apportés par la Toyota Supra Hybride de l'équipe SARD qui a remporté les 24h de Tokachi en 2007. La technologie de stockage de l'énergie utilisait alors des supercapacités dont la principale qualité par rapport à des batteries est de pouvoir emmagasiner et restituer très rapidement l'énergie acquise. Idéal pour la compétition, cette solution est reprise pour la TS030 qui fait suite aux mémorables GT-One TS010 et TS020 des années 90. Elle est par contre équipée d'un V8 3,4l atmosphérique contre un V8 4,3l pour la Supra. Ce système Hybride baptisé THS-R pour Toyota Hybrid System-Racing a reçu plusieurs évolutions afin de se conformer au règlement qui stipule que la récupération d'énergie maximum entre les phases de freinage sera de 500kj (énergie chargée en 2s de freinage seulement) .


Réflexion sur la technologie


Si Toyota affirme que l'hybridation a dès le départ fait partie intégrante du projet, nous avons appris que les ingénieurs n'ont toujours pas décidé quelle sera la technologie définitive utilisée et que par conséquent, 2 systèmes seront testés au cours des prochaines semaines.

Le premier, développé par Aisin AW, est constitué d'un moteur électrique positionné à l'avant et le second développé par Denso est situé à l'arrière. Rappelons que le règlement stipule que le boost ne peut intervenir que sur les roues avant et à partir de 120 km/h. La remise en vitesse du prototype utilisé aujourd'hui était ponctuée par un beau coup de boost alors que l'auto roulait déjà à belle allure mais, selon Toyota, le système permettra au choix de privilégier le petit coup de pouce du boost ou alors de faire chuter la consommation. Par ailleurs,la TS030 sera capable de rouler 2km en mode 100% électrique, c'est d'ailleurs sur ce mode là qu'elle sort de son garage avant de lancer son moteur dans la pitlane après quelques dizaines de mètres. Surprenant et tout sauf silencieux (merci les engrenages de transmission !).


Le châssis en fibre de carbone conçu et construit à Cologne chez TMG fait immédiatement penser à la 908 (et la prise d'air de cockpit à la R18), mais en réduction. La TS030 est plus compacte, plus fine qu'une 908 (à l'œil), l'encombrement de son V8 et des ses périphériques étant nécessairement moins important que les V8 et V12 HDi Peugeot.


Sur la piste, nous avons déjà évoqué le bruit du V8 3,4l essence plutôt sympathique pour ceux qui en avaient marre de ne pas entendre arriver les LMP1 diesel au milieu des GT dix fois plus bruyantes, reste que la vitesse de la TS030 n'a pour l'instant rien à voir avec celle des Audi ou des Peugeot qui utilisaient le même circuit pour leurs essais. Toujours visuellement, on découvre une voiture apparemment assez vive qui engage dans le virage assez tard et plutôt violemment tandis que les quelques freinages ratés laisse penser qu'elle est encore délicate à maîtriser sur cette phase (récupération d'énergie ?). Alexander Wurz, à l'attaque, est allé au (très) large dans l'entrée du double droite du Beausset après un énorme blocage de roue, il est également passé derrière les vibreurs en sortie de ce même virage, ce qui nous montre que le chemin est encore long avant d'avoir une arme totalement affûtée pour les 24h du Mans. Aérodynamique à peaufiner, technologie hybride à dompter afin d'offrir une auto facile aux pilotes, performance à trouver, les chantiers sont nombreux mais l'aide d'Oreca et de Nicolas Lapierre qui connaissent bien la première 908 ainsi que d'Alexander Wurz qui a pratiqué la seconde 908 sera inestimable. Plusieurs séances d'essais (au moins 3) sont programmées pour débuter le développement d'une auto qui n'a subi son déverminage que la semaine dernière !


Réflexion sur les pilotes


C'est d'ailleurs pour accélérer ce développement que Toyota va engager non pas une mais deux autos dans le Championnat du Monde d'Endurance nouvellement créé. La première avec son équipage vedette Wurz-Lapierre-Nakajima qui prendra part à sa première course officielle lors des 6h de Spa le 5 mai prochain et la seconde qui est annoncée pour les 24h du Mans pourra ensuite elle aussi faire les épreuves du championnat du monde. Toutefois, avec le désengagement de Peugeot, la donne pilote vient de subitement changer. Si à l'origine, on attendait le suisse Buemi (qui semble confirmé) et 2 japonais dont le pilote maison en SuperGT Hiroaki Ishiura, des tractations se sont probablement ouvertes avec des désormais ex-pilotes Peugeot. Franck Montagny qui a longtemps travaillé avec Toyota en F1 est-il sur la liste ? Rien n'a filtré.

Notez que l'italien Andrea Caldarelli (22 ans) a été enrôlé en tant que « jeune pilote » en formation.

Alexander Wurz a confirmé que son départ de Peugeot s'est fait bien avant d'apprendre le désengagement de la marque en Endurance et qu'il avait une proposition de prolongation de contrat en mains avant de préférer l'aventure avec Toyota. L'autrichien a du flair, c'est indéniable !


Tout laisse penser que Toyota ne sera pas encore en mesure de rivaliser avec Audi lors des prochaines 24h du Mans, ni même durant le WEC 2012 mais la victoire 2013 est l'objectif avoué… à moins qu'Audi relève lui aussi le challenge de l'hybride dès cette année ! Ce qui n'est pas totalement impossible selon quelques rumeurs entendues ça et là sur le circuit.