Nous avons ce matin publié un article faisant part des déclarations de notre ministre de l'Écologie et du développement durable. Interrogée par nos confrères de RTL sur une précédente annonce, affirmant que des modèles Renault polluent plus que la norme mais sans avoir de logiciel de triche, elle précisait alors que d'autres constructeurs étaient concernés également, sans surprise. Mais surtout, et c'est là où il y a maldonne, que Renault allait rappeler "plus de 15 000 véhicules" pour corriger ce problème. Comme si c'était lié.


En résumé

Oui, Renault rappelle bien 15 800 Captur 1.5 dCi 110 pour anomalie du système antipollution

Non, ce n'est pas lié aux tests indépendants menés par l'Utac, car le souci a été découvert avant (juillet 2015). Ce rappel n'est pas une réaction aux tests de la "commission Royal".

Oui, de nombreux modèles diesels Renault pourront être améliorés au niveau des rejets de Nox (à partir de juillet 2016), sur demande. Ici Renault souhaite agir pour réduire les écarts entre la norme et les rejets réels.

Or, le rappel de Renault, s'il est bien réel, n'a rien à voir avec les tests menés par la commission technique décidée par Mme Royal ! Qui a mélangé ce qui n'aurait pas dû l'être et a obligé Renault à réagir à son annonce. Cela mérite donc quelques éclaircissements.


Contacté, le service de presse du Losange a tenu à mettre les choses au clair. Et a même livré quelques infos pour l'avenir.


Oui, il y a bien un rappel ; non, il n'est pas lié aux résultats des tests

Oui, Renault procède au rappel de 15 800 véhicules, pour un problème de pollution aux oxydes d'azote (Nox). Il s'agit des seuls modèles Captur (et aucun autre), équipés du moteur diesel 1.5 dCi 110 ch Euro6, et fabriqués entre février 2015 et début septembre 2015. Le souci, identifié au mois de juillet 2015 (donc bien avant le scandale Volkswagen et les tests menés par l'Utac) est un dysfonctionnement logiciel dans la gestion et la calibration du piège à Nox (Nox trap). Ce dernier, sans rentrer trop dans les détails techniques, s'emmêlait les pinceaux dans les fréquences de régénération. Les modèles sortant de chaîne depuis début septembre 2015 sont déjà mis aux normes. Et le rappel a débuté en novembre.

Un aléa identifié donc, et pour lequel les propriétaires concernés ont reçu ou recevront un courrier les invitant à passer chez leur concessionnaire pour une mise à jour, sans frais évidemment… Et sans lien avec les tests menés récemment.


Tous les moteurs diesels Euro6 seront améliorables chez Renault

Nous avons pu lire également chez certains confrères que 700 000 modèles de la marque seraient mis à jour concernant la pollution. Renault a apporté par communiqué un démenti formel à ce chiffre et à cette information. Non, pour le moment, aucun modèle n'est concerné par une telle mise à niveau et la marque précise que "tous les véhicules Renault sont conformes aux normes en vigueur".


Malgré tout, ce n'est pas non plus totalement faux… Comme déjà annoncé en décembre -ce n'est pas une nouveauté-, Renault veut "pouvoir proposer aux clients qui le souhaitent une amélioration de la performance de son système de dépollution Nox". Ce qui permettrait de rapprocher les émissions réelles de celles obtenues en labo. Aveu en creux qu'ils auraient déjà pu être plus performants…

Le constructeur planche sur de potentielles améliorations des rejets de Nox, en effet. C'est cela qui est en lien avec les résultats de la "commission Royal". Par exemple, le fonctionnement de la vanne EGR (recirculation des gaz d'échappement) peut tout à fait être optimisé et amélioré, car ne fonctionnant pas à son plein potentiel, toujours selon le service de presse de la marque.

Un plan d'amélioration sera donc présenté fin mars 2016, et tous les propriétaires pourront, à partir de juillet 2016, demander à ce que leur véhicule bénéficie de ces perfectionnements. Cela concerne tous les moteurs diesels répondant à la norme Euro6b (en vigueur depuis le 1er septembre 2014 pour les nouveaux types de véhicules et depuis le 1er septembre 2015 pour tous les véhicules mis en service). Renault mettra 50 millions d'euros sur la table pour pouvoir satisfaire les demandes. Cela ne coûterait donc là encore rien aux clients. Il est difficile aujourd'hui de dire combien de modèles pourraient être concernés.


Et pour l'avenir ?

La technologie utilisée par Renault (Nox trap) pour dépolluer ses moteurs est insuffisante pour respecter la future norme Euro6c de septembre 2017, c'est un fait manifestement acté. Le constructeur a donc prévu 1,2 milliard d'euros d'investissement pour développer une nouvelle ligne de moteurs (ou du moins de nouvelles technologies de dépollution). Mais selon nos interlocuteurs, il attend aussi que les normes soient définitivement fixées, et en particulier le coefficient multiplicateur entre les émissions en labo et les émissions en conduite réelle. On parle d'une valeur comprise entre 1,6 et 2,1. Cela voudrait dire, par exemple, que pour une norme de rejets de Nox de 80 mg/km, un véhicule pourrait rejeter en conditions réelles entre 128 et 168 mg/km. Selon la sévérité, les technologies de dépollution envisagées par Renault ne seraient pas les mêmes. "Il s'agit de ne pas trop renchérir le prix du véhicule, car le client final n'est pas toujours prêt à payer plus cher" confirme la porte-parole du constructeur.


Une façon de voir les choses qui met toutefois aujourd'hui Renault dans l'embarras, quand PSA et d'autres, avec une technologie plus efficace de traitement des Nox, la réduction catalytique sélective (SCR) avec additif à base d'urée, ne sont pas inquiétés ni montrés du doigt.