On ne va pas se repasser le film. Tout est ici et là. Les autos impliquées, le logiciel facétieux incriminé, le scandale mondial entériné, les politiques effarouchés : autant de faits et de réactions dont la semaine était bien chargée. Mais une fois l’addition réglée par VW et (peut-être) d’autres, une fois les voitures (peut-être) rappelées et les têtes coupées, que restera-t-il de ce tsunami ? Et, surtout, quelles seront ses conséquences sur l’industrie automobile en particulier et la vie des automobilistes en général ? Elles risquent d’être minimes. Ne serait-ce qu’en raison des montagnes à soulever.
Impossible de mettre en place des tests totalement réalistes
Bien sûr, en Europe comme aux États-Unis et comme ailleurs, on va remettre à plat le serpent de mer de mer des tests d’homologation. En les rendant plus « proches de la réalité », comme le veut déjà la future norme WLTP (Worldwide harmonized light vehicles test procedures) qui doit remplacer le NEDC (New european driving cycle). Mais elles seront plus proches de quelle réalité ? Celle de mamie conduisant gentiment sans jamais dépasser 2500 tr/min ? Ou celle de Raoul au rupteur à chaque rapport ? Celle qui reste cantonnée sur la riviera ensoleillée mais bouchée ou celle qui se balade sur les falaises d’Étretat par grand vent mais fluides ?
Quelle que soit la manière de mesurer la consommation minimale ou moyenne d’une auto, et donc son niveau de pollution, elle ne correspondra jamais à la réalité du quotidien de chacun. Les futurs tests, et ceux qui suivront, s’en approcheront sans doute. Sans lever le doute. Surtout si les normes imposées vont plus vite que la musique, plus vite que les ingénieurs censés les suivre.
La réduction à 95 g de C02 de moyenne pour l’ensemble d’une gamme semble de plus en plus inatteignable. Même Bruxelles en convient qui devrait repousser la mise en application de cette directive, prévue originellement en 2020. Car les hauts fonctionnaires de l’Union Européenne savent parfaitement que la mise en place d’objectifs inatteignables est la meilleure manière de susciter de nouvelles triches.
Sauver la planète ou sauver nos poumons
Alors on fait quoi ? En attendant la voiture électrique à 500 km d’autonomie et 5 minutes de rechargement pour pas cher, avec de l’électricité issue de capteurs solaires, on remplace un test par un autre et on continue de se plaindre du décalage entre la conso affichée et celle mesurée par les essayeurs de Caradisiac. Et on s’en arrangera, comme on s’est parfaitement arrangés des scandales précédents.
Surtout, on continuera de choisir entre la chasse au C02, comme l’Europe l’a ouverte, ou de faire la guerre aux N0x, comme les Etats-Unis l’ont déclarée. Un choix totalement cornélien où l’on décide d’un côté de l’Atlantique de sauver la planète en train de se réchauffer à cause du C02, et de l’autre côté, de sauver nos poumons en train de s’asphyxier, bouchés par les NOx. Un choix impossible et terrible que nous faisons malgré tout, parce que, pour le moment du moins, on ne peut sauver les deux en même temps.
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