Audi, BMW, Mercedes, etc. : les modèles premium décotent-ils vraiment si peu ?
Audi, BMW, Mercedes, mais aussi Alfa Romeo, Jaguar, Lexus ou Volvo, voilà qui représente en France le panel de marques premium. Et vous le savez sûrement, sur le marché de l'occasion, ces marques décotent peu. Du moins c'est ce que l'on pense. Alors, réalité ou fantasme ? Caradisiac s'est penché sur la question.
Sauf exception, toute automobile décote, dès qu'elle a mis une roue en dehors de la concession. C'est une loi immuable.
Mais il en est une autre, qui dit que les modèles premium perdent moins de valeur que les modèles généralistes.
Ainsi, en moyenne, ils perdraient 18 % la première année, 15 % la deuxième, 12 % la troisième, puis à peu près 8 à 9 % par an. Dans le même temps, toujours en moyenne, les modèles généralistes perdent 25 % la première année, 18 % la deuxième, 15 % la troisième, 12 % la quatrième, puis environ 10 % par an.
Ainsi, un modèle premium de 5 ans aura théoriquement perdu au pire 49 % de sa valeur, tandis qu'un modèle généraliste aura décoté de 59 %, voire plus.
Cette théorie est en train de bouger quelque peu dernièrement, avec des modèles d'occasion qui perdent moins de valeur, y compris les généralistes, et surtout les modèles essence. Mais c'est une base de réflexion.
C'est ainsi que de nombreux acheteurs défendent les modèles premium, car, disent-ils, le surcoût à l'achat est récupéré en grande partie à la revente.
Mais est-ce bien la réalité ? Les modèles premium affichent-ils vraiment des cotes plus hautes que les généralistes ? Au bout de 2 ans ? 5 ans ? 10 ans ? Existe-t-il des exceptions à la règle ?
C'est ce que nous avons voulu vérifier, en épluchant les petites annonces. Un travail de fourmi, riche en enseignements. Attention, nous n'avons étudié que les modèles essence, pour obtenir des comparaisons cohérentes.
Dans la catégorie des compactes
Chez Audi, regardons du côté de l'A3. Un modèles essence 1.5 TFSI 150 en finition emblématique S-Line, de 2019, s'affiche en moyenne 27 000 €, soit une décote de 29 %, tenant compte de quelques options. Ce qui est moins que la théorie. Pour un modèle 1.4 TFSI 150 COD Design Luxe de 2016, le prix moyen est de 23 500 €, soit une décote de - 37 % seulement ! Bien moins que prévu, même pour un modèle premium.
Enfin, une A3 de 10 ans, version 1.2 TSI 105 Attraction, se vend en moyenne 9 800 €, soit une décote de 62 %. Une valeur résiduelle de 38 % après 10 ans, c'est excellent.
Chez BMW, prenons l'exemple d'une Série 1. Après 2 ans, une 118i M Sport génération F40 se vend en moyenne 29 500 €, soit une décote de 23 % seulement (toujours tenant compte de quelques options souscrites) ! Après 5 ans, un modèle 116i Lounge s'échange en moyenne 15 000 €, soit une décote de - 42 %. Et une Série 1 de 10 ans, en version 116i 122 ch (première génération) s'affiche encore 8 000 € en moyenne, soit - 68 %.
Chez Mercedes, la Classe A n'est pas en reste. Un modèle essence 200 AMG Line de 2 ans aura perdu en moyenne 26 % de sa valeur (options intégrées). Après 5 ans, un modèle 200 Fascination s'échange en moyenne 24 500 €, soit une décote de 40 %. Après 9 ans (exceptionnellement, car il y a 10 ans, la Classe A était un minispace, donc non comparable), une version 180 Intuition coûte encore 12 000 € en moyenne, soit - 55 %. Et une plus qu'excellente valeur résiduelle.
Pour sortir un peu du trio allemand, regardons ce que ça donne pour une Volvo. Un modèle V40 T2 Momentum de 2019 se trouve à 21 000 € en moyenne, soit une décote de 33 % en 2 ans. C'est plus que les allemandes, mais moins que la décote théorique d'une généraliste. Après 5 ans, la perte pour un modèle T2 Kinetic ou R-Design est de 52 %, et après 9 ans (la V40 II est sortie en 2012), la décote est de - 62 % pour un modèle diesel (presque aucune annonce en essence).
On le voit, donc, les décotes sont très faibles. Mais il faut surtout les comparer avec les décotes de modèles généralistes. Et là, c'est le drame, pour ces dernières !
En effet, par exemple, une Renault Mégane de 2 ans, version 1.3 TCE 140 Intens, se revend en moyenne 17 000 €, soit une décote de - 42 %, toujours en tenant compte de quelques options souscrites. Après 5 ans, une 1.2 TCE 130 Intens aura perdu en moyenne 54 % de sa valeur. Et après 10 ans, une Mégane 3 1.4 TCE 130 Dynamique se vend autour de 9 000 €, soit - 64 %.
Une Peugeot 308 se comporte "mieux". Un exemplaire de 2019, en version 1.2 Puretech 130 Allure EAT8 se revend en moyenne 18 500 €, soit une décote de 37 %. Après 5 ans, pour un modèle Puretech 130 Allure, le prix moyen est de 14 500 €, soit - 50 %. Après 10 ans, une 308 de première génération, 16 VTI 120 Premium, se revend autour de 6 500 €, soit une décote de 70 %. La valeur résiduelle est donc de 30 %. C'est peu.
Dans la catégorie des familiales
Moins prisée, la catégorie des familiales décote-t-elle plus ? Il semblerait, oui.
Ainsi, une Audi A4 de 2019, modèle 35 TFSI 150 S-Line S-Tronic, en se revendant en moyenne 28 000 €, aura perdu 36 % de sa valeur neuve, options comprises. Au bout de 5 ans, une 1.4 TFSI 150 Design aura perdu 50 %, et au bout de 10 ans, une précédente génération, en 2.0 TFSI 211 Ambiente ou Attraction aura perdu en moyenne 60 %.
Chez BMW, une Série 3 de deux ans, modèle G20, 330iA M Sport, a perdu en moyenne 36 % également, comme l'Audi. Au bout de 5 ans, un modèle de la génération précédente 318i Touring se vend autour de 20 500 €, soit une décote de - 53 % en moyenne, selon la finition. Et après 10 ans, un modèle E90 ou E92 320i 170 ch Confort ou Luxe aura perdu 72 % ! Il faut dire que c'est un modèle mal aimé dans la série des Série 3. Mais pour le coup, la décote est importante !
Mercedes, avec sa Classe C, fait mieux. Un modèle 200 AMG Line de 2019 se revend en moyenne 36 000 €, soit une décote de - 25 % seulement. Pour un modèle 2016 de 5 ans, un coupé 180 par exemple, la décote est de - 35 % seulement ! Et pour un modèle de génération précédente, âgé de 10 ans, version 350, la décote est de 60 %.
Du côté du premium plus "exotique", l'Alfa Romeo Giulia. Un modèle 200 ch essence, en finition Sport Edition, de 2019, peut se trouver à - 20 %, mais les kilométrages très faibles (moins de 10 000 km) faussent la donne. Pour un modèle 2016, version 200 TB Super, les annonces sont à 25 000 € en moyenne, ce qui représente une décote de - 44 %. Pour trouver un modèle plus ancien, il faut chercher un modèle 159 de 2013 (il n'y a pas eu de familiale chez Alfa entre 2013 et 2016). Un modèle diesel de 136 ch se dégote à 8 000 € environ, ce qui représente 75 % de décote. Pas si mal pour un modèle de 13 ans finalement.
La décote est donc plus importante, clairement, que pour les compactes, mais pour autant, est-elle comparable à celle des modèles généralistes ?
Voyons pour commencer comment se comporte la Peugeot 508.
Un modèle 2019, en 1.6 Puretech 225 EAT8 GT haut de gamme, se revend en moyenne 33 000 €, ce qui représente un rabais de - 34 % par rapport au neuf. Pas mal, la 508 résiste bien en finition haute, et avec sa dernière génération. Car pour une précédente génération, âgée de 5 ans, en version 1.6 THP 165 Allure, la chute est de 59 %, soit la décote d'une Audi A4 en 10 ans... Et au bout de 10 ans, la grande Peugeot se trouve en moyenne, pour une version 1.6 THP 156 Allure, à - 71 %.
Chez Renault, la Talisman, année 2019, version 1.3 TCE 160 ZEN, s'affiche en moyenne à 18 800 €, ce qui représente une décote de 49 % ! Ce n'est plus une décote, c'est une déconfiture ! Bon, il est vrai que Renault a bradé ce modèle en neuf, mais tout de même.
Au bout de 5 ans, un modèle 1.6 TCE 200 Initiale Paris, profitant de son statut de très haut de gamme, a décoté de 60 %. Pour un modèle de 10 ans, il faut se tourner vers une Renault Latitude, qui en 2011 n'existait qu'en diesel. On trouve des modèles 2.0 dCi 175 Initiale à 8 000 € en moyenne, ce qui représente une décote de 83 % !
Chez Volkswagen, qui se situe à mi-chemin entre le généraliste et le premium, comment se comporte une Passat ?
Un modèle 2019, 1.5 TSI EVO 150 Confortline, s'échange en moyenne 22 500 €, ce qui représente une décote de - 34 %. Pour un modèle de 5 ans, version 1.4 TSI ACT 150 Carat ou R-Line, la décote monte à - 52 %. Et pour un modèle de 10 ans, d'ancienne génération, en TSI 122 Trendline, la décote se monte à - 66 %.
Les décotes sont donc entre celles du premium, et celles des généralistes.
Dans la catégorie des SUV compacts
Vous avez trouvé la lecture des paragraphes ci-dessus fastidieuse ? On vous comprend, et on a trouvé fastidieux de les écrire aussi.
Nous avons cependant fait le même travail pour les SUV compacts. Et pour résumer, de façon moins fastidieuse pour vous, les résultats sont très proches de ce qu'on a obtenu pour les berlines compactes.
Ainsi, les modèles premium décotent en moyenne entre - 25 % et - 30 % pour 2 ans, entre - 38 et - 43 % pour 5 ans, et environ - 65 % pour les modèles de 10 ans.
Du côté des généralistes, et Peugeot 3008 mis à part, qui se comporte presque aussi bien que les modèles premium, on note des décotes bien plus importantes, soit entre - 38 et - 43 % à 2 ans, de - 53 % à - 59 % à 5 ans, et parfois jusqu'à - 78 % à 10 ans.
Les autres catégories
Elles répondent toutes peu ou prou à la même logique. Oui, les modèles premium, qu'ils soient coupé, cabriolet, gros SUV, SUV urbains, breaks ou monospaces, décotent TOUJOURS moins vite que les modèles généralistes.
Il y a cependant quelques exceptions. Par exemple dans les marchés de niche, où les modèles généralistes sont absents. Nous voulons parler par exemple des grandes routières à moteur V8 ou V10. Des sportives surpuissantes du type Audi S ou RS, des BMW M 2/3/4/5, etc. Des Mercedes AMG.
Pour ces modèles, on peut parfois atteindre des décotes extrêmement importantes.
Par exemple, nous avons déniché une Audi RS6 Avant 560 ch Quattro, de 2015, affichée à 48 000 €. Son prix neuf hors options était de 126 000 €, mettons 135 000 € avec quelques options (une fourchette basse pour ce genre de modèle), et cela donne une décote de - 65 % pour un modèle de 6 ans ! Bien plus que pour les modèles de la gamme classique.
Autre exemple, une BMW Série 7 740i 326 ch en finition Exclusive, de 2011 certes, et 179 000 km, mais affichée à 18 990 €, quand son prix neuf hors options était de 97 000 €. Si on tient compte de 10 000 € d'options, là encore une fourchette basse pour cet engin, on arrive à une décote de 82 % ! Soit autant qu'une Renault Latitude de 10 ans également...
Pour finir, une Jaguar XJ 3.0 Diesel Portfolio , de 2019, 25 000 km, vendue neuve hors options 99 300 €, se retrouve à 56 000 € en annonce, soit - 44 %, sans tenir compte des éventuelles options, ce qui pourrait amener à une décote de 50 % en 2 ans ! Digne des pires généralistes donc...
Et on peut répéter ces exemples à l'envi. Sur ces modèles particulièrement, la perte financière, que ce soit en pourcentage ou en euros sonnants et trébuchants, est très élevée, et rapide.
A contrario, des modèles généralistes, voire low cost, décotent moins que des premium. En tout premier lieu les Dacia, comme la dernière Sandero, ou le Duster, qui décotent encore moins que leurs homologues.
Cela veut-il dire que l'on perd moins d'argent avec un modèle premium ?
La question peut paraître stupide, puisque l'on vient de démontrer que les modèles premium décotaient moins. Mais ce n'est pas si simple.
En effet, il faut tenir compte de deux choses : le prix réellement payé en neuf. Et le prix initial duquel part la décote. On s'explique.
1/ Le prix réellement payé : faute de savoir quel est le rabais obtenu par tout un chacun en neuf, qui dépend des talents de négociateur, mais aussi des offres commerciales du moment, nous avons calculé les décotes par rapport au prix du neuf catalogue, dont nous savons pertinemment qu'il ne veut plus dire grand-chose (bien que de nombreux constructeurs ferment les robinets de ce côté-là).
Or, si vous avez obtenu déjà - 15 % de rabais sur le prix catalogue, la décote est réduite d'autant (en schématisant). Et l'on sait que les constructeurs généralistes, Renault en tête, ont une politique de remise assez généreuse depuis des années. A contrario, les marques premium vendent à un prix généralement plus proche du prix catalogue, même si des offres et rabais sont toujours possibles.
2/ Le prix duquel part la décote : c'est mathématique, une décote de 20 % sur un prix de base de 20 000 € (soit 4 000 €) n'est pas la même que sur un prix de base de 30 000 € (soit 6 000 €). Pour schématiser, encore une fois, un possesseur de Renault Talisman qui revend 15 000 € sa voiture payée 30 000 € en réalité, subit une décote de 50 % et perd 15 000 "vrais" euros. Il ne perd donc en réalité pas plus qu'un vendeur de BMW Série 3 qui revend 25 000 € sa voiture payée 40 000 €, alors que la décote n'est que de 37,5 %.
La perte financière réelle, au-delà du pourcentage de décote, est donc à apprécier au cas par cas.
LE BILAN
Le constat est implacable. Non, ce n'est pas un cliché. Oui, les modèles premium décotent moins vite que les modèles généralistes, parfois dans de très grandes proportions. Il peut y avoir parfois plus de 20 % d'écart entre un modèle allemand, par exemple, et un modèle français, ou même généraliste allemand. C'est très vrai pour le trio de marques allemandes, un peu moins pour Volvo, Alfa Romeo ou Lexus, que nous avons étudié mais peu évoqué dans cet article. Et faux pour jaguar, qui décote beaucoup en général, sauf ses SUV.
Pour autant, cela acté, cela ne veut pas dire que l'on va perdre moins d'argent au final avec un modèle premium. Premièrement parce qu'il y a des exceptions, mais surtout parce que le prix réellement payé est plus fortement remisé sur les modèles généralistes, et la décote calculée sur un montant plus élevé pour les premium. Au final, on peut donc perdre plus d'argent à la fin.
Mais... on aura roulé dans un véhicule premium, aux prestations supérieures (si, si, quand même, il faut être honnête), pendant ce temps.
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