Carlos Ghosn serait-il devenu philosophe ?
Dans une longue interview livrée à la chaîne Youtube Legend, l’ex-patron de l’Alliance Renault-Nissan revient bien entendu sur son arrestation et sa rocambolesque évasion. Mais il raconte également sa vie et son parcours, tout en citant Lao-Tseu, André Comte-Sponville et Montesquieu.

Bien sûr, dans cette longue interview qu’il a donnée à la chaîne Youtube Legend, l’ex-patron à la fin de carrière houleuse raconte avec force détails son arrestation et son évasion. Et il donne aussi son avis sur l’industrie auto, telle qu’elle va, ou plutôt telle qu’elle ne va pas. Mais il paraît moins vindicatif qu’à l’ordinaire. Carlos Gohsn serait-il enfin apaisé ?
On s’attendait à retrouver ses désirs de vengeance, de rancœur et de négativisme auxquels il nous a habitués à chaque apparition médiatique. Mais contrairement à ses précédentes interventions, le patron déchu de son trône cite Lao-Tseu, André Comte-Sponville et Montesquieu dans l’interview qu’il a donné à Guillaume Pley de la chaîne Youtube Legend.
Sept ans après son aventure nippone, son incarcération puis son évasion, l’homme a-t-il changé ? A-t-il accepté son sort et sa prison dorée libanaise dont il ne peut s’échapper car recherché par Interpol à peu près dans tous les pays hormis celui du cèdre ?
Il semblerait bien que son aventure s’estompe doucement. Évidemment, l’homme revient sur son arrestation, raconte la machine à broyer de la justice japonaise, « ou l’on est présumé coupable d’emblée ». Il raconte aussi son évasion spectaculaire, confiant à Legend, qu’elle a coûté « plusieurs millions ».
Il a bien sûr pris un risque en quittant le pays dans une malle, mais explique, en citant Montesquieu, « que le bonheur c’est simplement l’absence de malheur » et qu’au Japon, durant son incarcération, ou sa résidence surveillée, il n’a pas vécu une seconde de bonheur. « Échouer c’était juste retrouver le malheur ».

Et s’il ne rentre pas dans les détails sur ses relations, houleuses, avec la France, laissant juste entendre que le pays l’a lâché, il rend tout de même, et assez étonnamment, un hommage à Arnaud Montebourg, à Bercy en 2014.
Il conclut l’interview, toujours aussi philosophiquement, en évoquant ses regrets. Celui de ne pas avoir suivi le conseil de ses enfants, qui lui suggéraient de ne pas renouveler son mandat à la tête de l’Alliance en 2018, et celui de Barack Obama dix ans plus tôt, qui le voyait bien à la tête de General Motors après la crise des subprimes.
Mais pourquoi, au-delà du temps qui passe, Ghosn est-il devenu ce sage face aux questions de Guillaume Pley ? C’est peut-être en raison du format particulier de cette émission qui, pendant plus d’une heure, laisse la parole, sans aucune contradiction, au franco-libano-brésilien, ce qui est impossible sur une chaîne TV classique.
Sur Legend, tout le monde le vaut bien
Mais ce long format, et ce manque de contradiction, a également ses limites. Si dans le cas de Ghosn, l’autorégulation pratiquée par l’ex patron est plutôt de bon aloi, et lui permet de se livrer plus qu’à l’accoutumée, il n’en va pas toujours ainsi sur Legend qui reçoit sans discernement des politiques (Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin ou Édouard Philippe) comme des actrices du hard, des malfrats plus ou moins repentis, et même des personnages controversés comme Dieudonné.
Des invités qui, tous, peuvent se lâcher sans complexe, et sans le moindre recul de la part du présentateur-animateur-producteur aux plus de 3 millions d’abonnés d’une chaîne ou tous les interviewés ont la même valeur à ses yeux. Mais quand une information en vaut une autre, quelle qu’elle soit, c’est peut-être une manière de réduire sa valeur. Quelle qu’elle soit.
















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