Citroën BX 16 vs VW Jetta 1.8 : innovation française contre conformisme allemand, dès 2 000 €
Dans les années 80, on pouvait encore choisir entre des autos très différentes, tant par leur technique que leur architecture. Les Citroën BX et VW Jetta incarnent bien cette variété. Mais laquelle de ces familiales à la puissance équivalente préférer ?
Les forces en présence
- Citroën BX 16 (1982-1992) : berline 5 portes, 4-cylindres en ligne 1,6 l, 90-94 ch, 950 kg, 176 km/h, à partir de 2 000 €.
- Volkswagen Jetta 1.8 (1984-1991) : berline 4 portes, 4-cylindres en ligne 1,8 l, 90 ch, 930 kg, 176 km/h, à partir de 2 500 €.
Carl Hahn, l’ancien grand patron du Groupe VW, avait dit de la Citroën BX que c’était « la meilleure voiture du monde ». C’était peut-être ironique, mais toujours est-il qu’en Allemagne, on apprécie les voitures techniquement sophistiquées. La CX y a connu un certain succès, la BX aussi grâce à la fameuse suspension hydropneumatique. Cette familiale moyenne se signale aussi par sa praticité, due au large hayon arrière et à sa banquette rabattable. Ajoutons à ceci une ligne considérée comme très moderne lors de sa sortie en 1982, des moteurs performants, des prix raisonnables, et on obtient la recette d’un grand succès.
Pour sa part, la Volkswagen Jetta reste moins ambitieuse. En gros, il ne s’agit que d’une Golf ayant troqué son hayon contre un coffre séparé de l’habitacle et volumineux. Ça n’a strictement rien d’infamant tant la Golf II est une excellente voiture, qui a redéfini les normes de la catégorie des compactes à sa sortie en 1983. Par sa qualité de fabrication, son habitabilité voire son comportement routier. Des qualités que l’on retrouve dans la Jetta, même si la fiche technique de ces autos s’avère très conventionnelle. Avec sa grande malle arrière, la Jetta comble le vide entre la Golf et la Passat, donc entre en concurrence directe avec la BX. La voiture de M. Hahn peut-elle triompher ?
Présentation
Après avoir très mal accepté le rachat de Citroën par Peugeot, les ingénieurs du double chevron se mettent au travail en collaboration avec ceux du lion. Cela débouche sur une toute nouvelle plate-forme aux trains roulants inédits. En effet, la marque de Javel, pour la première fois, combine son système hydropneumatique à des jambes de type McPherson à l’avant, alors qu’auparavant, il s’agissait de bras superposés.
Pour le design, c’est Marcello Gandini qui est à l’œuvre, au sein de Bertone, et propose un dessin original. Certes, la célèbre maison italienne le révèlera de façon éhontée en 1979 sur le concept Volvo Tundra, mais cela n’ôtera rien à l’impact de la BX lors de sa sortie à la rentrée 1982. Cx de 0.34 (très bon à l’époque mais moins que celui de la GSA, qu’elle remplace), poids contenu grâce notamment à l’emploi de matériaux peu usités (hayon en plastique), nouveau moteur XU 1,6 l de 90 ch, la BX marque les esprits, d’autant plus que pour la 1re fois depuis la CX de 1974, Citroën présente autre chose qu’un modèle replâtré ou une Peugeot rhabillée.
Dans ses 4,23 m de long, la BX loge très dignement ses passagers, et bénéficie d’un coffre de 445 l, augmentable à 1 455 l banquette rabattue. La gamme va très vite se développer, et le 1,6 l des variantes RS et TRS passer à 92,5 ch en 1983 puis 94 ch en 1984. Cette année-là, la BX 16 TRS coûte 74 900 F (22 300 € actuels selon l’Insee), bénéficiant de série des vitres avant électriques, du compte-tours, du siège conducteur réglable en hauteur voire de l’accoudoir arrière.
Autant de raffinements interdits à la 16 RS (70 200 F). Sur les deux, la direction assistée et les vitres teintées demeurent en option. La TRS se signale aussi par ses vitres de custode fumées. Par la suite, la BX 16 va peu évoluer mécaniquement. En revanche, un gros restylage intervient à l’été 1986, qui banalise la face avant mais apporte un nouveau tableau de bord, mieux fabriqué et plus pratique. Fin 1989, de nouvelles retouches interviennent (feux arrière fumés, enjoliveurs inédits, appellations revues) puis la BX s’en va en 1993, remplacée par la Xantia. Plus de 2,3 millions d’exemplaires seront fabriqués : sacré succès.
L’appellation Jetta date de 1979 chez VW, et désignait déjà une Golf à coffre séparé. La compacte de Wolfsburg est totalement refondue en 1983, et dès janvier 1984, elle se complète, là encore d’une variante à coffre Jetta. Plus longue (4,31 m contre 3,98 m), celle-ci s’alourdit d’environ 70 kg mais voit sa malle passer de 345 l à 575 l. Énorme ! Pour le reste, la Jetta est identique à la Golf, à la calandre près : ses projecteurs sont trapézoïdaux et non plus circulaires. Elle en récupère donc les trains roulants classiques (jambes McPherson à l’avant, essieu de torsion à l’arrière) ainsi que les moteurs.
Si la Golf réserve initialement le bloc 1,8 l de 90 ch à sa version haut de gamme Carat, hors de prix, la Jetta le propose aussi sur une variante intermédiaire GL, facturée 70 200 F (21 000 € actuels selon l’Insee). La dotation se révèle intéressante : 4 vitres électriques et teintées, fermeture centralisée, compte-tours, siège conducteur réglable en hauteur… La direction assistée reste en supplément.
Dès 1985, une version simplifiée S est proposée, tandis qu’en 1987, une mise à jour intervient. Exit les déflecteurs de vitre avant, nouveau volant, revêtements internes revus, grille de calandre modifiée, rétroviseurs replacés vers l’avant… Dernière salve d’améliorations fin 1989 quand la Jetta adopte de gros boucliers dans ses versions supérieures (dont la GL). En 1991, la GL devient GLX (direction assistée en série) puis disparaît en 1992. Quelque 1,7 million d’unités ont été produites, sachant que la Jetta s’est vendue aux USA, où elle plaisait plus que la Golf. Pas mal pour une dérivée au gros popotin !
Fiabilité/entretien : une VW plus simple et robuste
Si la BX a connu quelques soucis ennuyeux en début de carrière (rouille prématurée du berceau moteur, risques d’incendie dus au carburateur), ils ont été vite résolus. De sorte que la Citroën profite d’une endurance mécanique enviable, son bloc XU étant du genre increvable, même si des séries de segments défectueux ont été montées provoquant des casses prématurées. Normalement, tous ces blocs ont disparu. Pas de souci outrancier non plus côté électricité ni boîte, tandis que la carrosserie s’avère bien protégée contre la rouille, même si, vu l’âge, celle-ci aura pu faire des dégâts.
Risible sur les premières séries, la finition devient très convenable des 1986 : on peut trouver des BX de plus de 180 000 km en bel état d’origine qui n’ont jamais été restaurées. Voilà qui cloue le bec à ceux qui ne voient en elle qu’une bête à chagrin ! Les soucis viennent de la suspension, encline aux fuites si elle a été mal entretenue, et au train arrière dont les bras ont tendance à gripper. Les vitres de custode fumées vieillissent fort mal, elles ont d’ailleurs été supprimées en fin de carrière.
Conçue à une époque où Volkswagen pensait qualité avant prix de revient, la Jetta est une auto très bien construite, donc vieillissant fort bien, et en tout cas mieux que ses rivales. Ses pannes récurrentes sont rares et peu graves : membrane de starter automatique qui se perce, roulements de roue peu endurants, moteurs de vitres électriques faiblards…
En dehors de ceci, RAS sur les autos ayant bénéficié d’un bon entretien, ce qui est plus facile que sur la BX car la Jetta est techniquement classique. Comme la Golf II, la Jetta résiste efficacement à la corrosion, qui intervient très tard. Évidemment, celle-ci méritera une inspection, vu l’âge de la voiture, par ailleurs capable de 300 000 km sans avarie majeure. L’habitacle vieillit nettement mieux que celui de la BX.
Avantage : VW. La BX a beau se montrer plus robuste et bien mieux vieillir que ne le veut sa réputation, elle ne peut rien contre la Jetta, à la qualité de haut niveau.
Vie à bord : largesses françaises
La BX accueille ses passagers dans des sièges moelleux et leur offre un bel espace, en longueur comme en largeur. En finition TRS, l’équipement est très correct pour l’époque, surtout que la sono optionnelle offre une prise jack pour brancher des écouteurs. Évidemment, il ne faudra pas regarder la finition de trop près, surtout en phase 1. De ce point de vue, la phase 2 est nettement plus convaincante. L’ambiance à bord est à la fois typée et douillette.
La Jetta n’a pas tellement à rougir face à la BX en matière d’espace à bord, même si elle marque très légèrement le pas. Lumineux, son habitacle n’en demeure pas moins aussi gai qu’un matin pluvieux dans une Ruhr automnale, alors que les sièges se révèlent fermes, surtout à l’arrière. Heureusement, la finition ne souffre pas la critique, entre matériaux robustes et montages solides, tandis qu’en GL, l’équipement se révèle très intéressant.
Avantage : Citroën. Plus spacieuse, confortable et chaleureusement présentée, la BX prend le dessus de justesse sur une VW mieux finie et équipée.
Sur route : plutôt châssis ou moteur ?
La position de conduite apparaît un peu haute dans la Citroën, mais en réalité, elle se révèle agréable de par le point de vue qu’elle offre sur la route. Le grand pare-brise apporte une visibilité fort appréciable. L’ergonomie n’est pas mauvaise, sur la BX phase 2, même si l’autoradio s’implante trop bas. En tout cas, le siège, mou mais pas sans maintien, se montre plaisant. Ferme en manœuvre, la direction s’allège quand on roule et démontre une excellente précision.
Le châssis apparaît équilibré et prévisible en toutes circonstances. Si la BX manifeste une petite sensibilité au vent latéral, sa suspension préserve la belle tenue de route quels que soient la météo et l’état de la chaussée, tout en garantissant un confort étonnant. Attention, la pédale de frein manque de progressivité. Le moteur ? Souple, il se montre plutôt vif et sonne plaisamment tout en garantissant des performances encore tout à fait acceptables. Bien insonorisée, sûre, confortable et alerte, la BX ne manque pas d’arguments.
Et la Jetta ? Elle fait mieux que se défendre. Sa position de conduite ne suscite aucun reproche et l’ergonomie étonne, tant tout est à sa place. Ferme, le siège n’en maintient pas moins très bien le corps. En manœuvre, la direction est très ferme et à froid, la première refuse parfois de s’enclencher. Mais, dès qu’on roule, tout s’arrange, la VW séduisant par sa tenue de route efficace, et sa précision irréprochable, ce qui la rend amusante.
Mais attention, en virage, il faut toujours être en accélération passé le point de corde, sinon la poupe pourra surprendre. De surcroît, l’amortissement trop mou engendre un phénomène de pompage quand l’auto est en appui. Rien de méchant cela dit. Le moteur est remarquable : ultra-souple et doux, il ne demande qu’à monter en régime, tout en offrant de belles réserves de couple importantes, de sorte que malgré la longueur de sa 5e, la Jetta reprend toujours vivement. La commande de boîte est très plaisante, mais le freinage moins mordant que celui de la BX. Son efficacité demeure, cela dit, similaire.
Avantage : Citroën. Imperturbable ou presque, toujours confortable et jamais piégeuse, la BX dame le pion à la Jetta pourtant mieux motorisée.
Budget : des youngtimers sympas et pas chers
La Citroën BX, malgré l’engouement récent dont elle bénéficie, reste très abordable. On trouve des 16 à 2 000 € en très bon état et au kilométrage encore raisonnable (moins de 200 000 km). Et à 2 500 €, on en déniche même qui affichent moins de 100 000 km.
Quant à la Jetta, elle profite de l’attrait exercé par les youngtimers badgés VW. À état comparable, elle coûtera aisément 500 € de plus que la BX, et à un kilométrage plus élevé. Le plus compliqué sera d’en trouver une d’origine, les amateurs ayant la manie de les rabaisser. Avantage de l’allemande sur la française : elle consomme 0,5 l/100 km de moins en moyenne : 7,0 l/100 km contre 7,5 l/100 km.
Avantage : Citroën. La BX sera toujours un peu moins chère que la Jetta à état équivalent, ce qui lui vaut la victoire, certes courte car l’allemande consomme légèrement moins.
Verdict : l’originalité paie
Carl Hahn ne s’est pas trompé : la BX est bien une excellente voiture, un poil meilleure ici que la Jetta équivalente même près de 40 ans après leurs présentations respectives. Tenue de route, confort, praticité, tout ceci est à l’avantage de la française. L’allemande dispose cela dit d’un meilleur moteur et d’une fabrication plus solide, sans rien concéder côté efficacité dynamique. Mais elle est moins sûre à la limite et plus chère.
Au final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | VW |
Vie à bord | Citroën |
Sur la route | Citroën |
Budget | Citroën |
VERDICT | Citroën |
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