2. Essai Harley Davidson Fat Bob 2018 : Bob, il est fat, mais pas que
Fat Bob a bien évidemment une personnalité forte en gueule. On le découvre même capable de bien plus qu’on ne l’imagine de prime abord. Un peu comme si le petit gros du cour de gym se mettait à faire des saltos ou encore de la danse classique. Un Blues Brother en version Hard Rock, en quelque sorte. Costaud toujours, survitaminé, alerte et compact, il surprend dès les premiers mètres parcourus. Dès qu’on le relève de sa béquille, à dire vrai. Un coup de bassin depuis la selle basse (710 mm seulement) et le tour commence. Si de par l’emplacement de son ergot elle est difficile à déplier et à replier (un coup de pointe de pied à prendre), il ne reste plus qu’à profiter du démarrage sans clef pour lancer le moteur 114.
L’effet Harley est toujours présent. De ce battement indéfinissable ressenti intensément lorsque le bicylindre à énoooOooooormes pistons s’ébranle. La douceur et la force des battements, l’irrégularité du ralenti si travaillée, perpétuent l’identité HD, même s’ils sont eux aussi une nouveauté. Fat Bob est d’une subtilité rare et redoutable dans ce qu’il communique. En bon musicien, il compose la Bande Originale d’une ballade/balade. Sur une ligne de basse profonde, les percussion douces laissent émerger une chanson mélodique. Apparaît un riff de guitare électrique, avant que la puissance du coffre ne s’exprime avec harmonie et sans excès.
À chaque phase correspondent une poussée moteur, des vibratos et vibrations qui se cumulent. Il met l’ambiance. Avec un tel moteur et près de 1900 cm³, pas besoin d’en rajouter. Pas besoin de pousser au maximum ni d’aller chercher les 94 chevaux disponibles. Pour autant, la première pousse à près de 75, la seconde 110 et ainsi de suite. Jusqu’à la 6ème, l’une des plus souple que l’on puisse avoir sur un si gros bicylindre. Le caractère de Bob prend toute son ampleur. A 90 km/h, on regarde le compte tours. 2000 tr/min. 1000 tours/min plus tard, on est à 130… Il reste pourtant 3000 tr/min avant que l’on n’aborde la zone rouge. Voilà l’effet « 114 ». On tourne la poignée de gros diamètre, quel que soit le rapport, quelle que soit la vitesse, y compris à l’arrêt, on savoure l’histoire.
Fat Bob, on lui fat confiance. On sait déjà ce qu’il va nous raconter. Et on aime ça. Alors on passe rapidement les rapports, on profite du couple bien senti pour se rapproche de mi compte tours. On relance, dans une onctuosité rare. Avec Force. la brute douce à gros coeur agit autant qu’elle (s’)agite. La roue avant cherche en effet la stabilité de ses pneus à pavés, et opine du chef. Des mouvements ressentis jusque dans le guidon, participant curieusement au plaisir de rouler. Un guidon large et plat, de section variable, avec une immense section centrale. Une altère presque. Le poids en moins.
S’il a bel et bien perdu du ventre (petit réservoir), il n’a rien perdu niveau coffre moteur, bien au contraire. En mode balade, son filtre à air proéminent n’est pas aussi perturbant que la tête de culasse du cylindre arrière. Celle-ci entre régulièrement en contact avec la cuisse. A froid, ça va, à chaud, bobo ! Sur route, on remarque immédiatement l’incidence des pneumatiques sur le feeling. La position de conduite, sorte d’accent grave, courbe le dos, baisse la tête et tend les bras, en longueur comme en largeur. Dès que l’on dépasse le 110, autant dire que l’on se fait les abdominaux. Après tout, Bob est une muscle bike, et le revendique. Au guidon on s’en moque. On fend le flot de circulation. L’aisance en remonte file n’est pas forcément là, eu égard à la largeur du guidon, à la sensation de masse sur laquelle on est assis, mais… les files s’ouvrent à l’approche de Bob. De par sa sonorité ? Pas seulement : l’optique puissant le fait remarquer autant que sa forme impressionnante. Reste à se méfier du rétrogradage. A croire que chez Harley, on ne sort pas quand il pleut et que l’on roule toujours sur un revêtement parfait… L’énorme couple se manifeste immédiatement et sans filtre : la courroie parfaitement tendue y veille. L’assistance ? Elle est au bout de vos doigts, au sens propre. Dans la possibilité de maîtrise offerte et de par l’excellent retour d’informations. On apprécie du coup la régularité du cycle moteur, et la capacité des pneumatiques à rattraper les virgules, à l’accélération comme lorsque l’on relâche l’embrayage (amorti). Un Bob, ça demande de l’attention, ça surfe sur le fil, et c’est aussi cela son charme : le sans filtre intégral, sauf l’ABS, de série et de qualité. Gage de la progression de Harley dans le domaine, deux disques avant procurent d’excellentes informations et une puissance à la hauteur de leur mission. Même l’arrière est à même de déclencher son anti blocage. C’est dire s’il est mordant ! Fat Bob cultive ainsi l’assurance et la différence. Même s’il risque fort de surprendre...
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