2. Essai Kawasaki J300 2014 : Timide certes mais efficace
A l'approche du J300, la filiation Kawasaki est pour le moins évidente. La démarche marketing tourne à plein régime. Au moins pour la face avant. S'inspirant largement des optiques des ZX10 ou GTR1400, à ne pas en douter, on est bien en présence d'une Kawa.
La sensation est d'autant plus évidente dans cette version bicolore reprenant les coloris de l'actuelle Z1000. Optiques de phare à multi-réflecteurs proches des sportives de la marque, clignotants intégrés blancs, garde-boue avant de supersport, coque arrière avec un feu arrière inspiré des roadsters sont les éléments qui distinguent le Kawasaki J300. Et ça marche !
En s'installant à bord du 300, on retrouve une instrumentation complète et soignée.
Tachymètre à gauche, compte-tours à droite, tous deux optent pour un affichage analogique - avec un bleu du plus effet la nuit - qui incorpore les voyants d'usage, notamment les témoins d'ouverture de la selle, de charge batterie, de passage en réserve d'essence, de désactivation d'ABS et de rappel d'entretien… Au centre, un écran multifonction complète les informations. On y trouve deux jauges à segments, l'une pour le carburant, l'autre pour la température moteur, le kilométrage total, les deux totalisateurs journaliers, et une horloge. Trois boutons placés en deçà de la fenêtre digitale, difficiles à manipuler, permettent de modifier les modes d'affichage, la remise à zéro des deux trips partiels se pilote par un curseur situé en dessous de l'écran.
A gauche du tablier, est implanté un petit rangement dissimulant une prise 12 volts. Son ouverture sans clé permettra sans doute d'y mettre un téléphone portable (pour ceux tête en l'air comme moi, juste le truc à éviter d'emblée sous peine de ne jamais plus le retrouver) et une carte bancaire pour les péages. A noter que c'est le seul rangement de ce scooter autre que le coffre de selle. Même si on situe dans le « tout plastique », et hormis quelques petits détails d'assemblage, la finition est plus que correcte dans cette version SE (facturée 150€ de plus que la version de base). Le crochet au centre du tablier permettra de fixer une sacoche de petite taille, le tunnel central étant relativement volumineux. C'est sur ce tunnel que se trouve la trappe à essence cachant un bouchon à clé. Le dos de la trappe dispose d'un emplacement pour poser ce bouchon le temps de remplir les 13 litres du réservoir. Pratique.
On retrouve également sur la droite, le contacteur, doté d'un volet anti-effraction, qui déverrouille aussi la selle. Sous celle-ci, dont l'ouverture est assistée par vérin, et luxueusement éclairée, vous logerez deux casques, un intégral et un jet. Ce n'est pas encore au niveau d'un Yamaha X-Max 250, mais c'est tout de même appréciable. Toujours concernant la capacité d'emport, le J300 possède également un spoiler arrière permettant la pose d'un top-case, via une jolie platine alliant alu brossé et noir mat.
Pour clore ce chapitre dédié à l'équipement, signalons encore la présence de deux béquilles de série – ce qui par les temps qui courent n'est pas un luxe chez les constructeurs - dont la latérale est munie d'un coupe-circuit. La mise en place de la centrale est très aisée car bien positionnée et ce scooter se révèle malgré ses 191 kg d'une légèreté surprenante pour qui redouterait cette manœuvre.
Niveau technique, le J300 est équipé de série de l'ABS et d'un répartiteur de freinage (à la poignée gauche).
Cadre tubulaire de type Diamond en acier, fourche avant de 37 mm, amortisseurs arrières ajustables en précharge sur 5 positions, le J300 fait dans l'efficace. Le tout épaulé par des disques pétales de 260 mm à l'avant et 240 mm à l'arrière, pincés par des étriers à double piston. Kawasaki déclare d'ailleurs avoir retravaillé le réglage des suspensions, tout en conservant les qualités dynamiques du scooter, notamment en mode sport.
La gestion du monocylindre de 299 cm3 a été repensée par Kawasaki, puisque si c'est bel et bien toujours le même monocylindre SOHC du fabricant taïwanais, sa puissance maximale est désormais ramené à 28 ch à 7 750 tr/min, alors que le Dink Street 300i Kymco annonçait 32,8 ch. à 8 000 tr/min. Le Kawasaki J300 est déclaré toutefois plus coupleux, avec une valeur maximale de 2,9 daN.m atteinte à 6 250 tr/min, contre 2,44 daN.m à 7 000 tr/min sur le Dink Street 300i.
On est donc tous d'accord sur un point. A priori, il s'agit donc d'un modèle Kymco de 2010 dont l'ergonomie et l'esthétique ont été revus et corrigés par Kawasaki.
Donc quand est il sur la route ?
Avec une hauteur de selle de 775mm, ce J300 est dans la norme pour un scooter de moyenne cylindrée. Bien calé par le dosseret d'une selle moelleuse, on est très correctement et rapidement installé à son bord. Seuls les plus grands seront peut être un peu gênés aux entournures. La selle est excellente. Elle offre un vrai maintien avec le confort similaire à un vrai fauteuil. Avec pour le passager une évolution par rapport au Kymco, puisque celui -ci dispose enfin de repose-pieds indépendants et de larges poignées pour son maintien.
Une fois compris qu'il faut vraiment tourner la poignée pour en avoir pour son argent, ce monocylindre exprime une vraie fougue au démarrage. Limite "canonesque" et digne de plus grosses cylindrées. Et tout ça , sans pour autant faire décrocher le pneu arrière sur sol mouillée, la traction étant sans reproche même sur sol mouillé. En effet, le J300 est exubérant dès les premiers tours de roues. Nerveux jusqu'à un petit 100 km/h, le moteur s'assagit par la suite en offrant une montée en régime constante et sans à-coup. Correct en reprise, le moteur vous sortira rapidement et surement de situations critiques du moins jusqu'à 110 km/ h. Ce J300 dispose d'une belle allonge, puisqu'il est capable d'afficher sur le plat, aisément les 150 km/h en cas de besoin. A ces vitesses totalement illicites, on constate que la hauteur du pare-brise est suffisante, déviant correctement les flux d'air au-dessus du casque.
Dernière qualité et non des moindres, le "J" s'est montré particulièrement sobre avec 4.6 l/100 km consommés sur notre essai. On peut ainsi aisément envisager plus de 250 km avec les 13 litres embarqués.
Avec ses roues de 14 pouces à l'avant et 13 pouces à l'arrière, le J300 affiche une tenue de route relativement saine. À basse vitesse, même si le train avant n'est pas des plus vifs, ce scooter se montre maniable et très facile à intégrer dans le trafic. D'autant que le rayon de braquage est excellent avec ses 4,75 m. En ville, hormis son gabarit généreux de 300 cm3, le "J" sait se faufiler sans effort et avec beaucoup d'efficacité. Mention très bien sur ce point. Par contre en mode rapide, si le Kawa se place avec précision en entrée de courbe, on sent clairement un léger flou au milieu du virage, dû soit - selon nous - à un mauvais accord entre la fourche et les deux combinés arrières. Ce flou retrouvé sur voies rapides dans des conditions certes difficiles (pluie avec rafales de vent) où de très légères sensations de louvoiement se sont fait sentir sur les changements de files. Question de feeling et d'habitude sans doute sur un modèle juste sorti des caisses aux réglages peut être à revoir. Pour autant, le J300 reste serein même poussé dans ses derniers retranchements.
Question freinage, avec un ABS de série s'il vous plait, c'est le système Bosch qui supervise la fonction. A la moindre prise de levier gauche un peu appuyé, il se déclenche à tout va. Alors on est d'accord, on ne plaisante pas avec la sécurité, surtout sur un commuteur. Mais question sensation et plaisir du feeling de conduite, c'est dommage. Oui, je vous entends déjà me dire, que nous ne sommes pas en présence d'une hypersport sur circuit qui veut battre un record de la piste mais tout de même, le dispositif conçu par Bosch se déclenche trop fréquemment. A l'inverse, la puissance de freinage est bluffante, et on se prend au jeu de freiner comme une brute. Sur le mouillé, on sent l'avant glisser très légèrement pour être immédiatement géré par le système. J'ai tout essayé, à aucun moment le système n'a montré ses limites. Un freinage de trappeur mais manquant cruellement de finesse.
Finalement, la plus grosse critique concernant le train avant, qui outre ce flottement dans certaines phases de pilotage, est au final trop ferme et rebondit exagérément à mon gout ; on aurait pu exiger plus de confort du moins de l'avant. A allure modérée et avec un pilotage souple, ce J300 reste sain, facile à inscrire en courbe, et ne rechigne pas à la tache. Plus touring que sportif, ce nouveau deux-roues ne pèche finalement par une fourche avant trop ferme qui n'amortit pas assez les irrégularités de la route. Sur route déformée, le scooter devient alors bien moins rigoureux surtout avec la poignée en coin. J'ai personnellement préféré les performances et la neutralité du Forza 300 dans cet exercice.
Edit : Après avoir évoqué cette sensation de flou du train avant, sur cette machine juste sortie des caisses, Kawasaki m'indique qu'effectivement le réglage des suspensions arrières lors de la présentation presse était légèrement différent de la machine essayée.
Qu'en conséquence, le réglage préconisé est de diminuer la recharge d'un cran. Un réglage donc plus souple que celui essayé sur cette machine. Merci à Kawasaki pour sa réactivité et précision.
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