Face au "danger de mort" de l'industrie automobile, l'Europe réagit
La Commission européenne a présenté son plan pour remettre l’industrie automobile sur la bonne voie. Flexibilité sur les émissions de CO2, verdissement des flottes d’entreprise, soutien à la production de batteries en Europe… Ce plan d’action manque toutefois d’éléments précis.

Lundi dernier, la Présidente de la Commission européenne a fait un geste envers l’industrie automobile en lissant sur trois années, au lieu d’une, la moyenne des rejets de CO2, sans pour autant remettre en question les objectifs initiaux. Cette mesure devrait être formalisée d’ici le mois de mars.
En attendant, M. Séjourné n’a pas mâché ses mots hier à la Commission européenne puisque l’industrie européenne serait en « danger de mort ». Pour autant, « la bataille du véhicule électrique n’est pas perdue ». Avec ce plan, « la Commission sort de sa naïveté, protège et organise la filière, lui donne la possibilité de gagner en compétitivité ».
En plus du répit accordé par Ursula von der Leyen, et malgré sa volonté de garder le cap, notamment sur l’interdiction de vendre des voitures neuves thermiques dès 2035, la clause de revoyure prévue initialement en 2026 est avancée au second semestre de cette année, puisqu’il n’y a « pas de temps à perdre ». Cette échéance de 2035 pourrait-elle être remise en cause ? Rien n'est moins sûr, mais les carburants de type e-fuel pourraient être autorisés, comme c’est le cas en Allemagne. Toutefois, ce carburant est encore très onéreux et ne s’adressera qu'à une certaine élite.
Miser sur les flottes d'entreprises
Avec 62 % des voitures vendues aux entreprises à l’échelle européenne, ces dernières ont un rôle majeur dans l’évolution du parc automobile. La Commission étudie « des obligations » pour « booster la demande ». Seulement, les désaccords au sein de l’Union ne permettent pas d’avoir un plan bien précis à ce jour. En revanche, une proposition de loi a été déposée à l’Assemblée nationale le 13 février dernier pour encourager le verdissement des flottes.

Il est prévu l’abaissement des obligations de verdissement aux entreprises dès 50 véhicules en parc en 2028, contre 100 actuellement. Selon Transport et Environnement, des objectifs d’électrification similaires à ceux de la France, mais à l’échelle européenne, permettraient d’amener « près de sept millions de VE plus abordables sur le marché des véhicules d’occasion d’ici 2035 pour les particuliers. » L’ONG précise également que « tout retard privera les fabricants de batteries et le secteur de la recharge de la garantie d’investissement dont ils ont besoin dans les années à venir. »
Ces fabricants de batteries, en grande difficulté à l’image d’ACC en France et de Northvolt en Suède, se retrouvent face à des producteurs chinois en surcapacité. La Commission souhaite mettre en place des subventions, mais aucun détail n’est pour le moment communiqué… La stratégie serait de créer des joint-ventures avec les fabricants de batteries asiatiques afin de profiter de leur compétence. Les firmes chinoises sont expertes dans ce type de partenariat, mais pas sûr qu’elles veuillent renvoyer l’ascenseur. Dans le même temps, Stéphane Séjourné désire que les véhicules électriques profitent davantage de pièces produites en Europe grâce à la mise en place des « exigences de contenus européens pour les cellules de batteries et certains composants des véhicules électriques vendus dans l’UE ».
Quant au développement des alternatives aux carburants et de l'infrastructure de recharge (près de 160 000 bornes en France), M. Séjourné a rappelé le renforcement des fonds dédiés avec une contribution de l'ordre de 570 millions d'euros.
Enfin, l’Europe souhaite une harmonisation des aides à la conduite pour développer au plus vite la voiture autonome. Le but : ne plus laisser le leadership aux États-Unis et à la Chine dans ce domaine.
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