La 2CV Burton est pensée pour ceux qui trouvent que c'était mieux avant
ESSAI VIDEO – Basé sur l’antique 2CV, l’étrange et minuscule petit roadster Burton coûte quasiment aussi cher qu’une Mazda MX-5 neuve, offre des performances modestes et fait beaucoup transpirer sur la route si vous la sortez par une belle météo estivale. Elle s’adresse aux plus réfractaires au progrès automobile, ceux qui trouvent que les normes et la technologie ont tout gâché.

« Comment ça, y a pas Apple Carplay à l’intérieur ? ». Si vous être susceptible de prononcer cette phrase en découvrant la Burton, fermez tout de suite cette fenêtre de navigation et abandonnez la lecture de cet article : il cause d’une voiture totalement incompatible avec vos attentes.
Ce tout petit roadster (long comme une Suzuki Swift et large comme un petit quadricycle sans permis) fuit totalement le monde moderne. D’ailleurs, ce n’est techniquement même pas une voiture neuve d’après sa carte grise, mais plutôt une vieille Citroën 2cv (de type AZKA ou AZKA-A) à la carrosserie différente. Avec un bicylindre à carbus de 602 cm3 répandant une bonne vieille odeur de sans plomb imbrûlé tout autour de la voiture lorsqu’elle fonctionne à l’arrêt, on aurait bien du mal à imaginer la Commission européenne autoriser l’homologation de ce genre d’engin sur le marché du neuf !
Et n’allez pas imaginer que cette 2CV recarrossée cache une mécanique sportive sous son plumage évoquant l’univers des petits roadsters à l’anglaise : on n’y trouve rien que du 100% « deuche » avec 29 chevaux au maximum dans les beaux jours…et une mécanique imposant un démarrage à l’ancienne avec appui prolongé sur l’accélérateur au moment de tourner la clé de contact pour éviter au moteur de caler.
Une curiosité d’origine batave
Vous connaissez sans doute déjà la Burton si vous suivez de près l’univers de la Citroën 2CV : elle date du début des années 2000 et vient des Pays-Bas où une petite société commercialise depuis 25 ans ce kit carrosserie qu’il faut « enfiler » à la plus connue des petites familiales de toute l’histoire de l’industrie automobile française. Il se trouve que le 2CV Méhari Club de Cassis (Bouches-du-Rhône), devenu le plus grand spécialiste mondial de la préparation et de la restauration des Citroën 2CV et des autres véhicules à la proche généalogie, commercialise désormais la Burton en France après avoir racheté la société.

L’exemplaire vert à intérieur orange que vous avez sous les yeux est, d’après notre interlocuteur du 2CV Méhari Club, le tout premier exemplaire de la Burton préparé dans leurs locaux. Rigolo à regarder, il se montre tout aussi drôle au moment de l’installation à bord puisque se glisser derrière le volant réclame presque les mêmes efforts que pour rentrer dans une monoplace de course. Ah, ça vous change des fameux SUV à l’assise haute !

Cette petite baignoire joviale rappelle un peu celle d’une Lotus Seven, jusqu’au moment des premiers tours de roue : dès lors, on se familiarise avec un groupe motopropulseur de Citroën 2CV comprenant la boîte de vitesses originelle à quatre vitesses (première en bas). Cette boîte prend un malin plaisir à craquer un peu pour obliger à une décomposition impeccable, alors que la direction non assistée devient physique dès que le train avant se charge dans les virages. Pédale de droite écrasée à fond, la Burton se propulse à son rythme : 70 km/h au maximum dans les grosses montées mais plus de 110 km/h tout de même sur l’autoroute plate en doublant les camions (dont le souffle fait bouger un peu la caisse). Même sans risquer de perdre son permis de conduire (et encore…), on transpire et j’avoue qu’on s’amuse, même avec des freins donnant des sueurs froides la première fois qu’on les actionne.

Une autre forme de plaisir mécanique
Ne confondez surtout pas la Burton avec une Lotus Seven ou même une Morgan : sa direction floue et son comportement dynamique renvoient vraiment aux autos populaires de la fin des années 60, même si la voiture bénéficie tout de même d’une suspension rabaissée par rapport à la 2CV donneuse. Elle pèse aussi « environ 600 kilos » sur la balance, ce qui ne suffit pas à lui donner un rapport poids-puissance canon. Pourtant, on finit aussi par éprouver un certain plaisir à la malmener dans les lacets d’un col de montagne. Et surtout, la Burton parvient avec sa mécanique très simple et sa conception antédiluvienne à rester sensationnelle quelle que soit la vitesse.

Elle peut aussi réserver de drôles de surprises, comme un câble d’accélérateur déconnecté de la pédale (vice bien connu des 2CV), qu’il suffit de remettre soi-même en quelques secondes. Chaque tour de roue en Burton constitue une aventure et c’est sans doute là le but principal de cette machine qui défie totalement les normes actuelles.

A partir de 25 000€ la voiture complète
Attention, cette Burton demande tout de même 25 000€ au minimum ou jusqu’à 30 000€ selon les options de personnalisation proposées (types de jantes, finition de la sellerie…), soit quasiment le prix d’une excellente voiture de sport contemporaine comme la Mazda MX-5 aux performances et au confort autrement plus actuels. Elle ne s’adresse pas aux gens comme moi qui rêvent d’Alpine A110 et encore moins à ceux qui raffolent des grands écrans et des SUV au look « sportif ». Mais il semble exister une petite clientèle pour ce genre d’engin totalement anachronique, que le 2CV Méhari Club espère servir au rythme de quelques unités par an. Si vous pensez vous aussi que c’était mieux avant et que vous cherchez un moyen de ne pas vous ennuyer sur la route aux vitesses légales, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
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