Les pépites du Mans Classic 2025 : Hommell Berlinette Echappement
Rendez-vous de passionnés s’il en est, le Mans Classic ne peut qu’accueillir des autos de puristes, ce dont la Berlinette Hommell est une incarnation chimiquement pure. Une voiture née d’un pari fou, comme on n’en verra plus…

Au début des années 90, on gagne encore sa vie dans la presse. Tout se vend ! Conséquence, les éditeurs gagnent de l’argent, et Michel Hommell, propriétaire du magazine Echappement se prend à rêver à autre chose que du papier. Au restaurant, il tombe d’accord avec le rédacteur en chef de son hebdomadaire : allez, ils vont créer de toutes pièces une descendante de l’Alpine Berlinette, qu’ils révèrent. Dans un sondage paru dans Echappement, on demande aux lecteurs comment ils voient cette auto. Légère, dépouillée et dotée d’un moteur central, elle ne doit pas dépasser pas les 200 ch.

Gilles Dupré, qui fabrique déjà des monoplaces, élabore un châssis tubulaire avec son frère, puis on y installe des organes PSA, à commencer par le moteur 1,9 l 16 soupapes de 160 ch équipant les Citroën BX GTI 16S et Peugeot 406 Mi16. La voiture, baptisée Berlinette Echappement est présentée au Salon de Paris 1992, et convainc 12 passionnés de dépenser 250 000 F (un peu plus de 64 000 € actuels selon l'Insee) pour se l’offrir. Michel Hommell est enthousiaste : elle est donc viable. À Lohéac, où il possède déjà un musée (le Manoir de l’automobile), Hommell installe une petite usine, et dès 1994, la voiture est prête à être livrée.
Un road&track à la française
Destinée aux puristes, elle est tout de même conçue pour la piste et la route, un sacré défi car il a fallu l’homologuer, ce qui passe par des crash-tests. Pour satisfaire aux normes antipollution, le moteur est désormais le 2,0 l Acav de 155 ch, vu dans les Peugeot 306 S16 et Citroën ZX 16V. Comme il n’a que 980 kg à emmener, via une boîte 6 maison, les performances sont redoutables : 222 km/h en pointe, 1 000 m DA en 28,2 s et… des sensations pures. En 1995, les ventes étant convenables, on lance la Barquette, moins chère (199 000 F) et allégée de 40 Kg face au coupé.

Plus radicale, elle se vend pourtant presque autant que la version fermée, qui se voit modernisée en 1998. Nouveaux projecteurs circulaires, moteur porté à 167 ch, allègement de 30 kg, cette évolution badgée RS magnifie ses performances. En 2001, la Berlinette Echappement gagne le suffixe RS2, en voyant son moteur porté à 195 ch grâce à une préparation signée Danielson. Mais les temps ont changé, les normes se durcissent, la presse se vend moins et Hommell en a assez de ne pas gagner d’argent avec sa voiture. La production s’arrête en 2003, signant la fin d’une belle aventure franco-française qui aura duré plus de dix ans.
Plus qu'un succès d'estime
En tout, l’Echappement s’est écoulée à 67 unités, la Barquette à 52 unités, la RS, à 63 unités et la RS2 à 46 unités. Plus 4 prototypes. Cela donne une production totale de 242 voitures en neuf ans. Plutôt estimable pour un projet totalement artisanal, imaginé dans un restaurant et conçu avec très peu de moyens. Avec l'aide d'un grand constructeur, l'Hommell aurait pu devenir une Lotus Elise à la française ! Aujourd’hui, vu la profusion de normes et la déconfiture de la presse, il semble totalement impossible ne serait-ce que d’imaginer relancer une auto thermique aussi radicale en France. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir…

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