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PSA et FCA-Fiat-Chrysler mariés dans l’année ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Carlos Tavarès l’a déclaré lui-même au salon de Genève : « tout est ouvert ». PSA (Peugeot, Citroën, Opel, DS) et Fiat-Chrysler vont-ils se rassembler en un seul groupe ? Quelles seraient les conséquences d’une telle méga-fusion ? Petit exercice de prospective.

PSA et FCA-Fiat-Chrysler mariés dans l’année ?

La rumeur ne date pas d’hier. Mais au vu des résultats historiques de PSA en 2018, et de ses près de 3 milliards de bénéfices, il était tentant de la remettre sur le tapis et d’interroger son patron sur ses envies d’expansion. Ce que des journalistes rassemblés devant lui ont fait à Genève la semaine passée. Et à la question d’un éventuel rapprochement avec FCA Fiat-Chrysler, Carlos Tavarès n’a pas botté en touche, déclarant « tout est ouvert, si on gagne de l’argent, on peut rester maître de son avenir, on peut rêver de tout ».

De tout, et même d’un grand groupe automobile regroupant Peugeot, Citroën, Opel, DS, Fiat, Alfa, Maserati, Chrysler, Jeep, Ram Trucks, SRT, Zastava, Mopar et Dodge. 15 marques, rien de moins. Volkswagen et ses 11 blasons n’ont qu’à bien se tenir. Dans la même conversation, le patron de PSA a tout de même indiqué « ne pas être en recherche active de partenaire ». En clair : « je ne suis pas mort de faim, et je laisse venir à moi ceux qui souhaitent vendre pour rester maître de la négociation. »

Ces signaux de fumée, Tavarès les avaient déjà envoyés à FCA au cours du dernier Mondial de l’Auto en octobre 2018. Mais à l’époque, Fiat-Chrysler venait de perdre son emblématique PDG Sergio Marchionne, disparu au cours de l’été, et tentait de se retrouver une gouvernance. De son côté, PSA ne laissait pas encore éclater sa réussite. Aujourd’hui les temps ont changé et le rapprochement pourrait bien se réaliser.

Back in the USA

Mais au fait, qu’est-ce que PSA pourrait bien aller faire dans cette galère ? Voilà une maison qui va bien (beaucoup mieux qu’il y a cinq ans) et qui a encore fort à faire pour redresser Opel et mettre DS en orbite. Alors pourquoi s’encombrer de toutes ces nouvelles marques dont certaines ne valent pas tripette ? Pour de nombreuses et bonnes raisons. Le problème du groupe français, c’est l’exiguïté de l’Europe, ou il réalise la très grande majorité de ses ventes. En plus, le marché du vieux continent est l’un des plus compliqué au monde. À ses normes antipollution draconiennes s’ajoute une clientèle trop friande de petites voitures, celles-là mêmes qui ne rapportent pas grand-chose à celui qui les produit.

DS7 Crossback, ambassadeur de France en Chine
DS7 Crossback, ambassadeur de France en Chine

Pour en sortir, le groupe tente la Chine, avec un succès disons, d’estime, mais aussi l’Inde pour Citroën. Chacun son pays ou son sous-continent et pour Peugeot, ce sera l'Amérique : le retour aux US est programmé. Après 30 ans d’absence, le lion va donc retrouver les grandes plaines. Mais sur la pointe des griffes : d’ici 7 ans et peut-être dans quelques états seulement.

En tout cas, la direction du groupe reste plutôt évasive au sujet de ce débarquement. Peut-être dans l’attente d’une fusion avec FCA qui viendrait régler ses problèmes de visa pour l’Amérique. Avec Chrysler, Jeep et consorts dans son cabas, le problème du retour aux États-Unis serait réglé et Carlos Tavarès pourrait se sentir chez lui à Detroit.

L'Italie, talon d'Achille

Sauf que FCA n’a pas que le goût de l’Amérique. Dans son giron, il y a toujours une bonne tranche d’Italie. Et elle n’est pas au mieux. Si de nombreux postulants, Chinois ou Coréens, y compris du temps de Marchionne, étaient candidats au rachat, ils souhaitaient s’offrir les fleurons US, et laisser les marques italiennes aux Italiens. Une découpe par lots qui a toujours fait achopper les tentatives de fusion. Un tout ou rien qui pourrait bien pousser PSA à s’offrir le tout.

Reste à savoir que faire de Fiat, Alfa Romeo et Maserati, Lancia étant dans un coma avancé. Alfa est sommé de monter en gamme vers un improbable premium sportif, et Maserati est forcé de redescendre vers un tout aussi improbable luxe premiumisé où seul Porsche sait aujourd’hui évoluer. Leur tâche est donc ardue. Les deux marques doivent être plus que consolidées et réclament des investissements consistants pour se refaire une santé et se constituer une vraie gamme. Mais rien n’est impossible à qui peut y injecter quelques milliards.

Fiat 124 Spider : le trop confidentiel roadster.
Fiat 124 Spider : le trop confidentiel roadster.

Reste le cas très particulier de Fiat. Entre une 500 qui doit à elle seule rentabiliser toute la marque, une tentative pas vraiment couronnée de succès de retour à la voiture populaire avec la Tipo, et une échappée pas vraiment réussie vers le sport avec la 124 Spider, la marque se cherche. Ce n’est plus de la gymnastique, mais un grand écart de positionnement. Et si PSA s’en mêle, Fiat risque d’être la marque de trop, concurrencée en interne par toutes les autres généralistes du groupe, en excluant Peugeot qui s’approche du premium.

Que faire dans ce cas de la Fabbrica Italiana Automobili Torino ?  La prolonger jusqu’à ce que la 500 finisse par tirer sa révérence, ou, peut-être, la transformer en ce que Philippe Warin, le prédécesseur de Carlos Tavarès, rêvait de faire de Citroën : une marque low cost, le chaînon manquant de la galaxie PSA (et de celle de la plupart des groupes mondiaux). Fiat condamnée à servir de rivale à Dacia ? Si l'affaire se réalise et que Carlos Tavares en décide ainsi, rien n’aura été épargné à la pauvre Italie, même pas le déclassement de sa marque historique.

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