Sirat : Mad max électro ou vanlife sous ecsta ?
Toujours à l’affiche, l’étrange film d’Oliver Laxe est un road movie dans le Sahara, traversé par des camions hors d’âge et des teufeurs fatigués. Mais c’est bien autre chose aussi : une expérience sensorielle jamais vue au cinéma.

Parfois, les titres de films sont approximatifs. Pas celui-ci. Dans l’Islam, le Sirat est un chemin, un pont qui enjambe l’enfer. Et les protagonistes du long-métrage d’Oliver Laxe, grand prix du jury à Cannes au printemps, vont l’emprunter ce chemin, quitte à tomber.
Sirat est un road movie, évidemment, une quête dans le désert, bien sûr, qui file vers pas grand-chose, vers une improbable rave dans le Sud marocain. C’est une avancée bringuebalante aussi, ou un vieux Peugeot Expert ruiné, celui de Sergi Lopez et de son fils, tente de s’accrocher aux wagons de vieux camions Mercedes T1 et 911 dans un tout aussi mauvais état.
Ceci n’est pas un film
Le père est à la recherche de sa fille, dont il est sans nouvelles depuis plusieurs mois et qui, peut-être, sera présente à cette fête au fin fond du Sahara espagnol. Quant à ses compagnons d’infortune, ils sont à la recherche d’on ne sais quoi, tant que c’est le plus loin possible
Leurs aventures ne constituent pas un film, c’est mieux que ça : une expérience visuelle et sensorielle. Jamais on n’avait filmé une équipée motorisée dans le désert comme le cinéaste franco-espagnol, dans cette virée de galères, d’hypnose et de musique électro, celle de David Letellier, alias Kangding Ray.

On pourrait se dire, à la description de cette affaire que l’on est encore une fois propulsé dans une espèce de film planant au rabais, un Grand bleu qui a remplacé l’eau par le sable. Mais, et heureusement, Oliver Laxe n’est pas Luc Besson et son Sirat nous embarque beaucoup plus loin qu’un cliché d’azur méditerranéen.
Ceci est une léthargie violente
Ce film sent la poussière et la sueur. Les drames lorsqu’ils surviennent sont aussi soudains que percutants, secouant un spectateur plongé dans une léthargie, un mirage désertique, à coups de paysages vides et violents, sur fond de guerre imminente et de champs de mines oubliés.
Sergi Lopez retrouvera-t-il sa fille ? On finit par ne même plus y penser, à oublier la trame de départ comme lui et les autres comédiens, tous amateurs, finissent par l’oublier. Punks à chiens estropiés, teufeurs cabossés, ils avancent et roulent vers le bout de l’humanité dans leurs cametards transformés en vans, jusqu’aux drames qui s’enchaînent. Comme eux, lorsque l’on va voir Sirat, on n’en revient pas.
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