Renault : aucune provision au titre de l'enquête sur le diesel
Gouverner c’est prévoir dit-on. Pour ce qui est des constructeurs automobiles dans la tourmente d’un « Dieselgate » initiée par Volkswagen, cette anticipation a pris la forme de « provisions » sur les comptes au cas où il faudrait faire face à des mauvais jours. Ceux-là peuvent s’annoncer lorsque certains signes avant-coureurs pointent à l’horizon. Par exemple un dossier transmis par une administration compétente à la justice. C’est le cas de Renault en France, qui se trouve par ailleurs sur une liste non exhaustive. Mais le losange est sûr de son fait. Alors pourquoi faire des provisions ?
Renault annonce aujourd’hui une bonne nouvelle. Le constructeur a rempli ses objectifs pour 2016 et affiche une marge opérationnelle de 6,4 %. Il présentera un nouveau plan stratégique en octobre. « Une très bonne année pour Renault » s’est satisfait le patron Carlos Ghosn en commentant les résultats annuels du constructeur français. Le groupe a publié une performance d'ensemble en nette progression, dépassant les objectifs de son plan stratégique « Drive The Change » présenté en 2011.
Cependant, quelques semaines auparavant, on apprenait que le parquet de Paris avait ordonné l'ouverture d'une information judiciaire visant la marque pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués", ajoutant comme circonstance aggravante que "les faits ont eu pour conséquence de rendre la marchandise dangereuse pour la santé de l'homme ou de l'animal".
Une situation judiciaire consécutive à une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), alimentée en partie par les conclusions de la commission d'experts indépendants mise en place en octobre 2015 par la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, après le scandale Volkswagen.
De quoi s’inquiéter ? Que nenni. "Aucune provision n'a été enregistrée au titre de l'enquête sur le diesel en France", a indiqué dans un communiqué le premier constructeur automobile français, à l'occasion de la publication de ses résultats financiers 2016. La directrice financière de l’entreprise, Clotilde Delbos, explique : "ce que ça coûte à notre collègue germanique, c'est principalement aux États-Unis. Si vous regardez ce que ça leur coûte en Europe, à ce stade, je n'ai pas vu grand-chose".
Une remarque qui confirme au passage qu’il vaut mieux être consommateur aux États-Unis qu’en Europe. Et la France est encore un cas à part dans cette procédure : "le sujet qui concerne Renault est principalement lié à la France, sur un dossier qui a été travaillé par la DGCCRF, dont nous ne connaissons pas le contenu, mais qui a été transmis au parquet et au sujet duquel nous n'avons absolument aucune information", a précisé la même responsable.
Elle termine sur Les Echos : "nous sommes très confiants, nous n'avons pas triché, nous l'avons dit, nous le redisons". Pour Renault, l'affaire est née "de l'interprétation de normes que d'un problème vis-à-vis de normes existantes". Enfin, le flou est encore trop grand pour s’en aller estimer quoi que ce soit. Or Renault n'a pas encore eu communication du dossier. Mais la conjoncture est suivie de près. La répression des fraudes a transmis au Parquet les dossiers de deux autres constructeurs : Fiat Chrysler, et le groupe français PSA composé de Peugeot, Citroën et DS. Le "dieselgate" a déjà coûté plus de 20 milliards d'euros à Volkswagen, soit six fois le bénéfice net publié par Renault.
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