Renault Laguna Coupé (2008-2015) : quand le losange devient gracile et agile, dès 6 500 €
Pour offrir un parfum très haut de gamme à sa Laguna de 3e génération, Renault en a tiré un coupé très fin mais pas totalement convaincant par sa ligne. Dommage, car le châssis est au top, et la qualité appréciable…
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Renault Laguna Coupé est-elle collectionnable ?
Dernier vrai coupé de Renault, cette Laguna jouit d’une ligne plus personnelle qu’elle n’y paraît. Quelle appréciable finesse en cette époque marquée par la surenchère criarde ! De surcroît, certaines de ses versions adoptent des roues arrière directrices qui les rendent remarquables d’agilité, alors que sous le capot, cette auto assez peu encombrante se dote de moteurs performants, le sommet de la gamme étant représenté par un V6 3,5 l également utilisé par la Nissan 350Z ! Un cocktail original qu’on ne retrouvera plus jamais chez Renault. À déguster en essence, pour le plaisir et la rareté.
Lancée prématurément en 2000, la Laguna II a été un échec extraordinairement cuisant pour Renault. La faute à des pannes graves et répétitives en début de carrière, qui obéraient complètement les grandes qualités de la voiture : tenue de route, confort, sécurité, équipement high-tech… Pour sa remplaçante, Carlos Ghosn, l’ancien grand patron de l’Alliance Renault-Nissan, annonce qu’elle se situera dans le top 3 de la fiabilité sur son segment. Mais ensuite, les erreurs marketing s’enchaînent. Si la Laguna II traîne une très mauvaise réputation en matière de fiabilité, pourquoi lui offrir une descendante qui lui ressemble beaucoup et porte le même nom ? En effet, quand elle sort en octobre 2007, celle-ci suscite tout sauf de l’enthousiasme, y compris chez les équipes de communication du losange (j’ai pu l’observer).
Et c’est bien dommage, car il s’agit d’une excellente voiture, basée sur la très réussie plate-forme de sa devancière, qu’elle modifie profondément pour plus de légèreté et de rigidité. Cherchant à monter en gamme, la Laguna III se dote d’un coupé, présenté sous forme de concept en même temps que les autres versions. Ce concept en évoque nettement un autre, dénommé Fluence et exposé en 2004.
Lancé dans sa définition de production au printemps 2008 et commercialisé en octobre de cette année-là, le coupé Laguna flatte la rétine, avec sa sobriété teintée d’originalité, due à l’équipe de Patrick Le Quément, alors à la tête du design Renault. Très élégant mais mal abouti, il abrite de surcroît de belles motorisations. Outre des 4-cylindres 2,0 l essence et diesels (170 et 205 ch d’un côté, 150 et 180 ch de l’autre), il reçoit des V6 d’origine Nissan, un 3,5 l essence de 240 ch et un 3,0 l dCi de 235 ch. Proposé de 31 900 € (35 845 € actuels selon l’Insee) en 2,0 l T 170 ch à 47 300 € (53 145 € actuels) en dCi 235 ch, le coupé est coûteux mais moins que ses rivaux badgés Audi A5 ou BMW Série 3 Coupé, tout en proposant un meilleur équipement.
Ainsi, toutes ses déclinaisons profitent de la clim bizone, des projecteurs au xénon, de la sono voire des 8 huit airbags. En haut de gamme, l’Initiale offre même la sellerie cuir, les sièges électriques, le GPS ou encore la hifi Bose. Surtout, la Renault abat une carte qu’elle pense maîtresse : les 4 roues directrices 4Control. Seulement, elles ne sont de série que sur les variantes GT, en option sur l’Initiale (2 000 € tout de même) et carrément indisponibles en entrée de gamme… Quelle idée !
Garantie 3 ans ou 150 000 km, elle cherche à rassurer la clientèle, mais hélas, la sauce ne prend pas. Son nom la dessert terriblement, tandis que son esthétique manque (de peu) le coche. La faute à des voies trop étroites, une assiette mal établie et une calandre simpliste, dessinée comme un coupe frites. Dommage ! Ajoutons que la finition n’a rien d’exceptionnel, le tableau de bord restant celui de la berline… Le coupé se vend donc mal, et les tentatives de relance de Renault n’y changeront rien (séries limitées, modifications de la structure de gamme…). Fin 2011, cette Laguna exclusive est légèrement restylée, alors qu’en 2013, les moteurs à essence sont supprimés, suivis du V6 dCi en 2014, sacrifiés sur l’autel du CO2. En 2015, cette Renault atypique disparaît du catalogue, sans connaître de remplaçante.
Combien ça coûte ?
Le diesel étant alors plus prisé que l’électrique actuellement, la Laguna coupé s’est très majoritairement vendue en dCi. De sorte que les versions à essence demeurent bien rares ! Par conséquent, elles jouissent d’une cote plus élevée. Comptez un minimum de 6 500 € pour une 2,0 l essence 170 ch frôlant les 150 000 km, et 500 € de plus en 205 ch 4Control. Ajoutez 2 000 € pour diviser ce kilométrage par deux. En V6, ce sera 9 000 € au bas mot, avec plus de 150 000 km au compteur, et 12 000 € pour que l’auto affiche moins de 100 000 km.
Quelle version choisir ?
Il n’y en pas de mauvaise, mais disons qu’une 2,0 l GT 4Control réalise un bon compromis entre performances, efficacité et prix.
Les versions collector
Ce sera la très rare V6 240 ch, surtout en parfait état et à moins de 50 000 km. C’est pratiquement introuvable !
Que surveiller ?
Renault ayant consenti des efforts méritoires, tout en utilisant des moteurs éprouvés, la Laguna coupé essence, tout comme la berline et le break, est une auto très fiable. Au moins autant que ses rivales allemandes à essence, même si elle s’avère moins bien finie. C’est l’électronique qui pose de petits soucis, notamment de fermeture centralisée ou de carte de démarrage, ainsi que la clim, les compresseurs rendant souvent l’âme prématurément. Autrement, pas grand-chose à signaler. Un bon bilan !
Au volant
Non seulement je ne suis pas fan de la ligne de la Laguna coupé, mais je trouve que son intérieur manque de cachet, puisqu’identique à quelques détails près à celui de la berline. Il se révèle néanmoins accueillant, suffisamment spacieux pour deux à l’arrière et bien assemblé, même si on fait aisément bouger à la main le prolongement de la console centrale séparant les sièges avant. Ceux-ci se montrent très confortables.
Sur cette 2,0 l GT 4Control, l’équipement est complet, tandis que le moteur, discret et allié à une boîte 6 agréable à manier, distille de bonnes performances. Ce n’est pas un rageur, mais, souple et volontaire, il s’acquitte fort bien de sa tâche, jusqu’à 6 000 tr/mn. Pour sa part, la suspension se montre un peu ferme, mais l’amortissement est bon et la caisse remarquablement bien tenue.
Et c’est tant mieux, car avec l’énorme adhérence et les roues arrière directrices, la Laguna passe vite, très vite en virage, en ne nécessitant qu’un minimum d’actions sur le volant. Une agilité, une vivacité et une sécurité hors pair ! Seulement, dans les virolos pris à 60-70 km/h, on ne sait jamais trop de quel côté les roues arrière vont braquer, tandis qu’à la limite, la Renault se montre surtout sous-vireuse, ne laissant aucune possibilité de jouer avec la poupe. Mais il faut y aller très fort pour s’en rendre compte ! Quoi qu’il en soit, son efficacité dynamique est une référence dans sa catégorie, sur tous les tracés, montagne, route et autoroute. Excusez du peu… Enfin, en usage courant, la Laguna Coupé GT se contente de 8,5 l/100 km : raisonnable.
L’alternative youngtimer
Renault Fuego (1980-1986)
Du bio-design avant l’heure ! À sa sortie, la Fuego étonne par sa ligne ultramoderne, très fluide, arrondie et aérodynamique. Elle annonce le style des Renault à venir avec sa bulle arrière, rappelant celle de la Porsche 924. Coupé 2+2 comme cette dernière, la française est moins chère et bien plus spacieuse, mais elle se contente de dessous primitifs : châssis dérivant de celui de la R12 (traction, moteur longitudinal, essieu arrière rigide), se dotant tout de même d’un train avant de R20 à déport négatif. Sous le capot, on retrouve le brave Cléon fonte 1,4 l (64 ch), le 1,6 l de la R16 (96 ch) et dès 1981, le 2,0 l Douvrin de la R20 (110 ch).
Agréable mais guère sportive, la Fuego remporte un succès honorable, sans plus. L’ajout étrange du 2,1 l turbo-diesel fin 1982 déconcerte la clientèle, qui n’y est pas préparée. L’auto pointe pourtant à près de 180 km/h, chose à peu près unique vu le carburant employé ! Surtout, fin 1983, la Fuego évolue. Adoptant un tableau de bord anguleux, elle abandonne le bloc 1,4 l et se pare d’un 1,6 l turbo de 132 ch ! Dépassant allègrement les 200 km/h, cette version n’empêche pas les ventes de chuter, les coupés passant de mode. En 1986, feu la Fuego en France, plus de 250 000 unités ayant tout de même trouvé preneur. Dès 2 500 €.
Renault Laguna Coupé GT 4Control 205 ch (2009) : la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 998 cm3
- Alimentation : injection, turbo
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), essieu de torsion en H, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, roues directrices, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, traction
- Puissance : 205 ch à 5 000 tr/mn
- Couple : 300 Nm à 3 000 tr/mn
- Poids : 1 428 kg
- Vitesse maxi : 232 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,6 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Renault Laguna Coupé, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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