Qui est Jean-Dominique Senard, nouveau président de Renault ?
Florent Ferrière , mis à jour
C'est officiel, Jean-Dominique Senard succède à Carlos Ghosn à la tête de Renault. Il a effectué toute sa carrière dans des groupes industriels français. Depuis 2012, il est président de Michelin.
Le conseil d'administration de Renault s'est réuni ce jeudi matin. Il a pris acte de la démission de Carlos Ghosn, qui était PDG du Losange depuis 2005 et a mis en place une nouvelle gouvernance. Les postes de président et de directeur général sont désormais séparés. Jean-Dominique Senard a été élu président du conseil d'administration, tandis que Thierry Bolloré a été nommé directeur général.
Jean-Dominique Senard était soutenu par le gouvernement (l'État détient 15 % de Renault). Il faut dire qu'il semble être le candidat idéal, avec de nombreuses qualités. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, les résumait ce week-end dans le JDD : "Jean-Dominique Senard a une compétence reconnue dans le secteur automobile. Chez Michelin, il a démontré sa capacité à réussir à la tête d'un grand groupe industriel et il a une conception sociale de l'entreprise à laquelle je suis personnellement attaché".
Né en 1953, Jean-Dominique Senard est un ancien élève d'HEC et est titulaire d'une maîtrise de droit. Il a intégré le groupe Total en 1979 puis a rejoint Saint-Gobain en 1987, avec différentes responsabilités financières et industrielles. En 1996, il a pris la direction de Pechiney, un groupe industriel français notamment spécialisé dans l'aluminium (et racheté en 2003 par le canadien Alcan).
C'est en 2005 qu'il a rejoint Michelin, en tant que directeur financier. Il est devenu président du Bibendum en 2012, supervisant le Comité Exécutif et les directions Corporate Juridique et Activités Digitales. Il est le premier chef de Michelin non issu de la famille Michelin.
Pour assurer la bonne santé du fabricant de pneumatiques, il n'a pas hésité à fermer une usine française en 2013, à Joué-lès-Tours, entraînant la suppression de plus de 700 postes. En contrepartie, 800 millions d'euros ont été investis pour le reste des usines tricolores. Le berceau historique de Michelin n'a pas été pas oublié, avec l'ouverture d'un nouveau centre de R&D au nord de Clermont-Ferrand. Mais Jean-Dominique Senard a surtout travaillé sur l'internationalisation de Michelin, en développant l'activité en Chine, en Inde et au Brésil.
Il est fort de bons résultats financiers mais est aussi très apprécié pour sa fibre sociale. Sous sa mandature, un représentant syndical est entré au conseil de surveillance du groupe. Certains le surnomment d'ailleurs "l'anti Carlos Ghosn", avec l'image d'un président plus proche, plus humain. Une qualité essentielle pour faire oublier Ghosn, dont les révélations sur sa situation fiscale ont pu agacer les salariés.
Jean-Dominique Senard s'est vu confier par le conseil d'administration "la pleine responsabilité du pilotage de l’Alliance pour le compte de Renault, en liaison avec le directeur général". Il sera l'interlocuteur principal avec Nissan et les autres partenaires de Renault. Son rôle sera notamment de travailler à une évolution des liens avec la firme japonaise. Il pourra aussi faire des propositions d'ici la prochaine assemblée générale sur une évolution de la gouvernance au conseil d’administration de Renault.
À noter que pendant quelques mois, Jean-Dominique Senard va cumuler, puisque Michelin n'a pas voulu bousculer son calendrier, et a fait savoir qu'il restera président de l'entreprise jusqu'à la fin de son mandat, en mai 2019. Des "procédures particulières" seront mises en place pendant cette période, notamment une baisse de la rémunération.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération