Road trip Alfa Romeo, Fiat, Abarth en Italie : Elégance et automobile à Monaco (reportage vidéo)

Les constructeurs les plus respectueux de leur passé s’emploient à préserver un maximum de témoignages de leur histoire. C’est louable, mais souvent incomplet. Il leur manque ce supplément d’opportunité, de volonté, de chance… ou de financement pour détenir les pièces les plus exceptionnelles. Celles-ci reposent pour la plupart dans les collections privées, chez les collectionneurs visionnaires, chanceux… et généralement aisés. Ces automobiles jalousement conservées à l’abri des regards sortent parfois de leurs repaires, notamment à l’occasion des concours d’élégance.

Ça tombe plutôt bien car ces manifestations se multiplient à la surface de la planète. Cette année, tandis que Chantilly accueillait la cinquième édition de Arts & Élégance, l’Automobile Club de Monaco organisait l’événement Élégance et automobile pendant le dernier week-end de juin.

Bien sur, la principauté faisait partie, dans les années folles, des villégiatures dont les abords des casinos et des palaces offraient des environnements propices à l’exhibition de toutes les élégances : de Deauville à la Villa d’Este en passant par Biarritz. La première « semaine automobile » de Monte-Carlo se déroula en mars 1921 ponctuée par différentes épreuves sportives et un concours d’élégance.

Puis l’événement était tombé en désuétude avant de renaître en 2019 à l’instigation de Christian Philippsen. Un expert en la matière puisque cet amateur éclairé fut à l’origine des somptueuses réunions de Stowe en 1990 et de Hurlingham en 1991, deux manifestations parrainées près de Londres par Louis Vuitton. Il participa aussi à la création du célèbre concours« Automobiles Classiques à Bagatelle » créé en 1988 à l’initiative du magazine éponyme.

Les organisateurs de Monaco sont parvenus à réunir un plateau exceptionnel malgré la concurrence regrettable de Chantilly, quelques-uns des collectionneurs les plus importants de la planète ayant préféré présenter leurs joyaux sur la Riviera. Après avoir vu les trésors détenus par Alfa Romeo dans son propre musée, il était encore possible de s’émerveiller devant d’autres oiseaux rares de la marque :

• Une 6C 1750 GTC Coupé spécialement carrossée par Touring pour participer aux Mille Miglia 1931 et 1932.
• Une 6C 1750 Gransport unique, dessinée par Figoni, exposée au Salon de Paris 1933 et récompensée lors du concours d’élégance de Monte-Carlo 1934. Habillée d’une caisse allégée pour courir les 24 Heures du Mans 1935, elle retrouva son style charmant aussitôt après la course !
• Une 8C 2900B Coupé carrossée par Touring en 1937, une des six produites, une autre se trouvant chez Alfa Romeo à Arese.
• Une 6C 2500 Sport Cabriolet réalisée en 1939 par Pinin Farina qui curieusement avait osé gommé la face avant traditionnelle d’Alfa Romeo.

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Alfa Romeo 6C 1750 GTC, 6C 2500 SS-Touring et 6C 2500 SS-Pininfarina

Ceci pour ne citer que les modèles de la firmes Alfa Romeo ; car sur les quarante-sept voitures présentées aucune n’était banale. Pas plus la Talbot-Lago T150C traitée en berlinette par Pourtout sur un dessin fulgurant de Georges Paulin, qu’une ATS 2500 GTS, pionnière du moteur central. Pas plus l’incroyable Stout Scarab, ancêtre de tous les monospaces, qu’une Ferrari 250 GT Europa spécialement élaborée par Vignale pour la princesse Liliane de Réthy…

Mais le grand public, que les grands nombres fait toujours rêver, préférait contempler l’une des trente-trois Ferrari 250 GTO originales que les commentateurs se délectent à présenter comme la voiture la plus chère du monde.

L’événement s’étalait sur trois journées. Le vendredi 28 juin 2019, les participants étaient invités à effectuer une belle balade dans l’arrière-pays, l’itinéraire reprenant la route mythique empruntée par la Sunbeam Alpine conduite par Grace Kelly, avec Cary Grant pour passager, dans La main au collet de Hitchcock. On se souvient que l’actrice américaine rencontra le prince Rainier, son futur époux, à l’occasion de la projection de ce film au Festival de Cannes en 1955.

Trève de romantisme, cette année, la canicule était tellement forte sur la route de la corniche que conducteurs et machines souffrirent, à l’instar de la Ferrari Modulo de James Glickenhaus victime d’un début d’incendie. Le samedi, les quarante-cinq voitures étaient réunies sur les terrasses du casino dans un décor Belle Époque qui leur sied. Aucune d’entre elles ne pouvait laisser indifférent que ce fût pour son pedigree ou pour son importance historique.

Le samedi, les concurrents étaient invités à défiler sur la place du Casino tandis que le lendemain, dimanche, ils se réunissaient devant le Palais Princier pour la remise des prix. Et nous, nous étions heureux d’avoir remporté le premier prix d’un concours de circonstances : qu’Élégance et automobile coïncide avec notre roadtrip.