Route de nuit - Une Delage à la campagne
Si Un dimanche à la campagne n'est pas le meilleur film de Bertrand Tavernier, son affiche présentait la particularité de mettre en avant une splendide Delage.
Il faut reconnaître nos penchants monomaniaques. Quand tombe une information, qu’elle soit joyeuse ou tragique, nous avons tendance à toujours y chercher un signe de l’omniprésence de l’automobile dans tous les recoins de la société.
Simple déformation de l’actualité à travers le prisme d’une passion.
Quand nous avons appris la disparition de Bertrand Tavernier, le 25 mars dernier, à l’âge de 79 ans, une image m’est revenue en mémoire : l’affiche de Un dimanche à la campagne sorti sur les écrans en 1984.
Ce n’est sans doute pas le meilleur film de ce fou de cinéma, féru d’histoire, mais c’est le seul qui mette une automobile au premier plan, en l’occurrence, un phaéton Delage qui roule dans un décor bucolique.
Irène (Sabine Azéma) est au volant. Emmitouflée sous un long voilage comme doit l’être une conductrice pour affronter le vent et la vitesse, elle promène son vieux père (Louis Ducreux). Le plan n’a l’air de rien mais il est pétri de symboles ; il dit beaucoup d’une soi-disant Belle Époque où conduire une automobile est pour une femme un signe d’iconoclasme dans cette France tranquille et bourgeoise du début du XX siècle. Les femmes qui conduisent y sont rarissimes et marginales. Il n’y a que quelques amazones émancipées pour chevaucher les mécaniques hurlantes et fumantes. Le nombre des conductrices restera longtemps dérisoire : en 1924, on ne comptera encore que 3,1% des permis délivrés à des conductrices.
Dans Un dimanche à la campagne, la Delage est un Type E de 1907, animé par un moteur monocylindre De Dion Bouton de 940 cm. Elle ne se contente pas de faire de la figuration.
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