Une étude le confirme : les piétons sont de vrais dangers sur la route
Plus d'un tiers des piétons ont un comportement à risque en traversant. Les effets d'un sentiment d'impunité ?
En 2020, 391 piétons ont perdu la vie sur les routes françaises. Ils ont représenté 15 % de la mortalité. Sans surprise, la majorité des accidents a lieu en agglomération. Les zones urbaines concentrent 67 % des piétons tués et 96 % des piétons blessés.
À qui la faute ? Aux automobilistes ? Ils ont évidemment leur part de responsabilités. Mais les fautifs sont aussi les piétons eux-mêmes. Une étude réalisée par OpinionWay pour MMA montre que les bipèdes ont souvent de mauvais comportements. L'enquête de terrain a été menée dans cinq grandes villes (Lille, Nantes, Lyon, Montpellier et Paris) au niveau de passages protégés où un accident a eu lieu ces dernières années. Plus de 2 100 traversées ont été observées.
Les jeunes particulièrement responsables
Bilan : 35 % des piétons ont un comportement à risque au moment de traverser. Parmi les éléments dangereux, le plus constaté est évidemment le passage au feu rouge piéton (61 %). Il y a aussi 30 % qui traversent en dehors des passages protégés et 29 % qui marchent avec le téléphone en main.
L'enquête montre que le piéton dangereux est plutôt masculin (58 %) et surtout très jeune (55 % ont moins de 30 ans). Les comportements à risque sont logiquement concentrés sur les tranches horaires où les Français bougent le plus, que ce soit pour aller au travail ou à l'école : 34 % des comportements à risques ont lieu entre 8 et 10 heures, 27 % entre 12 et 14 heures… et 50 % entre 16 et 18 heures. La Sécurité Routière a d'ailleurs renouvelé son appel à la prudence pour le passage à l'heure d'hiver : chaque année, elle constate une hausse des accidents en fin de journée à cause de la nuit qui tombe plus tôt.
Sur l'ensemble des traversées observées, 6 % ont donné lieu à un incident (un chiffre qui atteint 13 % à Paris) : conducteur du véhicule qui klaxonne ou interpelle le piéton, freinage brusque d’un véhicule (sans collision), conflit avec d’autres usagers… Parmi eux, 9 % des piétons avaient traversé au feu rouge, 9 % téléphonaient.
Une verbalisation inexistante
Dans le Parisien, Cécile Lechère, en charge de la prévention des risques routiers chez MMA, déclare qu'être piéton "n'est plus aussi simple qu'avant", car les sources de danger se sont multipliées. Il n'y a pas que les voitures, il y a aussi les trams, les vélos ou encore les trottinettes électriques. Le développement de ces modes de déplacements après les confinements, avec la création en urgence de "corona-piste", donne le sentiment d'une nouvelle jungle urbaine.
Au cœur de cela, les piétons sont évidemment très vulnérables, il n'y a pas de carrosserie qui va les protéger. Ils sont donc particulièrement en danger. Ils peuvent lourdement payer le prix d'une faute d'un automobiliste. Mais certains pointent aussi du doigt un sentiment d'impunité qui favorise les comportements à risque des piétons.
Au micro de RMC, Maître Rémy Josseaume, spécialisé dans le droit routier, estime que "les piétons font tout et n'importe quoi, et la verbalisation est inexistante". Pour lui, "on a sacralisé le piéton en lui faisant croire qu'il était prioritaire dans tous les cas". Un piéton qui ne respecte pas le Code de la Route risque une amende de première classe, à… 11 €. Pour l'avocat, c'est une somme "qui ne motive personne", à commencer par celui qui dresse le PV. En clair, policiers et gendarmes ne vont quasiment jamais verbaliser, préférant le rappel à l'ordre, qui marque moins les esprits que la lourde amende à payer.
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