Lorsqu'on discute avec les personnes de McLaren, on se rend compte qu'ils sont à l'écoute de tout ce qui se dit sur leur auto. Ils ont donc parfaitement intégré les premières critiques et ont réagi. On m'explique d'ailleurs que des ingénieurs arrivés à Woking en provenance de Maranello ont expliqué que le cahier des charges de la 458 contenait une clause bien précise : tout client qui essaie une 458 doit être conquis en moins de 10 minutes Et effectivement, il semblerait que l'Italienne soit nettement plus séduisante/séductrice que l'Anglaise jugée beaucoup moins chaleureuse, plus timide à ses débuts. Malgré des performances de tout premier ordre, la façon de les exprimer n'était pas spécialement enthousiasmante. Efficace mais sous contrôle, jolie mais discrète, la MP4-12C n'a pas touché au cœur tout de suite. Chez McLaren, la réactivité n'est pas la moindre des qualités et au sortir d'une petite centaine de kilomètres en MP4-12C Spider, je peux affirmer que l'auto n'est plus tout à fait la même.


Quand Angela Lansbury devient Monica Bellucci


Essai vidéo - McLaren MP4-12C Spider : mais que reste-t-il à la Ferrari 458 Spider ?

D'emblée, elle en impose, bien plus en « live » qu'en photos il est vrai. Le dessin du capot moteur attire vite l'œil, le fait qu'il laisse encore voir le moteur, contrairement à la 458, est appréciable. De plus, la couleur Volcano Red Elite de notre modèle est franchement agréable (option à plus de 4 000 euros quand même !) tout comme l'échappement Sport (5 530 €) qui a oublié ce que discrétion signifiait ! Le râle de la MP4-12C prend l'oreille des passants et leur retourne la tête vers vous en 2 dixièmes de secondes puis dans la seconde suivante, les voilà qu'ils dégainent les smartphones/appareils photos. Pour ce qui est des occupants, si vous vous amusez à pousser les rapports sous un tunnel, toit ouvert, je vous garantis qu'à la première déflagration vous allez sursauter car lorsque vous arrivez proche de la zone rouge à 8 500 tr/mn, la sonorité se mue en un cri assez terrifiant. D'ailleurs, au bout de quelques kilomètres sans toiture, on en arrive à se dire qu'on se passerait bien volontiers de quelques décibels trop présents. Mais comme les premières critiques avaient laissé entendre que l'auto était trop discrète, dire maintenant qu'elle est trop expressive serait malvenu, nous dirons donc que l'Anglaise n'a plus rien à envier aux Italiennes dans le domaine. Et pour tout dire, j'affirmerais même qu'elle en apporte un peu plus puisque lorsque vous basculez les 2 molettes de réglages châssis et moteur sur la position Track, le bruit de la soupape de décharge au lever de pied ou encore celui des turbines à bas régime vous donnent l'impression que vous êtes au volant d'une auto de rallye des années 80/90. Ne manque plus que l'anti-lag/ bang-bang et on s'y croirait réellement.


Il y a aussi un point sur lequel on pourrait s'y croire, c'est sur le plan des accélérations. La MP4-12C Spider est donnée comme le coupé pour 3,1 secondes de 0 à 100 km/h. Pour tout dire le launch-control ne nous a pas paru transcendant car il avait bien du mal à gérer la motricité sur les routes autour de Roquesteron (amateurs du rallye de Monte Carlo, bonjour) au goudron vintage et très humide mais une fois lancée, la catapulte prend sa pleine mesure et vous fait basculer dans une autre dimension. Si un bout de ligne droite vous laisse le temps de baisser le regard vers votre compteur (faites attention, le virage suivant arrive très très vite), vous découvrez soudainement que vous avez basculé au rang de délinquant de la route à un point tel que même les juges n'y croiront pas car tout cela se déroule sur de toutes petites routes étroites de montagne.


L'assommoir (de concurrence)

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Une Lamborghini Gallardo pourtant moins large et plus courte donne la sensation d'être plus corpulente, moins à l'aise tandis que la rondeur de son moteur la rend finalement moins « suffocante » que cet engin diabolique. Le 400 m DA est donné pour 10,6 secondes, le 0 à 200 km/h en 8,8 secondes (avec les pneus Pirelli Corsa) et si je n'irai pas jusqu'à vous certifier qu'elle le fait au dixième près, je peux en tout cas garantir que la prise de vitesse devient physiquement et mentalement très « impliquante ». La MP4-12C vous emmène à un niveau de concentration rarement atteint, probablement parce que votre instinct de conservation vous ordonne de faire gaffe et de regarder où vous mettez les roues et surtout à quelle vitesse vous les mettez. Finalement, c'est l'outil idéal pour empêcher de passer des tweets au volant… Comme le rythme est très soutenu, on apprécie le freinage carbone-céramique indestructible de notre modèle et son anti-blocage parfois utile sur ces routes pourries (à ces vitesses, l'Aérofrein est moins utile que spectaculaire) mais également la prévenance de cette suspension proactive qui gobe tout ce qui se présente. Comme la position de conduite est parfaite et la visibilité vers l'avant plutôt bien dégagée, on maintient le rythme assez facilement jusqu'à découvrir 2 « pot-aux-roses » électroniques qui permettent de rouler aussi vite (oui, le journaliste n'est pas naturellement un Sébastien Loeb en puissance)


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D'une part, il y a le Brake Steer qui aide l'auto à s'inscrire dans les courbes en jouant avec les freins de chaque roue. L'utilité est identique à celle d'un différentiel à vecteur de couple que l'on retrouve désormais sur beaucoup de sportive mais son fonctionnement purement logiciel (un héritage de la F1 d'il y a quelques années) permet d'économiser les 20 kg d'un différentiel avec les mêmes effets. Impossible de vous dire si cela à un effet négatif sur la résistance du système de freinage, d'une part nous avions droit à l'option carbone-céramique (12 070 € !), ensuite l'essai fut bien trop court pour en juger et les vitesses atteintes pas assez élevées (le Spider est donné pour 329 km/h). Même sur ce sol humide et glissant, on sent en tout cas parfaitement bien le nez plonger à la corde lorsqu’on arrive fort dans les courbes. Je pense d'ailleurs que le fonctionnement du système s'aiguise en même temps que l'on change les réglages offerts. Pour rappel, outre un mode Neige, la MP4-12C propose 3 modes : Normal, Sport et Track que ce soit pour le couple moteur/boîte ou châssis/suspensions. Évidemment, les molettes étaient placées sur Track/Track, ce qui a pour conséquence d'allumer au tableau de bord le voyant ESC Off. Un voyant trompeur…


En effet, même si l'auto devient effectivement plus mobile à la remise des gaz (normal vu les conditions) et que votre pied a naturellement quelques difficultés à écraser stupidement l'accélérateur (normal vu les conditions), on se rend doucement compte qu'un filtre électronique tempère encore les possibles excès d'optimisme. En fait, l'ESP est toujours actif et même si sa mise en branle est retardée au maximum, il n'est pas totalement déconnecté. Malheureusement (ou heureusement), mes interlocuteurs McLaren ne m'indiqueront qu'à la fin de l'essai, une fois les clés rendues, que pour totalement désactiver l'ESP, il faut entreprendre une manipulation complexe qu'on avait évidemment omis de nous expliquer au départ ! Bref, pour tenter des passages en drift dans les épingles, il faudra potasser le manuel. C'est peut-être dans ce domaine qu'une Ferrari 458 Spider est considérée comme plus chaleureuse.


Et sinon, le cabriolet, c'est comment ?


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Après tout cela, les plus attentifs des lecteurs me diront : oui, mais bon, c'est un cabriolet que vous essayez, c'est comment ?

Dans l'exercice spécifique du décapotage, la MP4-12C s'en sort très bien avec son toit qui s'escamote en 17s et ce, jusqu'à 30 km/h. Mais il est vrai qu'à vouloir décrire le Spider on se rend compte que l'on décrit avant tout la MP4-12C rigoureusement identique et que le fait d'avoir les cheveux au vent (pas tant que ça, en fait) ne fait que décupler les sensations ressenties. Car la caractéristique la plus intéressante de ce cabriolet c'est évidemment qu'il n'a rien dans son comportement d'un cabriolet. La MP4-12C Spider est un outil de destruction massive de concurrence que vous pouvez bien évidemment promener sur les rives de la Méditerranée entre le Port et le Casino de Monaco où elle est d'ailleurs plus à son aise que bon nombre d'autres supercars rigides et sautillantes mais c'est surtout une fine lame qui dégomme comme du calibre antichar de 20 mm, Ferrari 458 comprise. La fonction cabriolet de la MP4-12C se rapproche plus du concept de monoplace que de celui de « voiture de coiffeur », ce qui pour une McLaren n'est pas totalement idiot. Ni probablement involontaire.


Et d'ailleurs, comme c'est aussi le cas dans une monoplace, c'est s'installer à bord qui est finalement le plus malaisé, surtout si votre taille d'homme normal des années 60/70 (moins d'1,80 m) vous oblige à avancer votre siège. Un siège qu'il faudra prendre le temps de reculer pour pouvoir sortir sans rester coincé entre le volant, le siège et le châssis et sans s'ouvrir le crâne sur le montant de pare-brise heureusement recouvert de caoutchouc. Parce que même si on est parfaitement bien à bord, on a parfois besoin de sortir, ne serait-ce que pour remettre du charbon dans la chaudière plutôt gourmande quand vous forcez (beaucoup) le trait. En un peu plus de 150 kilomètres, le M838T dont la consommation mixte dûment homologuée est affichée à 11,7 l/100 km a quasiment englouti un plein (le réservoir taille 72 l quand même).