Le retour de Stellantis va-t-il redonner des forces au lobby de l'auto en Europe?
L'INFO DU JOUR. Stellantis réintègre les rangs de l'ACEA, le lobby des constructeurs automobiles basé à Bruxelles. Le retour du deuxième constructeur européen donne plus de poids à l'organisme qui milite pour une position plus réaliste vis-à-vis de l'électrification.
Le revirement n’aura pas mis longtemps à s’opérer. Au mois de juin 2022, le groupe Stellantis quittait avec pertes et fracas l’Association des constructeurs automobiles européens, organisme s’apparentant au lobby de l’industrie auto, en raison de l’inefficacité de celui-ci. Le groupe "italo-franco-hollando-américain" cherchait à la place à créer son propre « forum sur la liberté de mouvement », une sorte de think tank regroupant « des représentants de l’industrie, des fournisseurs de mobilité, des universitaires, des politiciens et des scientifiques. » Ce départ de l’ACEA, organisme qu’il avait pourtant présidé jusqu’en 2019, était un moyen pour Carlos Tavares de protester - entre autres - contre la fracture croissante entre les constructeurs allemands et les autres au sein de l’organisme, au détriment de l’efficacité à réagir aux décisions prises par l’europe et qui affectaient directement l’industrie auto. Et comme l’adhésion à l’ACEA coûte cher, le cost killer Tavares n’avait eu aucun état d’âme à couper dans des dépenses qu’il jugeait inutiles.
Mais comme chacun sait, la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. Et s’il avait forcément donné son feu vert à cette rupture à l’époque, Jon Elkann, à la tête de la holding actionnaire majoritaire de Stellantis, a depuis changé d’avis. A peine Carlos Tavares débarqué, Stellantis confirme ce mardi sa réintégration probable au sein de l’ACEA, qui s’en réjouit par la voix de son président Luca de Meo (Renault) : « étant donnée la crise de compétitivité sans précédent que traverse l’Europe et le besoin d’apporter une réponse collective aux défis que pose la transformation verte, il est plus important que jamais d’avancer de façon unie. » Et Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis Europe de recnhérir: « Stellantis est fermement engagé dans la transition vers l'électrification en s’appuyant sur notre technologie multi-énergie. Nous abordons avec rigueur et engagement les défis majeurs auxquels est confrontée l'industrie automobile européenne. L'ACEA représente pour nous la plateforme idéale pour travailler en synergie auprès de nos pairs et des parties prenantes et élaborer une feuille de route commune visant à renforcer l'ensemble de la chaîne de valeur. »
Avec désormais 16 groupes au lieu de 15, le lobby des transports, organisme basé à Bruxelles depuis sa création en 1991, a-t-il davantage de chances de faire valoir ses intérêts ? Difficile d’être affirmatif sur ce point, mais il est important que tous parlent d’une même voix face à la menace grandissante que font peser les constructeurs chinois, lesquels devraient progressivement s’européaniser en installant des sites de production sur le Vieux continent.
Ce revirement peut aussi être interprété comme l’adoption d’une politique moins volontariste de Stellantis vis-à-vis de l’électrique, technologie dans laquelle Carlos Tavares avait résolument engagé son groupe. Le retour du deuxième constructeur européen (en volume) au sein de l’ACEA pourrait finalement conduire les autorités européennes à revoir leur position sur l’électrification du parc automobile. Cela pourrait même se traduire par un assouplissement in extremis des normes CAFE, dont le seuil moyen de 81 g de CO2/km (sur l'ensemble de la gamme) prévu à partir du 1er janvier 2025 est qualifié d'irréaliste par l’ACEA.
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