Les raisons de l'engagement du Team 18
Après la diffusion de la liste des teams permanents du championnat du monde d'endurance, Caradisiac Moto a contacté Yannick Bureau afin qu'il nous en dise plus sur l'engagement du team 18 des sapeurs pompiers dans l'intégralité du championnat.
Après une année 2008 difficile pour le Team 18, voilà que vous êtes sur la liste des teams permanents ?
Oui, nous faisons parti de la liste des 18 teams permanents. Il y avait 20 places mais la FIM n'a trouvé que 18 équipes qui remplissaient les conditions. Nous allons donc être sous contrat FIM pour 2009.
Qu'est-ce que cela implique ?
Cela nous oblige contractuellement à faire toutes les courses de la saison. Nous avons tout de même la possibilité de ne pas aller au Japon. C'était pour nous le gros frein à notre participation au championnat du monde dans son intégralité car le budget nécessaire est colossal. Si nous devions nous retirer en cours de championnat, nous sommes dans l'obligation de trouver un team remplaçant.
Ensuite, il faut avoir un certain support et niveau de communication tel que le stand, les tenues. Et puis la qualité des carénages doit être du standard d'un championnat du monde. Mais pour nous, cela nous paraît tout à fait normal et nous l'avons pour la plupart déjà : panneaux de stand dont nous allons refaire le graphisme cette année, camion que nous possédons déjà, tenues de stand sympas dont la polaire sera aussi revue cette année. Et puis nous sommes en train de développer avec un des leaders mondiaux de la chimie du textile des combinaisons de mécaniciens ignifugées d'un tout nouveau type par rapport à ce que l'on connaît dans les sports mécaniques. Nous les aurons pour les 24 h du Mans et ce sera un produit relativement révolutionnaire. Donc pour nous, ce sont des choses que l'on s'applique à faire depuis 2 ou 3 ans. C'est vraiment l'engagement sur toutes les courses qui changent quelque chose.
Si vous deviez abandonner en cours de saison, que se passerait-il ?
Nous aurions des pénalités sportives et financières. Ce championnat du monde implique la FIM dans des obligations de communication. Donc si un team se retire en cours d'année ou que les listes changent, ça génère du travail supplémentaire et ça change le plan de communication. Je ne cache pas que prendre la décision de participer à toute les courses en début d'année sans possibilité de faire marche arrière, dans une année comme celle-ci avec la crise que l'on connaît et qui frappe le sport mécanique, c'est une prise de risque pour nous.
Qu'est ce qui a fait pencher la balance ?
Nous avons choisi de prendre ce risque car nous avons réuni des partenariats solides, qui sont anciens, qui nous font confiance et qui nous ont aidé à traverser notre crise. On s'est donc dit que, même si certains partenaires ont réduit leur financement cette année du fait de la crise, on continu à porter leur image. C'est une manière pour nous de renvoyer la balle car ils ont été fidèles en 2008 lorsque nous avons connu des problèmes. Il apparaitra donc sur la machine des partenaires qui ont réduit leur participation mais nous sommes dans l'esprit de l'équipe fidélité : c'est le partnership.
Avez-vous pu réunir de nouveaux sponsors ?
Très peu car la crise est là. Ce sont surtout nos partenaires actuels qui ont arrêté beaucoup de choses en sponsoring mais qui continuent avec nous car nous sommes conscients que l'on est un team qui compte en termes de communication grâce au nom que l'on porte. Les entreprises doivent toujours communiquer malgré la crise. Même si tout s'est arrêté pendant un petit moment, il a bien fallu reprendre le travail. On sent que petit à petit, les choses se réamorcent.
Malgré tout ça, on a décidé de prendre le risque parce qu'on s'est dit : c'est l'année. Il y a très peu d'équipe et beaucoup ont préféré se retirer donc on s'est dit « nous, on va y aller car on va jouer de plus de visibilité, et de plus de possibilité de marquer des points dans le championnat par rapport à d'autres équipes qui étaient plus anciennes et plus institutionnelles que nous dans le cercle très fermé des teams permanents. On travaille aussi pour 2010.
Si le team a des obligations, cela doit aussi vous apporter des choses ?
Bien sûr. Déjà, il y a des primes de participation qui sont relativement modestes car nous débutons comme team permanent. Ces primes dépendent de l'ancienneté et des résultats donc avec le temps, on espère accéder à d'autres aides. Et puis la FIM nous inclus dans tout son plan de communication. Pour 2009, ils y travaillent beaucoup. Ils sont en train de signer beaucoup de contrats TV pour diffuser l'intégralité du championnat du monde d'endurance. En France, il n'y a que Orange TV qui a signé mais la diffusion sera effective dans beaucoup de pays. Ce sont les teams permanents qui vont être mis en avant lors des retransmissions. Les médias français vont aussi en parler avec des résumés classiques de course mais les retransmissions pures et dures, les ITW etc, seront axés sur les teams permanents. C'est aussi une des raisons de notre engagement car on compte bien prendre le train dès le départ de la montée en puissance de la couverture média prévu par la FIM.
La difficile saison 2008 a dû aussi semer un peu le doute ?
En 2007, nous étions restés sur notre très belle saison et on avait très envie d'accéder en 2008 au statut de permanent. C'était pour nous un peu l'inconnu et puis au dernier moment, par souci budgétaire, et on a bien fait, on ne s'était pas engagé. Malgré ça, notre crise de 2008 nous a beaucoup appris sur la manière de faire du prévisionnel budgétaire et d'asseoir des bases beaucoup plus solides. Néanmoins, ça n'avait en rien entamé notre volonté à faire évoluer la structure avec toujours le but d'arriver à franchir encore une marche dans notre progression. Pour nous, c'est une évolution logique car en 2007, nous avons vu que nous étions capables de rivaliser dans le top 10. Et au vu des résultats que l'on a eu, nous étions un peu frustrés de ne pas avoir vu ce que ça aurait donné si nous avions marqué des points en Allemagne, au japon etc.
Qui a pris cette difficile décision ?
Le team 18 fonctionne avec différentes strates. Au départ, il y a les pilotes et on sait que leur but, c'est de faire le plus de courses possible. Depuis très longtemps, c'était leur envie. Sauf que les pilotes s'occupent rarement des 2 côtés d'un team. Soit tu pilotes, soit tu manages une équipe. Mais nous derrière, il y avait des obligations budgétaires.
Dans la strate suivante, il y a des cadres forts. Il y a Olivier et moi, les membres du bureau de notre association et 2 ou 3 personnes qui sont là depuis longtemps, des sages en quelque sorte, qui permettent de tempérer les passions surtout lorsque l'on s'engage sur des choses qui ne sont pas sans conséquence. En novembre décembre, suite à la recherche de partenaires par Olivier et moi, nous avons exposé un budget prévisionnel. Ce noyau dur a ensuite débattu de la fourchette budgétaire recette sur laquelle nous pouvions compter. Ensuite notre trésorière a réalisé un budget prévisionnel dépense pour savoir combien couterait un mondial complet. On a mis cela face à face et on a décidé de passer à l'étape suivante.
Celle-ci a été de proposer à l'ensemble des membres de l'association de prendre la décision de manière démocratique lors d'une assemblée générale. La décision de cet engagement a été voté le 17 janvier dernier ce qui nous a permis de répondre favorablement à la FIM.
Quel est le budget total pour une saison complète ?
Lorsque l'on met bout à bout toutes les dépenses, et or Japon, pour une structure comme la nôtre avec ses dépenses de fonctionnement pour vivre tous les jours, (assurance, recours juridique, comptable), il faut compter 200.000 €. Si on veut aller au Japon, il faut ajouter entre 30.000 et 50.000 €. C'est pour cela que c'était un gros frein. C'est un budget important mais le team 18 choisit de payer le billet d'avion à tout le monde car on ne veut pas que les gens mettent de leur poche, c'est notre choix.
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération