Après en avoir fait le tour, il est maintenant temps de se glisser à l’intérieur du cabriolet et de mettre à feu ce fleuron de l’industrie automobile allemande. Pendant que la mécanique chauffe doucement en émettant un gargouillis grave très sympathique, il ne suffit que de quelques minutes pour faire le tour des équipements et fonctionnalités les plus intéressants : la commande pour décapoter, les sièges très enveloppants qui se chargent de contenir amoureusement le moindre de vos bourrelets, le petit volant aplati dans sa partie inférieure dont le diamètre de la jante paraît idéal et qui intègre entre autres un petit bouton d’apparence anodine frappé d’un S. Une fois que votre doigt courageux l’aura pressé, vous bénéficierez d’un meilleur temps de réponse à l’accélérateur, d’une sonorité à l’échappement encore plus sportive mais aussi un gonflement des joues latérales du siège baquet pour mieux vous maintenir… ou peut-être pour vous empêcher de vous enfuir. Les places arrière sont à réserver au plus à de grands enfants, tant l’espace au niveau des jambes est compté. Laissez-les plutôt à votre belle-mère (les enfants, pas les places arrières), ce qui vous permettra d’installer le filet anti-remous très efficace, même à des vitesses inavouables.
Un moteur pour mélomanes
Dès les premiers tours de roue dans les environs de Rome où nous avons réalisé l’essai sous un soleil de plomb, le V8 4.2l FSI ne cache rien de son potentiel : le couple, malgré une valeur maximale haut perchée de 490 Nm à 5500 tr/min, est déjà très présent à bas régimes. Jusqu’à 5000 tr/min, par son bruit sourd enivrant ne rencontrant aucun obstacle entre sa sortie de l’échappement et vos oreilles et par la vigueur de ses accélérations, l’Audi RS4 cabriolet est une machine à remonter le temps, mettant son conducteur dans la peau du Baron Rouge aux commandes de son Fokker Dr.1 sur la piste de décollage. Mais une fois que l’huile a atteint une température permettant de découvrir le reste du compte-tours, vous avez plutôt l’impression de chevaucher une de ses bombes fraîchement larguées.
En effet, à des régimes où la majorité des V8 feraient des salades de pistons parfum soupapes, celui de la RS4 commence à s’éclaircir la voix avec enthousiasme, se jetant littéralement sur la zone rouge de son compte-tours et explosant sur le limiteur situé à 8250 tr/min. Délivrant 420 ch dès 7800 tr/min, ce prodigieux moteur nous gratifie aussi au lever de pied droit de borborygmes sous forme de détonations très sourdes dans la ligne d’échappement : c’est un vrai régal s’associant à merveille avec le léger sifflement continu de la transmission, à tel point qu’on en vient à chasser les tunnels.
Si la boîte à 6 rapports est d’une grande précision, elle souffre cependant de la proximité d’un moteur aussi fabuleux en n’offrant pas un verrouillage des rapports plus ferme encore, dans l’esprit des boîtes à commande par tringlerie dont certaines donnaient l’impression à son conducteur de plonger lui-même sa main dans les pignons pour changer les vitesses. C’est ça de côtoyer l’excellence, être bon ne suffit plus.
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